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  • IVAN MASSONNAT ET LA PAULÉE D’ANJOU

    par Daniel J. Berger | Août 4, 2022

    Entretien avec Ivan Massonnat, l’un des trois vice-présidents de la Paulée d’Anjou qui s’est déroulée fin juin au château de Saumur et fondateur du Domaine Belargus.

    L’édition 2022 s’est-elle bien déroulée ? Nous avons réuni 500 participants, l’ambiance était super, les invités ont répondu OUI très vite, je sens que nous sommes sur la bonne voie. Le message envoyé collectivement par les vignerons de la Paulée interpelle le marché, qui est en train de redécouvrir ou même découvrir les vins de l’Anjou. À 91 propriétés nous sommes plus audibles qu’à juste quelques-unes, même emblématiques ou exemplaires. Mais nous n’en sommes qu’au début, il ne faut pas griller les étapes, cette dimension collective est encore fragile: faire adhérer des vignerons très différents à un même projet est assez délicat.

    La manifestation résulte d’une réflexion déjà ancienne sur les vins de l’Anjou Oui, depuis le travail en profondeur des vignerons pionniers des années 80 — les Nicolas Joly, Mark Angeli, Richard Leroy, Jo Pithon, … —, comme le passage en bio et biodynamie, la considération pour le terroir, le travail parcellaire et le chenin en vin sec, travail qu’ils ont réalisé chacun sur leur domaine et à leur manière. Depuis, la relève a pris conscience de la grandeur de nos terroirs, de notre incroyable diversité, de notre histoire, et de nos paysages, arbres, haies, etc. (« pays sage » dit Eric Orsenna) qui ont un grand écho dans le monde. Sans oublier la haute précision des six micro-appellations, tout juste 400 hectares au total — Savennières, Coulée de Serrant, Roche aux moines, Chaume, Quarts de Chaume, Bonnezeaux —, propres à la Loire et uniques. Et du vin comme produit de civilisation remontant au moyen âge et au roi René d’Anjou.

    Ivan Massonnat

    Vous êtes encore en phase développment, la Paulée d’Anjou recrute-t-elle ? Nous sommes sortis du confidentiel et de l’entre-soi qui caractérisaient la Paulée il y a dix ans. Mais grossir la troupe n’est pas un objectif en soi, un numerus clausus à une centaine de vignerons paraît un seuil raisonnable pour représenter et promouvoir de manière compréhensible la cohérence et la complémentarité de nos trois sous-régions — Anjou, Saumurois, Bourgueil.

    Comment la Paulée va-t-elle continuer à refaçonner le visage de l’Anjou viticole? Pour poursuivre le travail accompli il va falloir situer notre registre au-delà du commerce des salons et congrès, et élargir nos cercles d’influence à divers sujets comme l’économie, la politique, la culture. Et sans doute constituer une équipe pour l’organisation de la manifestation. Car pour l’instant ce sont les vignerons qui mènent la barque et il faut leur restituer le temps qu’ils y passent à leur vrai métier, la vigne et le chai. Ce qui ne les empêchera pas de choisir ensemble les thématiques à développer, de prendre la parole et de structurer le débat, sans l’enfermer.

    Passons à votre domaine Belargus. À plus de 100 € une bouteille de votre quarts de chaume Les Rouères ou du coteau du Layon Coteau des Treilles, votre propriété est au top des prix des vins d’Anjou. Y a-t-il, derrière la vôtre, une stratégie d’augmentation des prix des vins de la communauté de la Paulée? Pas directement. J’ai voulu créer une amplitude de prix qu’on refuse à la Loire et a fortiori à l’Anjou: c’est une injustice. Pour l’instant entre les entrées et les hauts de gamme les rapports de prix sont trop réduits. Si l’on compare avec d’autres régions, entre des surfaces plates qui produisent beaucoup et des coteaux très difficiles à exploiter on voit que l’amplitude va de 5 à 10. En Anjou les vignerons qui produisent de grands vins à des coûts de production élevés ont l’impression de ne pas les vendre assez cher. À Belargus, j’ai établi une amplitude de 5. Les acheteurs de grands crus

    Azuré Papillon azuré mâle ou Bel-Argus

    sont habitués à les payer cher, très cher même. Le Coteau des Treilles qui est un vin extra-ordinaire, n’est pas « très » cher et, croyez-le ou non, à ce prix les connaisseurs ne trouvent pas d’équivalent en Bourgogne ou d’autres régions de grands crus où il faut mettre deux ou trois fois plus pour ce niveau de qualité. De la revendication légitime d’une meilleure amplitude des prix des vins de l’Anjou j’ai voulu faire passer un message politique et j’assume ma position. Sous l’influence d’observateurs comme ceux de Decanter ou de Wine Advocate par exemple, le plafond de verre est en train de sauter car le segment de marché qui apprécie à sa juste valeur ce qu’il y a dans la bouteille, est prêt. Et pour que les crus de nos coteaux soient reconnus à leur juste valeur il faut que leur prix corresponde à la fois à la qualité du travail et à celle du vin.

