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  • VINEXPO SE PENCHE SUR SON AVENIR

    par Daniel J. Berger | Mai 25, 2019

    Le dernier salon Vinexpo, rendez-vous mondial du vin dont la 20ème édition s’est tenue du 13 au 16 mai dernier à Bordeaux, a laissé son public dans la perplexité : des changements importants sont en cours, ce salon incontournable ne le sera peut-être plus, en tout cas pas de la même façon.

    Pourquoi vous parler de ce salon d’exposition mythique apparemment sur le déclin ? Parce qu’une journée passée à Vinexpo en vaut cent dans les vignobles à travers la planète. Le visiter est une expérience unique. J’y ai filmé des heures et des heures d’interviews, qui seront peut-être un jour diffusées. J’y ai vécu des jours et des jours à rencontrer des professionnels; à participer à des dégustations extraordinaires comme cette année avec Marc Almert, meilleur sommelier du monde 2019; à me perdre dans les travées-rues de cette ville éphémère et qu’on ne reconnaît plus d’une fois à l’autre, exténué mais heureux. Voilà pourquoi.

     

     

     

    À gauche, Marc Almert, allemand, 27 ans, meilleur sommelier du monde 2019.
    À droite, Olivier Poussier, français, 55 ans, meilleur sommelier du monde 2000 (à 36 ans).

     

     

     

    Le temps est passé où le palais des expositions était relié au palais des congrès par une longue passerelle suspendue au-dessus du lac, et où une noria d’hélicoptères transportant des acheteurs et négociants d’une cinquantaine de pays allaient et venaient au-dessus des trois bâtiments gigantesques, desservis par des navettes de minute en minute et bordés de restaurants bondés. C’était ici, à Bordeaux-Lac, pendant quasiment une semaine, une véritable ville de 40 000 habitants, une ville de rêve où l’on pouvait rencontrer Indiens, Chinois, Australiens, Néo-Zélandais, nord et sud Américains, Européens de toutes nations (Europe Œnologie Les Verres *), et faire connaissance avec leurs innombrables vins pour un dépaysement garanti.

    * formule imaginée par lesgerards.com

    Un rêve de ville cosmopolite dont les habitants les plus représentatifs se retrouvaient à des dîners somptueux aux châteaux Haut Brion, Mouton Rothschild, Lafite ou, comme cette année Yquem, où le Conseil des Grands Crus Classés avait convié 400 invités dont Jamie McCourt ambassadrice des États-Unis, Bernard Arnaud (LVMH, propriétaire d’Yquem et de Cheval Blanc), Martin Bouygues (de Château Montrose), Eric de Rothschild (de Château Lafite), Frédéric Rouzaud (PDG de Roederer), Xavier Niel (PDG de Free), Thierry Breton ancien ministre de l’économie, Nicolas Florian nouveau maire de Bordeaux, Philippe Starck, Maximilian Riedel (les verres), ou encore Christophe Navarre (président du conseil de surveillance de Vinexpo), etc., etc.

    Les choses doivent évoluer. Depuis les trois dernières éditions, la baisse du nombre d’exposants (à peine 1 600 cette année) et de la fréquentation depuis les trois dernières éditions a contraint les organisateurs à un changement profond de modèle. Même si les volumes d’affaires sont restés soutenus nous dit-on, on compte en moyenne 20 à 30% d’exposants et de visiteurs en moins lors des dernières éditions, qui ont lieu une année sur deux.
    Mais, simultanément à ces baisses de fréquentation, Vinexpo est devenu un groupe international et une marque qui se décline sur trois continents, en Asie à Hong-Kong, à Tokyo et bientôt à Shanghai, aux États Unis à New York, et en Europe à Bordeaux et très bientôt à Paris. Pour devenir « le leader mondial des organisateurs de salons des vins et spiritueux » annonce Rodolphe Lameyse (droite), nouveau directeur général de 46 ans arrivé il y a un mois : « Vinexpo ne disparaît pas, il se démultiplie. »

    Vinexpo en mutation à Bordeaux…
    À partir de la prochaine édition en 2021, le salon va se devenir annuel en conservant des surfaces d’exposition importantes mais sans doute plus qualitatives, en offrant du « off », des conférences et symposia internationaux, des dégustations grand public telles les WOW! (World of Organic Wines, ci-dessous) très fréquentées, et des soirées select dans les châteaux. Et il se calera à l’époque des Primeurs en avril, moment traditionnellement réservé aux dégustateurs professionnels et aux acheteurs (4 000 cette année), pour devenir un vrai marché, une Semaine Mondiale du Vin — accord encore à trouver avec l’UGCB, l’Union des Grands Crus de Bordeaux et pour l’appellation, et avec la CCI de Bordeaux, propriétaire de l’appellation, comme celle de Vinexpo dont elle a été fondatrice en 1981 et aujourd’hui principale actionnaire.
    Vinexpo opère donc une vraie mutation, passant d’organisateur de salon d’exposition à offreur international de contenus experts, dans un cadre régional d’œnotourisme. Cette stratégie de conquête est directement tournée contre le salon Prowein de Düsseldorf qui a réussi tranquillement à siphonner les clients de Vinexpo année après année.

    … débarque à Paris
    L’idée de s’installer à Paris a mis du temps à faire son chemin, se laissant souffler la priorité par le groupe Wine Paris, fusion récente des salons Vinisud et Vinovision, avec lequel Vinexpo vient de sceller une alliance. Grandes manœuvres : Wine Paris et Vinexpo vont tenir salon commun du 10 au 12 février 2020 prochain Porte de Versailles : « cette initiative collective est attendue par la filière vin et spiritueux » assure Rodolphe Lameyse. C’est aussi une manière de « bordurer » la concurrence « en lui adressant un signal fort, la création du premier grand rendez-vous à Paris des professionnels du vin du monde, confortant le savoir-faire incontestable de la France en matière de culture viticole et renforçant son rayonnement à l’international. » Cocorico, qu’on se le dise !

    Ouverture sur les États Unis
    Les USA sont le premier marché mondial de consommation. Vinexpo veut y être et s’y développer avec des offres exclusives comme One to Wine Meetings, service gratuit de rendez-vous commerciaux programmés avec des visiteurs qualifiés, ou WOW!, espaces d’exposition et de dégustation dédiés exclusivement aux vins bio et biodynamiques, qui ont eu un bon succès à Bordeaux.

    La 2ème édition de Vinexpo a eu lieu à Manhattan en mars, accueillant l’Argentine, l’Autriche, la France, l’Allemagne, la Grèce et l’Italie ainsi que le Portugal, la Russie, l’Afrique du Sud, l’Espagne et les USA, et pour la 1ère fois, la Chine, la Roumanie et la Serbie.

