LES QUATRE SAISONS DU BUVEUR : 3/4 — L’HIVER
PIERRE CHALMIN
Le corps et l’esprit
En capilotade,
Gravement malade
Pierrot tient le lit ;
Et dans sa demeure,
Colombine pleure
Lamentablement
Et prie humblement
Dieu d’être clément
Pour que son amant
Ne meure.
(Xavier Privas)
3. VILAIN HIVER
Si Colombine est triste, Pierrot tient pourtant encore le zinc, infiniment préférable au lit. Il s’est mis au lit, il est mort, c’est une leçon d’automne. La station debout n’est donc pas qu’un pléonasme, d’autant que l’hiver est cruel cette année encore.
L’hiver n’est pas gai, il ramène en fêtes avec lui parents, enfants, femmes et familles; sans champagne il ne serait tout simplement pas tenable. Les « vieux » sont odieux, la « bonne » femme l’est moins que jamais, quant aux « gosses », on n’en finit pas de se demander qui les a faits si tarés. La petite a déjà les nichons qui poussent : « Montre voir au monsieur, montre-lui donc ! on va pas te violer… Bon, elle veut pas… Va-t-en salope ! » Le cadet seul incarne l’espoir, il est nul à l’école : « Mon portrait craché !… Je lui dis toujours, tu feras comme ton père, tu joueras au Loto. » (suite…)