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  • CROIRE ET COMPRENDRE: SÉBASTIEN LAPAQUE

    par Daniel J. Berger | Avr 30, 2019

    Un auteur (romancier) parle d’un auteur (vigneron). Nous avons choisi de revenir sur le livre de Sébastien Lapaque « Chez Marcel Lapierre » paru en 2004. Tous simplement parce qu’il trace une des voies du commentaire littéraire sur le vin comme ce blog l’ambitionne.

    « Après tout, qu’est-ce que la littérature ? Elle tient tout entière dans ces deux phrases magnétiques [de la lettre de Madame de Sévigné « Ma chère bonne… »]

    Madame de La Fayette remonte toujours le Rhône tout doucement. Et moi, ma fille, je vous aime avec la même inclination que ce fleuve va de Lyon dans la mer : cela est un peu poétique, mais cela est vrai.

    comme elle tient tout entière dans les fulgurances de Vie de Rancé, un livre que je relis tous les ans au mois de juillet mais que j’ai relu en février cette année, je l’avais encore avec moi début mars, j’en ai récité des passages en mangeant des huîtres sauvages de Cancale arrosées de muscadet Amphibolite nature de Jo Landron. »

    Tiens, tiens ! Qui écrit donc avec ce ton lyrique et raffiné qu’on a un peu oublié, qui rappelle celui des écrivains de la génération des Roger Nimier, Antoine Blondin, Michel Déon, Jacques Laurent, Félicien Marceau — les Hussards –, que les manuels de français de l’Education Nationale s’obstinent à ignorer, et auxquels on ajoutera leur aîné Jacques Perret, en remontant jusqu’à Marcel Aymé ?

    C’est Sébastien Lapaque (ci-contre). Romancier, essayiste et pamphlétaire, latiniste, journaliste au Figaro Magazine, au Monde Diplomatique, au Point, pigiste un peu partout, « talentueux écrivain de droite qui dit merde à la droite » selon l’Obs, il nous a confectionné un petit article savoureux — forcément savoureux venant de lui qui a pour ami le cuisinier béarnais Yves Camdeborde (1) –, dans La Revue des Deux Mondes de mai 2019 (pp. 100- 106) : une visite des préfaciers du Livre de Poche des débuts.

    Roger Nimier éclairait alors Guy Schoeller, directeur de la collection et mentor de Françoise Sagan, sur le choix d’auteurs dont certains encore au purgatoire dix ans après l’Occupation comme Marcel Jouhandeau pour la Vie des douze Césars de Suétone ou Jacques Chardonne pour La Sonate à Kreutzer de Tolstoï. Et introduisait les jeunes Hussards justement, encore peu connus et souvent dans le besoin (de piges) — Antoine Blondin pour les Contes du Far West de O’Henry et le Cousin Pons, Félicien Marceau pour Madame Bovary et César Birotteau, Michel Déon pour Illusions perdues, Nimier lui-même pour Le Rouge et le Noir. Et puis Jacques Perret pour un volume réunissant de petits chefs d’œuvre de Balzac, L’illustre Gaudissart, Z. Marcas, Les Comédiens sans le savoir, Gaudissart II et Melmoth réconcilié. Et aussi Pierre Boutang pour Les Possédés.

    Même s’il les possède dans une autre édition, Sébastien Lapaque aime fouiner chez les bouquinistes et acheter, pour le prix d’un café, ces Livre de Poche à couverture un peu salie et papier bon marché, pour leurs préfaces publiées dans les années 1953-68 : Maximes et Pensées de Chamfort préfacées par Camus, Bouvard et Pécuchet par Queneau, Les Fleurs du mal par Sartre, les Mémoires du Cardinal de Retz par Morand, qui présentait aussi Adelaïde (Gobineau), Les Dames galantes (Brantôme), Le Vicomte de Bragelone (Dumas), ou Une Vieille maîtresse (Barbey d’Aurevilly), par exemple.