    Explorateur intercontinental
    On aura compris que Vinexpo veut cesser d’apparaître comme un rentier bordelais, même en en cure d’amaigrissement, mais bien plutôt comme un explorateur intercontinental. Le groupe a créé Vinexpo Explorer, événement itinérant dont la dernière édition s’est tenue à Sonoma en Californie. La prochaine sera en Beaujolais fin septembre.
    Quant à l’Asie, Vinexpo Tokyo se tiendra au 2ème trimestre 2019 et Vinexpo Shanghai, allié au géant chinois Alibaba, en octobre de cette année.

    Alors mesdames, on y croit ?

     

     

     

     

     

     

    Crédits photo Philippe Labeguerie, Jean-Bernard Nadeau
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  • ANDRÉ LURTON ET SES FILS

    par mtvadmin | Mai 21, 2019

    En 2004, la journaliste Mathilde Hulot avait réuni André Lurton et ses fils Jacques et François pour une interview spontanée. Montage d’extraits.

    MATHILDE HULOT | Septembre 2004

    André Lurton, propriétaire de plus de 600 ha à Pessac-Léognan et dans l’Entre-deux-Mers, nous reçoit à Château La Louvière, en compagnie de ses deux fils, Jacques et François. Il va avoir 80 ans le mois prochain.
    Il a passé sa vie à se battre pour donner ses lettres de noblesse à l’appellation Pessac-Léognan, à défendre le vignoble contre l’invasion du béton pavillonnaire, à retrousser ses manches pour développer ses exploitations, et sauvegarder le patrimoine viticole et architectural de la région.
    Jacques et François ont fait leurs classes à l’international, puis ont créé en 1988 une société commune. Jacques vinifie des vins à travers le monde, de l’Argentine au Languedoc en passant par l’Espagne, François les commercialise.
    Rencontre de deux générations qui se chevauchent, reflet d’un monde viticole qui a entièrement changé en l’espace d’un demi-siècle.

    André Lurton au chai de son château La Louvière

    L’héritage 
    Jacques Lurton — On reçoit toujours de son père ou de sa mère. Notre métier, nous l’avons appris de Papa, cela va de soi. Puis, nous avons à notre tour apporté nos expériences à l’entreprise familiale. François et moi sommes un assemblage de l’héritage reçu.
    François Lurton — On s’est fait la main. J’ai fait le tour de la Méditerranée, traversé le Sahara, avec une Land Rover. Hein Papa, tu pensais t’être débarrassé de moi ? Je suis revenu, avec la bagnole, je l’ai même bricolée pour la revendre ! Papa nous a appris trois choses essentielles : être économe, savoir bricoler avec le moindre tuyau, gérer les coûts. Et nous avons appris à Papa à se lâcher et à dépenser, lui qui avait toujours géré sa viticulture au plus près de ses coûts selon le principe « faire de l’argent avec du vin et non faire du vin avec de l’argent. »
    André Lurton — Oui, se lâcher… J’ai travaillé à crédit, avec les banques. L’argent n’était pas trop cher à l’époque, ce qui facilitait les investissements et la création de milliers de choses. Je suis un autodidacte, j’ai appris sur le tas. Je vous ai poussés dehors, à coups de bâton, à un âge où d’autres sont dorlotés par leur mère (moi, j’ai perdu ma mère quand j’avais 9 ans). Vous vous êtes bien débrouillés et venus travailler chez moi. Mais j’étais impossible comme patron, vous vouliez vous émanciper et monter votre affaire. J’ai eu peur à l’époque de devoir combler vos déficits. Aujourd’hui, je ne suis plus inquiet, je suis fier, vous m’avez apporté des choses intéressantes…
    Jacques — Maintenant c’est nous qui sommes inquiets pour toi, Papa.
    André — Oh, on a 100 000 hectolitres de stock, oui… Avant, nos vins partaient trop vite. La mévente nous rend service, on va retrouver quelques marchés qui nous restaient à conquérir.
    (Nous goûtons un Château Bonnet 1998 du père, et un Château des Erles 2002 des fils, un Fitou né dans le Languedoc).
    André — Pas mal…
    (Puis un malbec 2002 du Domaine de Chacayes, dans la Vallée de Uco en Argentine produit par l’entreprise Jacques et François Lurton).
    François — Le chacayes, c’est un épineux qui ressemble à l’acacia. Ce domaine-là fait 200 hectares.
    André — Quand vous avez trouvé la terre, vous m’avez demandé de venir voir. J’ai été bluffé. Il y avait des cailloux gros comme la table, d’autres petits comme des miettes de pain. Je vous ai dit : « si vous enterrez les pierres, ce sera formidable. » Vous les avez cassées, les avez ramassées à la pelleteuse et à la main, et fait des murets. Puis vous avez construit une bodega fonctionnelle, sans chiqué.

    De gauche à droite François, André et Jacques Lurton

    Les grands investisseurs achètent à Bordeaux
    André — Ils sont venus pour se donner une image d’aristocrates, ils nous prennent pour des péquenots. Moi, je suis né dans les vignes, j’ai souffert. J’ai démarré en 1956. À cause du gel, je suis parti de zéro. J’ai dû planter du maïs et de la luzerne, bidouiller une machine à sécher le fourrage. Des nuits sans dormir.
    Jacques — Nous aussi avons souffert, mais on respecte nos voisins.
    François — On ne peut pas dire qu’ils ne drainent pas du monde dans la région.
    André — La création de l’AOC leur a fait bénéficier d’une auréole extraordinaire, pendant que d’autres ne pensaient que « Graves », mais les Graves, c’est un tombeau…
    François — Ces gens qui arrivent avec du fric, c’est pire que les subventions. Ils créent une compétition dure à vivre pour les vignerons qui se décarcassent. Le petit viticulteur prend un risque considérable, mais le grand industriel, lui, quel risque prend-il ?
    Jacques — Papa a exploré la région qui était déconsidérée. Il a été un avant-gardiste. C’était un pari difficile, il s’est endetté, a pris son risque au plan local. Nous avons fait pareil à l’échelle mondiale.
    François — Nous en sommes encore au stade de la construction. On n’avait rien quand on a démarré. On a tout créé, d’abord les chais de vinification, puis les vignobles. On a commencé en Argentine, ce n’était pas cher. On vend près du double de Papa, soit 12 millions de bouteilles par an. 150 personnes travaillent pour nous, des commerciaux et du personnel sur les propriétés. Il nous reste à rationaliser le tout, à équilibrer les budgets pour arriver au produit fini comme ici, chez Papa. Ce dont on est fier, c’est de l’avoir fait en si peu de temps. Nous vinifions tout ce que nous vendons. Et les raisins sont de plus en plus issus de nos vignes.
    Jacques — Une des oppositions qui existent entre l’Ancien et le Nouveau Monde, c’est l’achat de raisin. Dans le Nouveau Monde ce n’est pas du tout dévalorisant.
    André — Moi, je n’ai jamais pu acheter de raisins…
    François — Papa a toujours pensé qu’on était des négociants, mais notre but était d’être vignerons. Le raisin, on le surveille. À Bordeaux, quand on achète du raisin, on est forcément « négociant » : nous essayons de changer la donne.