    Cette reconnaissance passe d’abord par l’international ? Absolument. La reconnaissance des vins du Jura dont on parle pas mal en ce moment, est venue de New York. Idem pour les crus du Beaujolais. En matière de vin le Français est assez conservateur et a souvent l’impression de tout savoir. Et pour y croire quand il s’agit d’Anjou ou de muscadet par exemple, il a besoin de la référence des observateurs américains, qui ont l’esprit plus ouvert.

    Vous avez une formation d’ingénieur telecom et vous êtes financier de profession: quelle est votre histoire avec le vin ? Une histoire d’amour. Et une histoire d’enfance: je suis d’origine savoyarde, mon grand-père conduisait une vigne familiale sur quatre à cinq parcelles, j’aimais les odeurs, les gestes, et le plus beau jour de l’année était la fête des vendanges. Devenu adulte j’ai passé mon temps à essayer de comprendre le vin. D’abord dans les vignes et dans les caves de Bourgogne alors très accessible. Puis quand plus tard mon rêve de vin s’est précisé et que j’en ai eu les moyens, j’ai essayé d’acheter à Chinon, sans succès, avant de me concentrer sur l’Anjou où j’ai passé deux ans à chercher dans une zone de 20 km autour d’Angers. J’ai beaucoup rencontré de vignerons et d’intermédiaires, appris les différences des sols et des terroirs. Et puis j’ai eu de la chance, je me suis trouvé au bon moment au bon endroit…

    Jo Pithon et Ivan Massonnat devant le coteau des Treilles

    … vous avez rencontré Jo Pithon… C’est ça. Plus précisément, je voulais bâtir un domaine sur les plus beaux terroirs de l’Anjou noir — coteaux du Layon, quarts-de-Chaume, savennières. Avec l’Anjou noir on est dans un chaos géologique du Massif Armoricain à l’ère primaire, disons 500 millions d’années. D’une parcelle à l’autre on trouve des sous-sols très hétérogènes qui vont donner des profils aromatiques complètement différents. Alors en 2018, suite à une succession d’opportunités, de rencontres et de circonstances j’ai pu réaliser ce rêve en six mois. La première partie du futur Domaine Belargus a été constituée des vignes achetées à Jo Pithon, neuf hectares sur les coteaux du Layon. Ensuite, j’ai pu acquérir des parcelles de quarts de chaume au cœur historique de l’appellation (la seule à avoir des Grands Crus) que je lorgnais depuis plusieurs années, deux parcelles adjacentes, Les Rouères et Le Veau. Puis encore 10 ha d’un seul tenant. Et j’ai pu acheter des parcelles à Savennières, puis 6 autres ha sur l’autre rive du Layon. Belargus couvre 24 ha. Sur la carte ci-dessous on voit bien comment il est implanté et quel est son relief.

    C’est le Coteau des Treilles qui vous a finalement décidé? Ça a été un vrai choc, un coup de foudre. J’ai pensé que cette faille géologique très pentue exposée plein Sud devait tout simplement devenir un haut lieu du vin. De tout temps le Coteau des Treilles, face à la petite rivière du Layon qui va se jeter à l’ouest dans la Loire, a été couvert de vignes, les vieilles cartes postales en attestent, mais a été abandonné après-guerre. Les coteaux du Layon historiques sont aujourd’hui couverts de forêts et de maquis abandonnés car trop difficiles à cultiver. À la fin des années 1990, Jo Pithon avait eu cette idée un peu folle: « il y avait des vignes sur les coteaux juste en face des Bonnes Blanches, et si on replantait ? » Lui et sa femme Isabelle Paillé ont passé cinq ans de leur vie à acheter 70 parcelles à 25 propriétaires pour reconstituer le vignoble et le remembrer ! De plus l’endroit bénéficie d’un microclimat méditerranéen, avec un nombre incroyable d’individus par espèce que ce soit de faune ou flore, tout à fait extérieures à l’Anjou. Il a d’ailleurs été étudié par des botanistes dès le XVIIIème siècle. En 2009, il a été officiellement classé réserve naturelle régionale sur 10 ha, protégé et géré par la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux). C’est un écrin de biodiversité extraordinaire qui n’a jamais connu la chimie. Visuellement, ce coteau pentu jusqu’à 70% est aussi un choc graphique. Alors je me suis dit: « ça y est, c’est forcément là, en Anjou, le point de départ de l’aventure. »

    La pente à 70% du Coteau des Treilles vue d’en haut

    Quelle est votre idée du vin ? En plus de ce qui est dans la bouteille, ce qui m’intéresse c’est tout ce qu’il y a autour, l’humain, les paysages, l’histoire, la géographie, la gastronomie avec un côté hédoniste — j’aime beaucoup trouver les bons accords mets/vins. Le vin est pour moi un medium, un moyen de transmettre au sens large, entre les générations, de réunir des gens d’horizons différents, de rapprocher les hommes, qui en ont bien besoin surtout en ce moment.

    Sources : conversation téléphonique du 26.07.22 et entretien avec Vin sur Vin du 20.09.20

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