    Comme celle de Julien Gracq en 1964 pour les Mémoires d’Outre Tombe, sous le titre Le grand paon, déjà publiée dans Préférences chez José Corti (1961), ces textes souvent se suffisent à eux-mêmes tout en donnant envie de lire et relire le texte qu’ils préfacent. Ils mériteraient une édition commune, sans doute impossible en raison des droits. (1)

    Pourquoi parler de lui dans mtonvin.net ?

    Parce qu’évidemment, il connaît le vin et qu’il a écrit un Chez Marcel Lapierre — vigneron pionnier du bio à Villié-Morgon que tout le monde respectait avant sa mort en 2010 et ne cesse de vénérer depuis. Ce petit livre paru en 2004 campe bien l’ambition de notre blog : goût, connaissance et culture du vin, placé sous le signe de la littérature et de la poésie, soignant la langue et le phrasé du récit, avec curiosité, sincérité des dégustations, bienveillance et fidélité envers les vigneronnes et vignerons.

    En mars 2011, j’en avais lu la première édition (ci-contre, publiée dans la collection Ecrivins chez Stock), sur la plage du Tembo House de Zanzibar, tout près du débarcadère des ferries ensablés, destination rêvée (le nom du lieu, comme Valparaiso) mais qui n’a pas développé en moi d’effet nostalgique marquant. Nulle coquetterie sur l’endroit, mon épouse et moi étions en voyage de noces, l’un des nombreux après le premier, qui n’a jamais eu lieu. (2)

    Sans doute sous le coup du désastre de Fukushima qui se propageait en direct sur les écrans de télévision de l’hôtel, j’étais passé à côté de ce petit chef d’œuvre de précision historique et d’amour fou, qu’un simple survol ne peut satisfaire. Sébastien Lapaque nous parle notamment de Jules Chauvet (à droite), qu’il qualifie de « Bouche d’or » (déguster et dire le vrai), négociant-éleveur en Beaujolais, chercheur et pédagogue, mort en 1989 à 82 ans. Cet homme d’hier et d’après-demain a le premier réénoncé les règles de la viticulture bio bien avant qu’on la nomme ainsi, en professant de « libérer les vins des levures exogènes, de la chaptalisation, de la filtration, de l’acide tartrique et surtout de ce maudit anhydride sulfureux qui fait tant de mal. » Si Lapaque en parle longuement c’est qu’il a beaucoup influencé Marcel Lapierre, parmi tant d’autres.

    Il nous parle aussi de Pline l’Ancien (3) pour sa lucidité sur le maquillage des vins au 1er siècle, déjà, et sur le sens lucratif des propriétaires de vignobles, déjà. De Karl Marx, en se gardant de jouer au jeune-hussard-droite-alcoolisée, qui, lui aussi, dénonçait la viticulture capitaliste exploitant non seulement le travailleur appauvri mais aussi le sol appauvri, en ruinant ses ressources de fertilité. Et de Hegel et de Guy Debord.

    Par son amour et son respect du vin qu’il aime (4), qui le poussent à approfondir sa connaissance concrète de la conception traditionnelle du vin année après année, du travail de la vigne et de la récolte, de la vinification et de l’élevage, et à l’écrire avec simplicité, dévouement à la cause du bon, et considération de et pour l’humain, Sébastien Lapaque montre le chemin à l’écrivin.

    Dans Chez Marcel Lapierre, on lira son récit de l’aventure finalement pitoyable du beaujolais nouveau entre 1956 (15 000 hectolitres produits) et 1990 (600 000). En 2003, 500 viticulteurs avaient disparu, ce qui rend « plus héroïques et plus sympathiques les efforts de ceux [restants ou nouveaux] qui luttent pour redonner au beaujolais une part de sa sincérité native, » les onze crus, autant que le primeur « messager avant-coureur, […] vif, lampant, agile, friand, vin de soif et d’amitié qui donne envie de se retrouver autour d’un tonneau chargé de verres et de victuailles, et de se raconter des histoires. »

    Marcel Lapierre né en 1950 (ci-contre), avant même de rencontrer « le Socrate du Beaujolais » Jules Chauvet, « se faisait une certaine idée du vin, » s’employant à « rentrer en cave un gamay noir à jus blanc, riche de ses seules levures indigènes. »

    Au fil des années il abandonne un à un les produits phyto- sanitaires, pesticides, herbicides, fongicides conseillés par l’enseignement professionnel à la fin des années 60, époque du tout chimie.