    La surproduction mondiale
    André — « À Opus One, quand il gèle, vous faites quoi ? » j’ai demandé un jour à Mondavi. « On a bien assez de raisins » m’a-t-il répondu. C’est là le problème, on ne peut pas gérer une viticulture avec un excédent comme ça.
    François — Il n’y a pas de rapport entre celui qui fait le vin et celui qui le produit. Le vin n’est pas marketé par ceux qui le produisent. On m’a demandé de diriger un groupe de réflexion pour rendre les viticulteurs responsables, tout simplement leur apprendre à vendre leurs produits. Nous le faisons dans notre entreprise Jacques et François Lurton, le contrôle entre chaque service permet à nos employés d’être conscients que l’activité ne s’arrête pas à leur tâche : ceux qui font la mise en bouteille transmettent le vin à l’entrepôt, etc., etc.
    Jacques — Il y a quelques années, les viticulteurs d’ici me disaient : « C’est toi qui nous tues, en allant faire du vin ailleurs. » Quand on va à l’étranger, on apprend aux gens à faire du vin, en France non.
    François — Les Anglo-Saxons viennent à leur tour chez nous : il y a un assemblage formidable qui sort de toutes ces interactions. Quand les Français disent : « On est en difficulté à cause du Nouveau Monde », ça fait les choux gras de la presse. Et les Anglo-Saxons disent : « On les a baisés. »
    Jacques — Le problème, c’est que les grandes découvertes françaises sont mises en pratique beaucoup plus rapidement à l’étranger qu’en France. Dans le Nouveau Monde, si ça ne marche pas, ils font, défont, refont. Nous n’avons pas cette capacité de réaction.

    Jacques et François Lurton, une démarche d’entreprise
    François — Pour être rentable, il a fallu faire des vins bon marché dans un premier temps. Notre chiffre d’affaires augmente, nous faisons de plus en plus de vins chers. Maintenant, nos vignes nous permettent de nous recentrer à nouveau. On investit dans la qualité, cela va amener à une augmentation du prix du vin. Nous adaptons nos vins à la vente, c’est ce qui fait le succès du Nouveau Monde. Ici, chez Papa, c’est l’inverse. Lorsqu’on a fait notre premier vin, Belonda de Lurton, en Rueda (Espagne), on n’avait pas encore d’organisation. Le vin était bon, mais dur à vendre. Aujourd’hui, nous avons la crédibilité en plus. Mais tout le monde fait du bon vin, et pour en faire un grand qui se distingue, il faut un vrai battage médiatique pour convaincre. Je me souviens, lorsque je prospectais pour Papa, le bordeaux tel qu’il le faisait était un produit novateur. Les portes s’ouvraient facilement. Papa pensait : « Mieux vaut faire deux fûts plutôt qu’un. » Depuis quatre ans, les acheteurs réagissent avec un « Encore ! » quand on leur propose un bordeaux. Papa s’est aperçu qu’il vaut mieux produire ce qu’on peut vendre.
    Jacques — Sans marketing aujourd’hui, personne ne vend son vin. Tous les ans, il faut en remettre une couche. Impossible de souffler. Le Nouveau Monde a compris qu’il fallait un énorme réseau de distribution, des équipes de vente pérennes. Les Français, pendant ce temps, faisaient leur vin et un agent le vendait. Papa n’a toujours pas un seul permanent aux États Unis.

    Désalcoolisation, bouchon à vis
    André — Désalcooliser ? Alors, mieux vaut boire autre chose !
    Jacques — Pourquoi ne pas en enlever, on ajoute bien du sucre ?
    François — Pour arriver à un vin à 12 °.
    André — L’osmose inverse, c’est une connerie de l’interdire.
    François — Mais on évolue vers une production naturelle de la vigne, vers de la pureté. Pourquoi telle technologie plus qu’une autre ? L’osmose, on en reparlera dans dix ans.
    Jacques — Sur le bouchage à vis, les opinions divergent : 50 % pour, 50 % contre. La vis ne remet pas en question le bouchon de liège, simplement il n’aura plus le monopole. François a convaincu Papa qui a eu l’intelligence de sauter dessus. Notre objectif est d’avoir 100 % des blancs bouchés à vis dans les deux ans. La macération pelliculaire, au début, il ne voulait pas en entendre parler. Comme les fermentations en barrique, développées avec Denis Dubourdieu.
    François — On s’est battu pour faire passer Château Bonnet en bouteille lourde pour dix cents de plus.
    Jacques — Papa est plus un producteur qu’un vendeur.

    Crise du vin français
    Jacques — La crise est due au fait qu’on n’a pas du tout promu nos vins.
    François — En Espagne, les gens sont fiers de leurs vins. Là-bas, on crée des parcs nationaux pour les vignobles. Ici, c’est la chasse aux sorcières, on tire sur la poule aux œufs d’or. En Asie, ça sème le doute, je me suis entendu dire : « Eh, pourquoi vous ne buvez pas plus vos vins ? »
    André — Le vin doit évoluer sans perdre son âme, mais si on le vinifiait comme il y a un siècle, personne ne le boirait plus.
    François — Le mode de vie a changé aussi, il n’y a plus de cave comme autrefois, les gens étaient plus sédentaires.
    Jacques — Le vin suit l’évolution des technologies, comme la photographie, la médecine, il a pris la route de la technologie, mais en même temps on s’approche au plus près de la vigne…

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  • ANDRÉ LURTON : UN EMPEREUR DISPARAÎT

    par mtvadmin | Mai 21, 2019

    Newsletter BETTANE+DESSEAUVE 21.5.19

    Un grand personnage de Bordeaux vient de quitter notre monde : André Lurton, propriétaire des châteaux bordelais Couhins-Lurton, La Louvière, Bonnet, Cruzeau, Rochemorin, Barbe-Blanche, Coucheroy, Guibon, Quantin, nous a quittés à l’âge de 94 ans.

    Cet empereur des vignes qui totalisait dans son portefeuille de crus 630 hectares, dont plus du tiers dans la seule appellation Pessac-Léognan était depuis les années 50 celui qui avait fait de son nom de famille, Lurton, une incontournable signature du vin de Bordeaux.

     

    C’était son grand-père, Léonce Recapet qui, en s’installant au Château Bonnet, au cœur de l’Entre-deux-mers, lui avait transmis cette passion dévorante pour la vigne. Il n’a pas été le seul de cette dynastie à devenir vigneron : son frère Lucien a transmis à ses dix enfants un patrimoine non moins conséquent de crus prestigieux. Avec son autre frère Dominique, père de Pierre Lurton, aujourd’hui président de Château Yquem et de Château Cheval Blanc, il a mené longtemps une propriété en commun, Clos-Fourtet, où Pierre a fait ses premières armes. André Lurton a eu sept enfants dont quatre sont devenus vignerons.

