LA BOUCHE DE MICHEL SERRES
Depuis le blog de Jacques Berthomeau
« Yquem réveille la deuxième bouche, la seconde langue, la révèle en la deuxième communion »
Nous tous les discoureurs, les beaux parleurs, les gratte-papier, nous tous qui mettons des mots, trop de mots, sur le goût des vins, grands ou petits, lisons avec humilité et soin ce magnifique texte de Michel Serres (ci- dessous). JB

« Je me souviens, dit-elle, avec reconnaissance du moment où j’ai reçu d’un grand vin ma nouvelle bouche : le jour de ma deuxième communion. La bouche d’or commence à jaser, ne cessera de le faire. La parole, comme une reine, règne sans partage sur les lèvres et la langue. Impérieuses, exclusives. Or, elles traversent des lieux sans bouquet ni saveur. (suite…)



de moi, je commençai de trouver une qualité qualité exceptionnelle à cette soirée improvisée et je vis que mes deux camarades étaient à l’unisson de cette croissante félicité. L’ébriété qui nous avait saisis n’était en rien cette franche gaieté qui précède l’ivresse, mais plutôt, s’il était possible de le formuler ainsi, un discret bonheur à exister, sans autre forme de procédure. La conversation se révéla d’une douceur poétique inusitée et l’habituelle pudeur à deviser des choses les plus simples dissipée.