    Il voyage, Bordelais, Loire, Champagne et se rend compte que les vins qu’ils aiment ne ressemblent pas à ceux qu’il fait : en Alsace il réalise que la complexité qu’il recherche est liée au volume de terre fouillé par les racines pour survivre et à leur profondeur. Tout commence par le travail du sol.

    En 1978 première tentative de vinification comme le faisaient son père et son grand-père, sur 40 ha.

    En 1983 nouvelle tentative : vinification et mise en bouteille sans soufre. On le prend pour un fou. Et puis en 1988-89 il atteint au « tout raisin », difficile à maîtriser — attaques bactériennes, recomposition des levures mortes (les lies), odeur désastreuse d’entrailles, amertume… Après vingt ans d’efforts, rien n’est encore gagné. Alors à partir de 1995, il arrête de tâtonner et produit son Morgon en trois cuvées : entièrement nature; non filtrée légèrement sulfitée; filtrée et sulfitée. La réputation de Marcel Lapierre est devenue mondiale, il vend tout son vin chaque année.

    Le chapitre « Théorie de la dérive » décrit Lapierre comme quelqu’un sans dogmatisme, loin des certitudes du discours sur le vin naturel, qui a aimé donner et partager, après avoir été spectateur amusé et complice du situationnisme d’Alain Braik, et de Guy Debord (à droite) qu’il a connu en 1973 après l’auto- dissolution de l’Internationale Situationniste. Il était jeune et n’avait pas encore les responsabilités de vigneron que le décès subit de son père cette année-là va obliger à endosser : Debord avait été pour lui d’abord un compagnon de beuverie à Saint-Germain-des-Prés (5).

    La révolution « Lapierre l’a accomplie dans la vinification de ses beaujolais en appliquant les principes d’une nouvelle hygiène avec une compréhension à la fois intuitive et scientifique de la microbiologie du vin. »

    On pardonnera à Lapaque son anti-américanisme (Robert Parker, le vin californien) sans lequel il ne serait pas tout à fait amateur français, et aussi son Bordeaux bashing à la mode il y a dix ans dogmatique, inutile (« je ne bois jamais de bordeaux, » tant pis pour lui). Son franco-centrisme grande gueule — il ne parle et ne boit que des vins de l’Hexagone, lui qui pourtant proclame qu’aimer la France, c’est aussi, c’est toujours aimer autre chose que la France.

    Et aussi sa charge un peu hors sujet contre le bio, même si elle sonne parfois juste : point de salut selon lui hors la certification Demeter, qui garantit que 100% des ingrédients d’un produit sont d’origine bio, les autres, AB et Agriculture biologique ne garantissent finalement pas grand chose.

    Et on regrettera qu’il n’évoque pas l’épouse de Marcel Lapierre, Marie, qui a poursuivi l’exploitation en continuant de transmettre à son fils Mathieu et sa sœur Camille le savoir faire de leur père décédé à juste 60 ans : comme le disait Michel Bettane en 2014 au festival Musica Vini, devant Claude Papin (Pierre Bise, Anjou) et Xavier Perromat (Château de Cérons) : pas de grand vigneron sans sa femme…

    Adieu Marcel

    Le dernier chapitre, « Le bonheur aux Chênes », la propriété Lapierre étendue, aujourd’hui à sa quatrième génération, est sans doute le plus inspiré (avec l’aide du morgon). Lapaque y a passé plusieurs jours à déguster des bouteilles historiques, des 1985, des 1996, des 2000, « des morgons qui morgonnaient, mais qui souvent pinotaient, grenachaient, carignanaient, embrassant tous les vins que nous aimions, nous faisant voir du paysage, nous racontant des histoires… » Et à échanger avec celui qu’il qualifie d’artiste « plus sensible au rendu qu’à la méthode, […] qui ne s’embarrasse pas de superflu, de phrases, de discours, de colères, […] qui sait ce que faire veut dire et continue de chercher sans forcément trouver. » Touché et touchant, Lapaque regrette de devoir conclure, avec le sentiment de ne pouvoir restituer ces moments de dégustation, de franchise et de friandise qui l’ont marqué à jamais (6).