    Dès les années cinquante, lorsqu’il reprend la propriété familiale de Château Bonnet, André Lurton s’engage tout entier dans les combats d’un monde viticole d’abord à reconstruire, puis à moderniser, enfin à raffiner. Formé par le syndicalisme agricole et l’engagement citoyen — il accumule les fonctions à la Chambre d’Agriculture, dans de nombreux syndicats viticoles dont ceux de l’Entre-deux-Mers et de Pessac-Léognan, et celle de maire de sa commune natale de Grézillac –, il n’avait pourtant rien du notable bourgeois. L’homme était né combattant et il allait construire l’ensemble de sa longue vie comme un combattant. D’abord pour créer cette immense entreprise, à partir de presque rien, Château Bonnet, dont il avait hérité en 1953 et presque entièrement détruit par le gel trois ans plus tard.


    La Louvière (avant et après restauration par ses soins)

    et Couhins-Lurton, deux splendides crus, ont couronné l’œuvre de ce bâtisseur. Ensuite en ne cessant, avec une volonté de fer, de tracer la route des appellations d’origine contrôlée, lui qui savait bien la fragilité du travail des vignerons. Après l’Entre-deux-mers, qu’il contribua à permettre d’affronter les bouleversements du marché des vins de Bordeaux dans le dernier tiers du XXème siècle, sa bataille homérique a été la reconnaissance de l’appellation Pessac-Léognan, séparée définitivement des graves en 1987. Il présidera le syndicat de l’appellation jusqu’en 2005.

    Si quatre de ses sept enfants sont devenus vignerons, un seul, Christine Bazin de Caix, travaille aujourd’hui dans l’entreprise familiale. Jacques, raffiné winemaker, et François, bouillant vigneron-entrepreneur, ont mené à leur tour une aventure viticole respective.

    À ses enfants et à toute sa famille, aux équipes des vignobles André Lurton, nous nous joignons à l’équipe de Bettane+Desseauve tout entière pour présenter nos sincères condoléances.

     

    À SUIVRE : UNE INTERVIEW DU PÈRE ET DE SES FILS JACQUES ET FRANÇOIS

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  • DO WE ENJOY BEING WINE SNOBS?

    par mtvadmin | Mai 20, 2019

    By Oliver Styles | THE WINE SEARCHER | Posted Tuesday 05-03-2019

    It never really seems to go away, does it?  France continues to debate whether or not wine is simply a form of alcohol or a cultural beverage. 

    Agnès Buzyn, the strident Minister of Health, recently said the molecule of alcohol in wine was the same as that in any other alcoholic beverage. 

    The Minister of Agriculture Didier Guillaume riposted saying: « I don’t drink molecules, I drink glasses.« 

    Most wine commentators and industry insiders tend to argue that wine is indeed a cultural product – if not outside of the remit of anti-alcohol legislation, then deserving of certain special character exemptions.  Wine has, of course, been around for centuries and in many parts of the (generally European) world it is woven into the historical, agricultural and social fabric of the regions it is produced and consumed in.  It is not, we might argue, simply a means to get wasted, more a cerebral and pleasurable accompaniment to our oldest ritual: eating.

    But if we accept this – and, let’s face it, while we get Agnès Buzyn’s point, we agree that wine can give pleasure beyond getting a bit tipsy – then we should probably accept that wine is inextricably woven into the one thing many of our commentators try their best to distance wine from: snobbery.  In siding with Didier Guillaume, we are saying that our beverage is outside the remit of others, special, apart.  I’m not drinking alcohol as you know it, I’m having a glass of wine.

    Is there anything more snobbish than this?  My wine – and remember, this is any wine – is special,  it’s cultural.  It’s not some pagan concoction of water and barley, or a boffin’s vapor tube over a bubbling bowl. No, we are apart; wine is holy.  It doesn’t matter if it’s Yellow Tail or Yquem, Turning Leaf or Troplong-Mondot, Apothic or a Pauillac.

    Now, one can posit that this is not correct, that wine – like any alcoholic beverage – resembles little of the artisanal, cultural product it might have been when it is produced in the millions-of-bottles.  Beer, spirits, mead, and so on, are all, originally cultural products.  We can say that, actually, there is a greater distinction between the mass-produced and the work of the craftsman; the Heineken and the craft beer; the Jack Daniel’s and the Woodford Reserve; the PG Tips and the First Flush Darjeeling.

    But let’s not.  Let’s agree with Didier Guillaume for a moment and say that all wine is indeed a cultural product and, by association, the most exalted of drinks.  Wine drinkers therefore are, if not actually snobs, then wannabe snobs.  Wine is the vehicle for and to our snobbery.  It might even be unconscious.  My father once told me how his uncle tried to point out that there was no such thing as a socialist.  « Sure, they all belong to the Labour party, » he said.

    « But they all play the football pools [the equivalent of lotto], hoping to become individually rich. »  And maybe this is, subconsciously, what we do when we open a bottle of wine.  Maybe this is why there is still a screwcap debate: we’re actually all, deep down, a bit snobby about corks.  Maybe this is why rich people can’t just drink wine, they have to collect it or own very rare bottles (because everyone else engaged in wine is already snobbish enough)?  Maybe we secretly like our non-wine friends’ trepidation and raised eyebrows when we turn up with a bottle of Brouilly?  Is this actually us?

    Perhaps those of us who have been constantly telling people that wine can be accessible and free of snobbery have been doing it all wrong.  Maybe neophites want the snobbery, the cultural heft of the product that no other drink can provide.  Is snobbery the unwritten rule of wine?  Wine people on social media have been having a bit of a giggle lately at a new release called JNSQ (Je Ne Sais Quoi – truly,  I don’t know either), a non-vintage Californian Rosé and Sauvignon Blanc in what looks like a repurposed perfume bottle.  It’s purportedly aimed at Millennials.

    Just read the brand story: « There is a lovely French colloquialism used to describesomeone so unique and exceptional that no words exist to sufficiently capture her essence.  ‘She’s got a certain je ne sais quoi,’ one might say, in the hopes it explains that extraordinary ability someone has to rise above all the rest. »

    How does that sound?  We might laugh at this, and at Jay-Z’s Ace of Spades, but we’re only laughing at ourselves – remember, this is a universally cultural product.  I mean, it used to be that if you were nouveau riche and wanted to get in on the « old money » circuit (the kind of people who don’t have to buy their own furniture), you took up polo.  You hob-nobbed with royalty and extended royalty and got invites to private views at galleries in Mayfair.  The equivalent now is turning up for dinner with a bottle of plonk.

