Louis Allard, directeur du Château Sigognac situé au nord du Médoc à Saint-Yzans, livre un premier témoignage de sa vision du vin et notamment de celui qu’il a élaboré spécialement pour la Cuvée Mtonvin n°8, dont la réservation sera close au 15 juillet.

La cuvée spéciale Mtonvin: le juste milieu
Après douze mois de barrique, votre vin va être mis en bouteille au mois de septembre et livré en novembre. Il va avoir besoin de se poser un bon mois avant de s’épanouir jusqu’à 10 ans. Les cabernets sont jolis et les merlots pleins de fruit. Il a une jolie trame de fond, une belle tension, de la garde. Avec Eric Boissenot notre œnologue, nous avons voulu faire un vin plaisir avec cette identité médocaine qui me tient à cœur et à vous aussi si je comprends bien… Et puis cela fait du bien de retrouver de la fraîcheur après les trois précédents millésimes torrides et d’avoir un vin qu’on est pas obligé de stocker 20 ans avant de l’ouvrir. La Cuvée Spéciale Mtonvin est un vin de juste milieu, entre l’attente et l’immédiat.

Situation de Sigognac à Saint-Yzans

2021, millésime bordelais
Le 2021 est un millésime particulièrement hétérogène, dur, humide, mais Château Sigognac a été épargné: pas de gel, une belle arrière saison, une bonne concentration des raisins. Les millésimes 2018, 19 et 20 ont été exceptionnels en degré alcoolique — on a vu des merlots à 15 presque 16° —, et ils ne sont pas vraiment typiques de Bordeaux. On peut évoquer le 2003 tant vanté mais qui a eu bien du mal à avancer dans le temps. Le 2021 est un millésime plus bordelais, moins chaud, digeste, prêt à boire. On pourrait faire le rapprochement avec 2012 qui est délicieux.

Mon cher terroir
Je cherche à faire des vins qui ont une identité Médoc mais qui me ressemblent, sans chercher à « faire comme » tel ou tel château. Des vins sur le fruit, avec de l’équilibre, de la tension, en résonance avec le terroir de Sigognac argilo-calcaire avec des sols frais — assez atypiques dans le Médoc, à 80% graves dans le sud, sablo graveleux au centre, avec un encépagement en majorité cabernet sauvignon, alors que Sigognac est à 50% merlot. Le sol d’ici procure au vin de la minéralité et de la tension, et je veux ne pas trahir le terroir.

Chai du château Sigognac

Humilité et présence
Pas de technologie comme dans les grands châteaux, ni de robotisation, de calcul et d’analyse — des feuilles, des baies, des peaux, de la pulpe, de la pétiole… Je n’en fais plus aucune aujourd’hui : avant de récolter je goûte avec Eric Boissenot et quand j’estime que c’est bon on peut vendanger. Il ne faut pas tout vouloir contrôler, mais plutôt avoir plutôt du bon sens paysan (nouveau pour moi mais je m’améliore !), c-à-d avoir une capacité à rester humble vis-à-vis de la nature. Il faut de la « présence » — à la vigne, au chai, aux dégustations. Quand on se préoccupe de tous ces facteurs en cherchant sans relâche la pureté du raisin, la marge de progression est immense. J’ai 37 ans et je me donne dix ans pour arriver à l’excellence. Chaque année nous affinons la « trame » des vins — fraîcheur, minéralité, expression du terroir —, c’est pour cela que nous faisons de plus en plus de cuvées parcellaires pour capter et valoriser la typicité avant d’assembler et pouvoir ainsi mieux exprimer la réelle identité du vin.

À SUIVRE