    Cette conclusion la voilà, c’est celle de Jules Chauvet, qu’il cite : la perfection d’un vin n’est pas seulement proportion harmonieuse des arômes entre eux et par rapport au tout. Elle est cette mystérieuse circulation qui permet au monde d’en bas de participer à la béatitude de celui d’en haut.

    Et maintenant  la nôtre, en forme d’ouverture : ce Chez Marcel Lapierre a posé la première pierre du bistro Lapaque de plus en plus fréquenté, ce petit livre fondateur possède les qualités essentielles que l’auteur va développer dans ses ouvrages postérieurs, rares chez un écrivain, car allant au fond des choses, inspectant, écoutant, goûtant, sachant ce qu’il écrit, et croyant à son engagement envers le vin nature. Croire : « ce n’est pas pour croire que je cherche à comprendre, c’est pour comprendre que je crois. Car je crois également que je ne comprendrais pas si je n’avais pas cru, » dixit Saint Antelme de Cantorbéry, cité en exergue de sa Théorie de la bulle carrée qui vient de sortir chez Actes Sud et que nous allons commenter bientôt.

     

    À SUIVRE, DONC…

     

    (1) Sébastien Lapaque a lui-même préfacé un Rabelais et un Madame de Sévigné (Librio); Aux portes des ténèbres : relation de captivité d’Angélique de Saint-Jean Arnaud d’Andilly (La Table Ronde, la petite vermillon); J’ai déjà donné de ADG (Le Dilettante); Sous le soleil de Satan (Le Castor Astral) et Brésil, terre d’amitié (La Table Ronde, la petite vermillon) de Georges Bernanos ainsi que Mon vieil ami Bernanos de Paulus Gordan (Ed. du Cerf); ou encore Panégyrique de Saint François d’Assise de Bossuet (Éd. du Sandre); L’Argot du bistrot, de Robert Giraud (La Table Ronde, la petite vermillon); Des petites fleurs rouges devant les yeux, de Frédéric Fajardie (La Table Ronde, la petite vermillon); et Le Palais de l’ogre, de Roger Nimier (La Table Ronde, la petite vermillon). Serait-il envisageable que ces préfaces soient republiées en un volume ?
    (2) Chez Marcel Lapierre a paru chez Stock en 2004 et été réédité en 2010 et 2013 à La Table Ronde, collection la petite vermillon.
    (3) « Né et mort au premier siècle de l’ère chrétienne, contemporain de Néron, Pline l’Ancien avait compris beaucoup de choses à travers ses observations de terrain et sa lecture des auteurs anciens. Ainsi avait-il noté la diversité des cépages et la variété des terroirs. Distinguant les vins naturels des vins artificiels, il se désole de savoir qu’il s’est monté des fabriques où l’on maquille le vin à la fumée, le colore et l’aromatise. Il n’a que mépris pour ce vin truqué à la mode de l’Antiquité : « il est un produit de l’art, non de la nature ».
    Pline l’Ancien écrit beaucoup mieux qu’on ne le prétend couramment. Ce n’est certes pas Tacite, mais il a de grands moments. « Le vin est aussi une matière à merveille« , jure-t-il en tête du XXIIème chapitre de son étonnant livre XIV d’Histoire naturelle. Mieux que La Pléiade éditée en seule langue vulgaire, l’édition bilingue établie par Jacques André, publié par Les Belles Lettres en 1958 avec une couverture rouge frappée de la louve romaine, que je possède. Je n’abuserai personne en prétendant me régaler exclusivement du latin de Pline imprimé sur les pages de droite. » Sébastien Lapaque in la Revue du Vin de France, 2012 (extraits).
    (4) En 2004, outre le Morgon de Marcel Lapierre, Sébastien Lapaque retenait le Fleurie d’Yvon Métras, les aligotés de Michel Couvreur, les Cheverny d’Hervé Villemade et de Thierry Puzelat, Arbois de Pierre Overnoy, Bourgueil de Catherine et Pierre Breton, pinot noirs d’Alsace de Christian Binner, Chinon d’Alain Lenoir, Cornas de Thierry Allemand, Banyuls du Casor des Mailloles, Patrimonio rouge d’Antoine Arena, Mâcon de Gérard Valette, Saumur Château Yvonne, Saint-Joseph d’Hervé Souhaut, Anjou de René Mosse, Plumes d’Ange de Claude Courtois (sauvignon de Sologne), Côtes-du-Rhône Domaine Gramenon, Les Foulards Rouges de Jean-François Nicq (Roussillon)…
    (5) Guy Debord disait « je ne connais aucune déception qui résiste à un morgon de Marcel Lapierre, » et écrivait « dans le petit nombre de choses qui m’ont plu, et que j’ai su bien faire, ce qu’assurément j’ai su faire le mieux, c’est boire. Quoique ayant beaucoup lu, j’ai bu davantage. J’ai écrit beaucoup moins que la plupart des gens qui écrivent; mais j’ai bu beaucoup plus que la plupart des gens qui boivent... », un passage de Panégyrique que Marcel Lapierre savait par cœur.
    (6) Sébastien Lapaque a publié plus d’une trentaine de romans, nouvelles, récits, essais, pamphlets, anthologies. Et dans le domaine du vin, notamment :
    – Théorie de la bulle carrée, Actes Sud, 2019 – Bio et biodynamie, viticulture et sylviculture, histoire et géographie, géologie et botanique. Et littérature…
    – Des livres, des vignes, des hommes, des arbres, La Revue des deux mondes (juillet-août 2018), à propos d’Anselme Selosse (Champagne nature, sujet de Théorie de la bulle carrée).
    – Avec Yves Camdeborde : Room Service, Actes Sud (2007) et Des tripes et des lettres, Éd. de l’Épure (2007).
    – Petit Lapaque des vins de copains, Actes Sud (2006, nouvelle édition en 2009).
    – Pot-au-feu au Bristol, chabrot au morgon de Marcel Lapierre, avec Eric Fréchon, Ed. Gérard Guy (2004).
    – Deux ou trois fois, cent fois Chinon ! La Revue des deux mondes (janvier 2000), que mtonvin.net va relayer si l’auteur en est d’accord.
    – Triomphe de Dionysos – Anthologie de l’ivresse (50 extraits), en collaboration avec Jérôme Leroy, Actes Sud, collection Babel (1999).