    A recent piece by Richard Hemming MW entitled, inter alia, Keeping faith with wine looked at the attempts to debunk the world of wine, including Malcolm Gluck’s line that it’s « a world that still deliberately surrounds itself in impenetrable, pretentious and often plain misleading wine-speak, churned out by snobby writers … who delight in the obscure and shadowy, the indistinct and imprecise. »  Hemming ties this into notions of faith, that wine’s inscrutability demands a certain level of faith, and that we don’t like having Gluck hammer his thesis to the cellar door, questioning this faith in wine.

    But what if the problem wasn’t our quasi-religious belief in the transcendental nature of the experience of wine but actually that we wanted simply to transcend class, that we wanted to be snobs and that wine was the vehicle?  What Gluck was complaining about (esotericism, pretentiousness, snobbery) isn’t just the fault of the wine industry, but the wine drinkers.  Perhaps this is why Gluck’s apostasy failed to make significant waves: either the consumers didn’t want to know or – and this is more to the point – Gluck’s picture of the wine world was what they wanted.

    I used the word holy above.  Like Hemming, I too was brought up in the Church of England (Catholic-lite, if you ask my staunchly Protestant grandmother) and we used to get told that to be holy was to be apart, to be special (and somewhat sanctimonious).  And maybe, in saying that wine is a cultural product, we are affirming our desire to make wine special and apart and, at the same time, showing just how snobby our domain really is.  Maybe we wine populists (for want of a better word) have been doing it wrong all this time?  Let us, in fact, let them eat cake.

    How Wine Snobs Act

     

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  • LES CÉPAGES RÉSISTANTS ARRIVENT

    par mtvadmin | Mai 4, 2019

    Nous relayons un article récent de l’éminent journaliste suisse PIERRE THOMAS sur l’avancée des viticulteurs de son pays en matière de cépages résistants, notamment au réchauffement climatique.
    Et deux clips de témoignage de viticulteurs bordelais qui, eux, en sont encore au stade préparatoire, tendant à prouver, différemment de ce qu’affirme notre confrère suisse, que la question est largement prise au sérieux et avec méthode en France aussi.

    PIERRE THOMAS
    Ce pourrait être LA révolution de la viticulture. Planter des cépages résistants en évitant tout traitement phytosanitaire dans le vignoble.

    Une utopie ?

    Avec le Divico et le Divona, la Suisse a une longueur d’avance, comme l’a montré la troisième Fête du Divico à Bramois, près de Sion, début avril.

    « On était 12 autour de 10 vins, il y a trois ans. Aujourd’hui, on est 60 à déguster 50 vins ! », s’est enthousiasmé Johannes Rösti, nouveau chef de la viticulture du canton de Neuchâtel et, comme son alter ego vaudois Olivier Viret, transfuge d’Agroscope, l’équivalent en Suisse de l’INRA.

    Pour Viret « la machine est en route, la tendance est donnée, il n’y a plus de doute, on va vers une viticulture plus écologique. » Avec non seulement un effet d’image positif bien dans l’air du temps (réchauffé !), et aussi une facilitation du travail du vigneron. Car pour ces cépages dits résistants c’est zéro traitement : voilà qui évacue la question du bio ou pas bio, du moins à la vigne !

    Au Domaine Diroso Kellerei en Valais

    L’enjeu majeur : la qualité du vin !
    Reste, comme le dit avec modestie le chercheur Jean-Laurent Spring, qui a obtenu l’attribution des deux cépages résistants sortis d’Agroscope, Divico (rouge) et Divona (blanc), que « seule la qualité du produit nous importe. »

    Divico et Divona ont le même père et la même mère : croisés naturellement à la vigne, ils sont issus du Gamaret et du Bronner. Le Gamaret est lui même déjà issu du Gamay et du Reichensteiner. C’est donc, comme le dit joliment le producteur vaudois Blaise Duboux, « la mise au pluriel du genre Vitis Vinifera. »

    Sur les 50 vins dégustés, une dizaine possédaient des caractéristiques de vins « aboutis » et non plus seulement à l’essai. Certains des meilleurs vignerons s’y sont mis, comme les Vaudois Duboux, Dugon et Graff, ou les Valaisans Joris et Gillioz-Praz. Les uns choisissent la cuve, pour des vins fruités et frais, d’autres, un élevage en barrique, que le Divico rouge paraît bien supporter. Quant au Divona blanc, le riche millésime 2018 lui a donné l’occasion d’exprimer un caractère de pamplemousse étonnant, comme le Bastian 2018 de l’Etat de Genève, déjà bien maîtrisé dans son élevage en fût en 2017.

    La recette du meilleur vin n’est pas connue
    Comme le dit Johannes Rösti, « pour un nouveau cépage, il faut que la mayonnaise prenne ». Autorisé depuis 2013, le Divico est déjà cultivé sur 40 ha, dont 13 sur Genève et 10 sur Vaud. Le Divona n’est encouragé que depuis 2018 et reste confidentiel.

    Sur l’un comme sur l’autre, seule l’expérience permettra de connaître la maturité idéale du raisin, la nécessité de la surmaturation (que certains ont privilégiée, comme sur tout cépage méconnu), puis de l’extraction en cave, plus ou moins longue, de l’élevage sous bois, en grands fûts ou en barriques… Autant de possibilités à explorer par tâtonnements, les micro-vinifications des obtenteurs de Changins ne donnant, par définition, pas toutes les réponses.

    Divona (à gauche) et Distico sont dans un bateau…

     

     

     

     

     

     

     

     

    Coopération avec l’INRA de Colmar
    Le champ des « nouveaux cépages » est immense et avive l’intérêt des chercheurs. Agroscope a choisi de s’allier avec l’INRA de Colmar avec pour but de mettre sur le marché trois à cinq variétés résistantes d’ici 2024. De son côté, l’obtenteur indépendant du Jura suisse, Valentin Blattner, poursuit son travail de pionnier, notamment en France où les domaines de La Colombette, dans l’Hérault, et les Vignobles Ducourt à Bordeaux sont en pointe. Et aussi en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas, en Pologne ou encore en Suède.

    Sur plusieurs centaines d’hectares et à raison de 100 millions de « barbues » vendus chaque année dont 50% à l’export, la coopérative italienne CRV mise à fond sur ce que les Allemands nomment les PIWI (*). Elle collabore depuis 2006 avec l’université italienne d’Udine (Frioule-Vénétie) et vise à augmenter la résistance de cépages réputés comme le sauvignon blanc et ses variétés résistantes Népis, Kretos, Rytos, etc. « On étudie aussi des variétés résistantes dont la typicité rappelle le chasselas, le pinot et le merlot », a expliqué à Bramois, Christophe Carlen d’Agroscope.

    Résistances françaises
    Car il s’agit de faire oublier les hybrides américains et les plants directs pour juguler le phylloxéra, interdits en France dès 1935. La France est la plus réticente à l’introduction des nouvelles variétés résistantes, même si l’INRA entend les généraliser dès 2030. Le copropriétaire du Château Guiraud, grand cru du Sauternais cultivé en bio dès 1996 (certifié en 2011), a écrit ce printemps une tribune libre dans Le Monde où il flétrit « la fausse bonne idée qui met en péril notre patrimoine viticole. »

    Aubert de Villaine, copropriétaire du plus « valorisé » des vins en biodynamie La Romanée Conti (plus de 2 000 €/b), a lui aussi critiqué ce « retour des hybrides » dans le magazine helvétique Bilan.
    Il n’empêche, comme l’affirme le Suisse Olivier Viret, « que si on s’en tient aux cépages traditionnels que sont le chasselas, le gamay et le pinot noir, on va continuer de devoir traiter avec des produits phytosanitaires. »

    On étudie bien, sans grand succès jusqu’ici, une « molécule miracle » d’origine naturelle, y compris à Agroscope, où le programme est cofinancé par… neuf châteaux bordelais, dont Mouton-Rothschild, Yquem, Petrus et Latour, programme reconnu Ecocert depuis 2018 !

     

     

     

     

    En France, cycles de formation aux notamment au lycée vinicole Château Grand Baril et Real Caillou (Libourne)

    Cépages résistants : l’avenir de la viticulture ?

    * pour Pilzwiderstandsfähig, signifiant littéralement capable de résister aux champignons. Les cépages résistants aux maladies de la vigne sont donc regroupés sous cette dénomination. Issus de croisements multiples entre des cépages nobles et des vignes plus rustiques, voire sauvages, ces nouveaux cépages bénéficient d’une résistance naturelle aux maladies les plus dévastatrices de la vigne que sont le mildiou et l’oïdium (source Piwi France).

     

     

     

     

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  • CROIRE ET COMPRENDRE: SÉBASTIEN LAPAQUE

    par Daniel J. Berger | Avr 30, 2019

    Un auteur (romancier) parle d’un auteur (vigneron). Nous avons choisi de revenir sur le livre de Sébastien Lapaque « Chez Marcel Lapierre » paru en 2004. Tous simplement parce qu’il trace une des voies du commentaire littéraire sur le vin comme ce blog l’ambitionne.

    « Après tout, qu’est-ce que la littérature ? Elle tient tout entière dans ces deux phrases magnétiques [de la lettre de Madame de Sévigné « Ma chère bonne… »]

    Madame de La Fayette remonte toujours le Rhône tout doucement. Et moi, ma fille, je vous aime avec la même inclination que ce fleuve va de Lyon dans la mer : cela est un peu poétique, mais cela est vrai.

    comme elle tient tout entière dans les fulgurances de Vie de Rancé, un livre que je relis tous les ans au mois de juillet mais que j’ai relu en février cette année, je l’avais encore avec moi début mars, j’en ai récité des passages en mangeant des huîtres sauvages de Cancale arrosées de muscadet Amphibolite nature de Jo Landron. »

    Tiens, tiens ! Qui écrit donc avec ce ton lyrique et raffiné qu’on a un peu oublié, qui rappelle celui des écrivains de la génération des Roger Nimier, Antoine Blondin, Michel Déon, Jacques Laurent, Félicien Marceau — les Hussards –, que les manuels de français de l’Education Nationale s’obstinent à ignorer, et auxquels on ajoutera leur aîné Jacques Perret, en remontant jusqu’à Marcel Aymé ?

    C’est Sébastien Lapaque (ci-contre). Romancier, essayiste et pamphlétaire, latiniste, journaliste au Figaro Magazine, au Monde Diplomatique, au Point, pigiste un peu partout, « talentueux écrivain de droite qui dit merde à la droite » selon l’Obs, il nous a confectionné un petit article savoureux — forcément savoureux venant de lui qui a pour ami le cuisinier béarnais Yves Camdeborde (1) –, dans La Revue des Deux Mondes de mai 2019 (pp. 100- 106) : une visite des préfaciers du Livre de Poche des débuts.

    Roger Nimier éclairait alors Guy Schoeller, directeur de la collection et mentor de Françoise Sagan, sur le choix d’auteurs dont certains encore au purgatoire dix ans après l’Occupation comme Marcel Jouhandeau pour la Vie des douze Césars de Suétone ou Jacques Chardonne pour La Sonate à Kreutzer de Tolstoï. Et introduisait les jeunes Hussards justement, encore peu connus et souvent dans le besoin (de piges) — Antoine Blondin pour les Contes du Far West de O’Henry et le Cousin Pons, Félicien Marceau pour Madame Bovary et César Birotteau, Michel Déon pour Illusions perdues, Nimier lui-même pour Le Rouge et le Noir. Et puis Jacques Perret pour un volume réunissant de petits chefs d’œuvre de Balzac, L’illustre Gaudissart, Z. Marcas, Les Comédiens sans le savoir, Gaudissart II et Melmoth réconcilié. Et aussi Pierre Boutang pour Les Possédés.

    Même s’il les possède dans une autre édition, Sébastien Lapaque aime fouiner chez les bouquinistes et acheter, pour le prix d’un café, ces Livre de Poche à couverture un peu salie et papier bon marché, pour leurs préfaces publiées dans les années 1953-68 : Maximes et Pensées de Chamfort préfacées par Camus, Bouvard et Pécuchet par Queneau, Les Fleurs du mal par Sartre, les Mémoires du Cardinal de Retz par Morand, qui présentait aussi Adelaïde (Gobineau), Les Dames galantes (Brantôme), Le Vicomte de Bragelone (Dumas), ou Une Vieille maîtresse (Barbey d’Aurevilly), par exemple.

    Comme celle de Julien Gracq en 1964 pour les Mémoires d’Outre Tombe, sous le titre Le grand paon, déjà publiée dans Préférences chez José Corti (1961), ces textes souvent se suffisent à eux-mêmes tout en donnant envie de lire et relire le texte qu’ils préfacent. Ils mériteraient une édition commune, sans doute impossible en raison des droits. (1)

    Pourquoi parler de lui dans mtonvin.net ?

    Parce qu’évidemment, il connaît le vin et qu’il a écrit un Chez Marcel Lapierre — vigneron pionnier du bio à Villié-Morgon que tout le monde respectait avant sa mort en 2010 et ne cesse de vénérer depuis. Ce petit livre paru en 2004 campe bien l’ambition de notre blog : goût, connaissance et culture du vin, placé sous le signe de la littérature et de la poésie, soignant la langue et le phrasé du récit, avec curiosité, sincérité des dégustations, bienveillance et fidélité envers les vigneronnes et vignerons.