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  • UN CONCOURS AMPHORE EN DEMI-TEINTE

    par Daniel J. Berger | Avr 17, 2019

    La 23ème édition du concours Amphore, pionnier en matière de viticulture bio, plus grande dégustation de vins bio à Paris, a été l’occasion pour son sympathique fondateur Pierre Guigui (ci-contre) d’un point rapide sur l’état du bio en France.

     

    Aujourd’hui, environ 6 000 viticulteurs pratiquent la viticulture biologique ou sont en période de conversion. Soit environ 10% de la surface totale du vignoble. Pierre Guigui a remarqué non sans humour qu’à ce rythme de progression depuis 2007, il faudra 170 ans pour que le vignoble français passe au bio en totalité.

     

    En bref, la filière viticulture bio française en 2016 c’était une production de 1,82 million hl (contre 45 562133 hl au total). Entre 2013 et 2015, le vignoble bio a progressé de 37 %, et le marché français du vin bio qui a augmenté de 33 %, compte pour 15% du marché en valeur. En 2016, la viticulture biologique en France comprenait 5 263 exploitations avec 58 638 ha de vignes. La superficie actuelle est passée à 70 740 ha contre 835 805 ha au total, soit 9% du vignoble.
    .

    Et en Europe ? En 2015, plus de 280 000 ha de vignes étaient cultivés en bio dans l’UE soit environ 9% du vignoble. L’Espagne, l’Italie et la France se partagent 90% du vignoble bio européen.