    En mars 2011, j’en avais lu la première édition (ci-contre, publiée dans la collection Ecrivins chez Stock), sur la plage du Tembo House de Zanzibar, tout près du débarcadère des ferries ensablés, destination rêvée (le nom du lieu, comme Valparaiso) mais qui n’a pas développé en moi d’effet nostalgique marquant. Nulle coquetterie sur l’endroit, mon épouse et moi étions en voyage de noces, l’un des nombreux après le premier, qui n’a jamais eu lieu. (2)

    Sans doute sous le coup du désastre de Fukushima qui se propageait en direct sur les écrans de télévision de l’hôtel, j’étais passé à côté de ce petit chef d’œuvre de précision historique et d’amour fou, qu’un simple survol ne peut satisfaire. Sébastien Lapaque nous parle notamment de Jules Chauvet (à droite), qu’il qualifie de « Bouche d’or » (déguster et dire le vrai), négociant-éleveur en Beaujolais, chercheur et pédagogue, mort en 1989 à 82 ans. Cet homme d’hier et d’après-demain a le premier réénoncé les règles de la viticulture bio bien avant qu’on la nomme ainsi, en professant de « libérer les vins des levures exogènes, de la chaptalisation, de la filtration, de l’acide tartrique et surtout de ce maudit anhydride sulfureux qui fait tant de mal. » Si Lapaque en parle longuement c’est qu’il a beaucoup influencé Marcel Lapierre, parmi tant d’autres.

    Il nous parle aussi de Pline l’Ancien (3) pour sa lucidité sur le maquillage des vins au 1er siècle, déjà, et sur le sens lucratif des propriétaires de vignobles, déjà. De Karl Marx, en se gardant de jouer au jeune-hussard-droite-alcoolisée, qui, lui aussi, dénonçait la viticulture capitaliste exploitant non seulement le travailleur appauvri mais aussi le sol appauvri, en ruinant ses ressources de fertilité. Et de Hegel et de Guy Debord.

    Par son amour et son respect du vin qu’il aime (4), qui le poussent à approfondir sa connaissance concrète de la conception traditionnelle du vin année après année, du travail de la vigne et de la récolte, de la vinification et de l’élevage, et à l’écrire avec simplicité, dévouement à la cause du bon, et considération de et pour l’humain, Sébastien Lapaque montre le chemin à l’écrivin.

    Dans Chez Marcel Lapierre, on lira son récit de l’aventure finalement pitoyable du beaujolais nouveau entre 1956 (15 000 hectolitres produits) et 1990 (600 000). En 2003, 500 viticulteurs avaient disparu, ce qui rend « plus héroïques et plus sympathiques les efforts de ceux [restants ou nouveaux] qui luttent pour redonner au beaujolais une part de sa sincérité native, » les onze crus, autant que le primeur « messager avant-coureur, […] vif, lampant, agile, friand, vin de soif et d’amitié qui donne envie de se retrouver autour d’un tonneau chargé de verres et de victuailles, et de se raconter des histoires. »

    Marcel Lapierre né en 1950 (ci-contre), avant même de rencontrer « le Socrate du Beaujolais » Jules Chauvet, « se faisait une certaine idée du vin, » s’employant à « rentrer en cave un gamay noir à jus blanc, riche de ses seules levures indigènes. »

    Au fil des années il abandonne un à un les produits phyto- sanitaires, pesticides, herbicides, fongicides conseillés par l’enseignement professionnel à la fin des années 60, époque du tout chimie.

    Il voyage, Bordelais, Loire, Champagne et se rend compte que les vins qu’ils aiment ne ressemblent pas à ceux qu’il fait : en Alsace il réalise que la complexité qu’il recherche est liée au volume de terre fouillé par les racines pour survivre et à leur profondeur. Tout commence par le travail du sol.

    En 1978 première tentative de vinification comme le faisaient son père et son grand-père, sur 40 ha.

    En 1983 nouvelle tentative : vinification et mise en bouteille sans soufre. On le prend pour un fou. Et puis en 1988-89 il atteint au « tout raisin », difficile à maîtriser — attaques bactériennes, recomposition des levures mortes (les lies), odeur désastreuse d’entrailles, amertume… Après vingt ans d’efforts, rien n’est encore gagné. Alors à partir de 1995, il arrête de tâtonner et produit son Morgon en trois cuvées : entièrement nature; non filtrée légèrement sulfitée; filtrée et sulfitée. La réputation de Marcel Lapierre est devenue mondiale, il vend tout son vin chaque année.

    Le chapitre « Théorie de la dérive » décrit Lapierre comme quelqu’un sans dogmatisme, loin des certitudes du discours sur le vin naturel, qui a aimé donner et partager, après avoir été spectateur amusé et complice du situationnisme d’Alain Braik, et de Guy Debord (à droite) qu’il a connu en 1973 après l’auto- dissolution de l’Internationale Situationniste. Il était jeune et n’avait pas encore les responsabilités de vigneron que le décès subit de son père cette année-là va obliger à endosser : Debord avait été pour lui d’abord un compagnon de beuverie à Saint-Germain-des-Prés (5).

    La révolution « Lapierre l’a accomplie dans la vinification de ses beaujolais en appliquant les principes d’une nouvelle hygiène avec une compréhension à la fois intuitive et scientifique de la microbiologie du vin. »

    On pardonnera à Lapaque son anti-américanisme (Robert Parker, le vin californien) sans lequel il ne serait pas tout à fait amateur français, et aussi son Bordeaux bashing à la mode il y a dix ans dogmatique, inutile (« je ne bois jamais de bordeaux, » tant pis pour lui). Son franco-centrisme grande gueule — il ne parle et ne boit que des vins de l’Hexagone, lui qui pourtant proclame qu’aimer la France, c’est aussi, c’est toujours aimer autre chose que la France.

    Et aussi sa charge un peu hors sujet contre le bio, même si elle sonne parfois juste : point de salut selon lui hors la certification Demeter, qui garantit que 100% des ingrédients d’un produit sont d’origine bio, les autres, AB et Agriculture biologique ne garantissent finalement pas grand chose.

    Et on regrettera qu’il n’évoque pas l’épouse de Marcel Lapierre, Marie, qui a poursuivi l’exploitation en continuant de transmettre à son fils Mathieu et sa sœur Camille le savoir faire de leur père décédé à juste 60 ans : comme le disait Michel Bettane en 2014 au festival Musica Vini, devant Claude Papin (Pierre Bise, Anjou) et Xavier Perromat (Château de Cérons) : pas de grand vigneron sans sa femme…

    Adieu Marcel

    Le dernier chapitre, « Le bonheur aux Chênes », la propriété Lapierre étendue, aujourd’hui à sa quatrième génération, est sans doute le plus inspiré (avec l’aide du morgon). Lapaque y a passé plusieurs jours à déguster des bouteilles historiques, des 1985, des 1996, des 2000, « des morgons qui morgonnaient, mais qui souvent pinotaient, grenachaient, carignanaient, embrassant tous les vins que nous aimions, nous faisant voir du paysage, nous racontant des histoires… » Et à échanger avec celui qu’il qualifie d’artiste « plus sensible au rendu qu’à la méthode, […] qui ne s’embarrasse pas de superflu, de phrases, de discours, de colères, […] qui sait ce que faire veut dire et continue de chercher sans forcément trouver. » Touché et touchant, Lapaque regrette de devoir conclure, avec le sentiment de ne pouvoir restituer ces moments de dégustation, de franchise et de friandise qui l’ont marqué à jamais (6).