    CONCOURS AMPHORE : RÉSULTATS

    Aux concours de dégustation ouverts à tous les pays producteurs et à toutes catégories, les vins bio se distinguent par des notations plus importantes que la proportion de leur participation (11% de bio au Concours Mondial de Bruxelles), notamment en Angleterre où ils atteignent souvent 30% des médaillés. La question ne se pose pas au Concours Amphore où tous les vins sont bio (et biodynamie).

    Le lundi 15 avril dernier, la dégustation à l’aveugle du jury Amphore dont je faisais partie comprenait 18 vins rouges de Bergerac, Fronton et Gaillac. Les bouteilles en lice s’étageaient de 2015 à 2018, incluant un 2008.

    Notre jury a médaillé un tiers des vins (dont trois avaient des défauts et n’ont pas été notés).

    Les six vins rouges médaillés du jury 11, ci-dessus de gauche à droite :

    — Tot Ço Que Gal (Tout ce qu’il faut) – AOC Fronton 2016 – Château Plaisance – NC
    — Tertres du Plantou
    – AOC vin de Bergerac 2016 (médaille d’or) – Château Tertres du Plantou – NC
    — d’Ambre – IGP Comté Tolosan 2018 (médaille d’or) – Les Fées Nature / Maison Labastide – 6,90 €
    — Esquisse – Gaillac 2018 – Domaine Rotier – NC
    — Jardins Saint-Louis – Fronton 2016 – Pas d’information – NC
    — Les Chênes de Saint-Louis – AOC Fronton 2015 – 2ème vin de Château St-Louis – 8,95 €

    Photo de gauche : le grand maître Michel Dovaz (90 ans) auteur de très nombreux ouvrages et dégustateur implacable.
    Photo de droite : l’un des 4 dégustateurs du jury n° 11 et votre serviteur (à droite) prenant connaissance de la liste des vins.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Cette année ont participé 512 vins bio et en conversion de toutes les régions de France, d’Allemagne, d’Autriche, Grèce, Italie, Espagne, Hongrie, dégustés par 150 jurés provenant de France, d’Angleterre, Italie, Luxembourg, Norvège, Suisse, … 150 médailles ont été attribuées récompensant 29% des participants.

    Conclusion en demi-teinte

    Malgré ces bons résultats, une certain scepticisme se fait jour à travers les remarques diffusées aujourd’hui par les organisateurs.

    « Avec une vague verte à tous les étages, il faudrait se réjouir. Des bio en veux-tu en voilà, voici de la Haute Valeur Environnementale avec trois niveaux (HVE pour les intimes), des non bio encore plus bio que les bio, ils sont là, même s’ils refusent tout contrôle…

    A en croire les commentateurs, la vigne et l’agriculture en général n’ont jamais été aussi vertes et responsables. La vigne bio cela a été 11% d’augmentation entre 2016 et 2017. Enfin… 11% de pas grand-chose ça reste pas grand-chose ! A ce rythme, il faudrait attendre 170 ans pour ne plus voir de produits chimiques et de synthèse dans les vignes…

    Et pourtant, malgré ce tsunami écolo et selon les ministères de la transition écologique et de l’agriculture, l’année 2013 a vu une hausse d’utilisation de produits phytosanitaires par rapport à 2012. De plus, « sa valeur moyenne triennale 2014-2016 a même augmenté de plus de 12 % par rapport à la moyenne triennale 2009-2011, » une belle progression qui se consolide dans la même proportion en 2017 avec 12,4 % d’augmentation.»

    La conclusion de Pierre Guigui (ci-contre) néanmoins satisfait de son concours, est sur les progrès du bio manifestement amère :  « toujours plus de bio, de HVE, d’affiliés et autres tours de passe-passe et… toujours plus de produits phytosanitaires ! Cherchez l’erreur, sachant que la vigne n’est que de 3% de la surface utile agricole mais pas loin de 20 % des produits phyto utilisés. »

    Photos Pierrick Bourgault / Concours Amphore
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  • LES CHINOIS À BORDEAUX : 3% DES PROPRIÉTÉS

    par mtvadmin | Avr 8, 2019

    Le blog relaie un article d’Adam Nossiter, responsable du bureau de Paris du New York Times, sur l’une des dernières acquisitions chinoises dans le vignoble bordelais et qui propose sa réflexion sur l’ « identité » des Chinois à Bordeaux.

     

    As Chinese Buy More Vineyards, French Purists Cringe

    Names Like Château Lapin Impérial Rattle Purists Including Philippe Sollers

    From ADAM NOSSITER April 6, 2019

    ARVEYRES, France — The rabbit — the “Imperial Rabbit” — looks out quietly from the vineyard’s sign, sandwiched between the familiar words ‘‘Great Wine of Bordeaux.’’   But there are no rabbits in this vineyard, imperial or otherwise.  Nor are there any “Golden Rabbits” or “Tibetan Antelopes” or even “Grand Antelopes” in the vineyards not far away.

     

    A sign for Château Imperial Rabbit in Arveyres, actually Château Lapin Impérial, formerly Château Larteau. Credit Andrea Mantovani for The New York Times

     

    That has not stopped the new Chinese owner in one of France’s most fabled wine regions from naming his newly acquired chateaus after them — to more than a little consternation among tradition-bound French.  “Up until now, the rabbit has not enjoyed a great reputation in the Bordeaux vineyards,’’ noted Le Résistant, the local newspaper in the regional capital, Libourne.  ‘‘The trend has been, rather, to eradicate it.”

    There is no place more synonymous with France and its tradition of fine wines than Bordeaux.  The style of its long-aging, leathery blends of cabernet sauvignon and merlot, to name just two, have inspired American imitators and are sought after the world over, often at exorbitant prices.

    Yet despite the protestations when it comes to the Chinese, this story of invasion is not a new one for the region on the southwest coast of France.  For centuries, Bordeaux has adapted to foreign money and tastes, with a flexibility that belies the purists’ contention that tradition is inviolable.  Bordeaux accommodated the English when it was under their domination in the 12th and 13th centuries, as well as the Dutch who drained its marshes in the 17th century.  It opened its cellars to the Germans during the Nazi occupation, and more recently it shifted its taste to accommodate the preferences of the California-influenced American wine critic Robert Parker.

    Nan Hu, right, the director general of the Clos des Quatre Vents, the sumptuous property of a Chinese state-owned energy and real estate conglomerate. Credit Andrea Mantovani for The New York Times

     

    Bordeaux goes where the money is.  And the money is now with the Chinese.  “It’s a good thing there are Chinese investors, most definitely.  Because there are too many producers here, and there’s too much wine” said Nan Hu, the director general of the Clos des Quatre Vents, the sumptuous property of a state-owned energy and real estate conglomerate from China. “So, we are important to Bordeaux.”

    Indeed, not all French here are so put out.

    One is Jean Pierre Amoreau, a celebrated maker of Bordeaux at Château Le Puy.  Is he worried? “Not at all,” he said.  The Chinese were helping a lot of owners who, because of high French inheritance taxes, often cannot afford to pass their properties on to children, he argued.  “The Chinese have a lot of liquidity, so they are helping these owners have a decent retirement,” he said.  “And they are helping to preserve the chateaus.”

    Jean-Marie Garde, a producer who heads the winemakers syndicate in the storied Pomerol district nearby, agreed, to a point.  “For the Chinese, we say, ‘Why not?’’’ he said, ‘‘they are present, but not that present.”  Still,  “We’re all a little disconcerted by this name-changing, and what’s a bit disconcerting, too, is that you never meet them,” he said of the new Chinese proprietors.

    Yet they have not been entirely invisible, either.  It was startling, for some, to see the red Chinese flag floating above the Clos des Quatre Vents, within sight of the famous Château Margaux in the Médoc, maker of the highest ranked of all Bordeaux wines.

    Recently, the celebrated writer Philippe Sollers wrote a reproachful open letter to the mayor of Bordeaux, reflecting the anxiety coursing through the region and protesting what some saw as audacity in changing the names of historic chateaus.

    “I’m not excessively curious to know about the life of these animals, never having encountered, during my childhood in Bordeaux, the slightest ‘imperial rabbit’ or ‘Tibetan antelope’, » Mr. Sollers wrote. “Is there no way to rededicate this wine to its legitimate source, affixed by the centuries?”