    Cette conclusion la voilà, c’est celle de Jules Chauvet, qu’il cite : la perfection d’un vin n’est pas seulement proportion harmonieuse des arômes entre eux et par rapport au tout. Elle est cette mystérieuse circulation qui permet au monde d’en bas de participer à la béatitude de celui d’en haut.

    Et maintenant  la nôtre, en forme d’ouverture : ce Chez Marcel Lapierre a posé la première pierre du bistro Lapaque de plus en plus fréquenté, ce petit livre fondateur possède les qualités essentielles que l’auteur va développer dans ses ouvrages postérieurs, rares chez un écrivain, car allant au fond des choses, inspectant, écoutant, goûtant, sachant ce qu’il écrit, et croyant à son engagement envers le vin nature. Croire : « ce n’est pas pour croire que je cherche à comprendre, c’est pour comprendre que je crois. Car je crois également que je ne comprendrais pas si je n’avais pas cru, » dixit Saint Antelme de Cantorbéry, cité en exergue de sa Théorie de la bulle carrée qui vient de sortir chez Actes Sud et que nous allons commenter bientôt.

     

    À SUIVRE, DONC…

     

    (1) Sébastien Lapaque a lui-même préfacé un Rabelais et un Madame de Sévigné (Librio); Aux portes des ténèbres : relation de captivité d’Angélique de Saint-Jean Arnaud d’Andilly (La Table Ronde, la petite vermillon); J’ai déjà donné de ADG (Le Dilettante); Sous le soleil de Satan (Le Castor Astral) et Brésil, terre d’amitié (La Table Ronde, la petite vermillon) de Georges Bernanos ainsi que Mon vieil ami Bernanos de Paulus Gordan (Ed. du Cerf); ou encore Panégyrique de Saint François d’Assise de Bossuet (Éd. du Sandre); L’Argot du bistrot, de Robert Giraud (La Table Ronde, la petite vermillon); Des petites fleurs rouges devant les yeux, de Frédéric Fajardie (La Table Ronde, la petite vermillon); et Le Palais de l’ogre, de Roger Nimier (La Table Ronde, la petite vermillon). Serait-il envisageable que ces préfaces soient republiées en un volume ?
    (2) Chez Marcel Lapierre a paru chez Stock en 2004 et été réédité en 2010 et 2013 à La Table Ronde, collection la petite vermillon.
    (3) « Né et mort au premier siècle de l’ère chrétienne, contemporain de Néron, Pline l’Ancien avait compris beaucoup de choses à travers ses observations de terrain et sa lecture des auteurs anciens. Ainsi avait-il noté la diversité des cépages et la variété des terroirs. Distinguant les vins naturels des vins artificiels, il se désole de savoir qu’il s’est monté des fabriques où l’on maquille le vin à la fumée, le colore et l’aromatise. Il n’a que mépris pour ce vin truqué à la mode de l’Antiquité : « il est un produit de l’art, non de la nature ».
    Pline l’Ancien écrit beaucoup mieux qu’on ne le prétend couramment. Ce n’est certes pas Tacite, mais il a de grands moments. « Le vin est aussi une matière à merveille« , jure-t-il en tête du XXIIème chapitre de son étonnant livre XIV d’Histoire naturelle. Mieux que La Pléiade éditée en seule langue vulgaire, l’édition bilingue établie par Jacques André, publié par Les Belles Lettres en 1958 avec une couverture rouge frappée de la louve romaine, que je possède. Je n’abuserai personne en prétendant me régaler exclusivement du latin de Pline imprimé sur les pages de droite. » Sébastien Lapaque in la Revue du Vin de France, 2012 (extraits).
    (4) En 2004, outre le Morgon de Marcel Lapierre, Sébastien Lapaque retenait le Fleurie d’Yvon Métras, les aligotés de Michel Couvreur, les Cheverny d’Hervé Villemade et de Thierry Puzelat, Arbois de Pierre Overnoy, Bourgueil de Catherine et Pierre Breton, pinot noirs d’Alsace de Christian Binner, Chinon d’Alain Lenoir, Cornas de Thierry Allemand, Banyuls du Casor des Mailloles, Patrimonio rouge d’Antoine Arena, Mâcon de Gérard Valette, Saumur Château Yvonne, Saint-Joseph d’Hervé Souhaut, Anjou de René Mosse, Plumes d’Ange de Claude Courtois (sauvignon de Sologne), Côtes-du-Rhône Domaine Gramenon, Les Foulards Rouges de Jean-François Nicq (Roussillon)…
    (5) Guy Debord disait « je ne connais aucune déception qui résiste à un morgon de Marcel Lapierre, » et écrivait « dans le petit nombre de choses qui m’ont plu, et que j’ai su bien faire, ce qu’assurément j’ai su faire le mieux, c’est boire. Quoique ayant beaucoup lu, j’ai bu davantage. J’ai écrit beaucoup moins que la plupart des gens qui écrivent; mais j’ai bu beaucoup plus que la plupart des gens qui boivent... », un passage de Panégyrique que Marcel Lapierre savait par cœur.
    (6) Sébastien Lapaque a publié plus d’une trentaine de romans, nouvelles, récits, essais, pamphlets, anthologies. Et dans le domaine du vin, notamment :
    – Théorie de la bulle carrée, Actes Sud, 2019 – Bio et biodynamie, viticulture et sylviculture, histoire et géographie, géologie et botanique. Et littérature…
    – Des livres, des vignes, des hommes, des arbres, La Revue des deux mondes (juillet-août 2018), à propos d’Anselme Selosse (Champagne nature, sujet de Théorie de la bulle carrée).
    – Avec Yves Camdeborde : Room Service, Actes Sud (2007) et Des tripes et des lettres, Éd. de l’Épure (2007).
    – Petit Lapaque des vins de copains, Actes Sud (2006, nouvelle édition en 2009).
    – Pot-au-feu au Bristol, chabrot au morgon de Marcel Lapierre, avec Eric Fréchon, Ed. Gérard Guy (2004).
    – Deux ou trois fois, cent fois Chinon ! La Revue des deux mondes (janvier 2000), que mtonvin.net va relayer si l’auteur en est d’accord.
    – Triomphe de Dionysos – Anthologie de l’ivresse (50 extraits), en collaboration avec Jérôme Leroy, Actes Sud, collection Babel (1999).

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