     

    The Chinese owners “want a return quickly, in two, three years,’’ said Mr. Hu, right, of Clos des Quatre Vents. Credit Andrea Mantovani for The New York Times

     

    Loic Grassin, whose grandfather bought the magnificent white-stone mansion of the Château Senilhac in the Médoc in 1938, was not too keen on the name change either, after he recently sold to a Chinese buyer.  He had never even seen a “Tibetan Antelope,” as the estate was newly named.  “Look, I took it very badly,” he said.  “They debaptized it. It’s bizarre. Animals, I’ve got nothing against them. But, come on, ‘Tibetan Antelope’? Where are they coming from with that one?”

    They are coming from a desire to draw an important link to China, which has become the destination for some 20 % of the wine produced in Bordeaux.  As much as 80 % of the wine produced by the Chinese owners goes straight to China and is never seen in France.

    ‘‘This is not about traditional Chinese culture,’’ said a leading French sinologist, Jean-Philippe Béja of Sciences Po. ‘‘It is about marketing.”  But he disputed that the strategy was in fact a good one.  “This is imitating ‘Made in China,’ which doesn’t even have a good reputation,’’ he said. ‘‘The interest, for the Chinese, is to have something foreign that belongs to them.”

    Perhaps for that reason the Chinese invasion has been limited to perhaps 3 % of the roughly 6,000 chateaus in the Bordelais region.  The Chinese also have not bought any of the most celebrated wine producers, opting instead for the middling and lesser-ranked.

    The Chinese buy middling and lesser-ranked properties such as the one above, instead of the most celebrated. Credit Andrea Mantovani for The New York Times

     

    The Chinese imprint on the style of the wine has been muted, too, in the view of local producers.  “I see no change in style,” said Mr. Amoreau, the winemaker.  “Nobody is going to take the risk of changing this style, for a style that doesn’t really exist,” he said, referring to Chinese wines.  The Chinese owners, in fact, leave much of the actual winemaking in the hands of the French teams already in place.

    As Julia Zhang, who lives on her property near Sainte-Foy, Chinese owners leave much of the winemaking to the French teams in place. Credit Andrea Mantovani for The New York Times

     

    Julia Zhang, a rare Chinese owner who lives on the property, in the Sainte Foy district of Bordeaux, has chosen not to change the name of her Château des Chapelains.  She could not even recall the last name of her chief vintner, Claudine Rey, acknowledging her autonomy. “Claudine runs everything,” she said.

    Ms. Zhang lives alone in her old stone farmhouse, isolated in the vineyards, her real estate-rich husband far away in China.  She speaks almost no French or English and communicates with her staff through an associate. “It takes a lot of courage,” said Laurent Chu, a Franco-Chinese who works for Bordeaux’s chamber of agriculture and serves as liaison for many of the Chinese owners.

    Is Ms. Zhang changing her small corner of France, or is France changing Ms. Zhang?  The evidence suggests the latter.  “I want to be like the French,” she said through Mr. Chu. ‘‘Some of these Chinese investors, they’ve kept their Chinese mentality,” she added.  Others agreed. The Chinese owners “want a return quickly, in two, three years,’’ said Mr. Hu of Clos des Quatre Vents. ‘‘If they don’t see results quickly, they say, ‘Hey, what’s going on?’”

    Chi Keung Tong, a Hong Kong businessman, and his mainland compatriots have bought some 150 properties in the last decade.  Among them is the ‘‘Imperial Rabbit,’’ actually Château Lapin Impérial, formerly the venerable Château Larteau, a property dating back to 1776, on a peaceful stretch of the Dordogne river 30 miles from Bordeaux.

    He did not want to talk about the name change, and neither did the nervous French gatekeeper at the estate, before she shooed away unwelcome visitors.  “No, no, no, it’s not rabbits, it’s hares!” she insisted.  “We’ve got hares, we’ve got deers, we’ve got everything, but we don’t have any rabbits,” she said, before stating the obvious: “things have changed around here. »

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