HERVÉ LEBEC

En auditeur attentif du « À Voix nue » de Gérard Oberlé diffusé sur France Culture fin août, début septembre 2010,  je vous invite à découvrir un de ses livres intitulé Itinéraire spiritueux, publié il y a exactement quatre ans chez Grasset.

Tout un programme que l’auteur résume ainsi :  “L’ancien mot ivrongne est l’anagramme de vigneron. J’ai voulu célébrer les deux dans un récit familier et burlesque où se croisent aussi des poètes et des paysans, des bonnes filles et des vilains garçons, des chanoines et des chiens, des barmen, toutes sortes de paroissiens… et mon père. Le cul des bouteilles m’a servi de lorgnette et les verres à cocktail de kaléidoscopes. Disons que ma vision du monde est un peu trouble. Une chance ! Quand je verrai les choses comme elles sont réellement, il sera temps de fermer boutique.

Spirituel et spiritueux dérivent de la même racine.
Enfant, c’est à l’église et au bistrot que le narrateur d’Itinéraire spiritueux a appris la musique, par des cantiques et des chansons à boire. Il a poussé comme un lys des champs entre eau bénite et eau-de-vie, à une époque et dans un milieu où la mode était aux bons maris, bons pères, bons ouvriers et bons chrétiens. La pratique quotidienne de ces vertus demandait des compensations. C’est dans la bouteille qu’on allait les chercher le plus souvent.

Trajets toujours arrosés, itinéraire romanesque débordant, avec bacchanales et gueules de bois domestiques ou exotiques, roulis et tangages, voies solennelles et culs-de-sac, beaux accords et lourdes factures, blandices et brouillards, soixante années de croisières où les vents ont soufflé comme des désirs en fête, avec des récifs où chantent les sirènes, des ports sans angoisse, des cabarets de la dernière chance et, toujours, de nouveaux appareillages.

“Ses livres, ses voyages, et ses déplorations du temps qui passe, sont loin d’être solubles dans l’alcool. Fidèle aux mythes allemands, dans ce monde tragique, il se voit en meneur de la danse macabre et en timonier de la nef des fous. Où il embarquerait des amis choisis, avec qui il boirait le sang des copains, ces bouteilles issues des buttes rouges imprégnées de souvenirs.”
Luc le Vaillant, Libération.

“N’ayant jamais séparé le vin et l’encre, les viticulteurs et les littérateurs, ses belles reliures et ses grandes bitures, Gérard Oberlé les célèbre ensemble dans Itinéraire spiritueux, un ouvrage de “haulte graisse” qu’on déconseillera aux foies fragiles et aux âmes sensibles. Comme un défi aux lois qui régissent les démocraties commerciales, cette autobiographie d’un genre un peu particulier déroule ses sortilèges sur le mode d’une célébration baroque de l’excès.”
Sébastien Lapaque, Le Figaro littéraire.

Ce livre a été couronné par le Prix Mac Orlan, le prix Edmond de Rothschild et le prix Rabelais.

On peut le trouver en librairie ou en ligne, et en édition originale à la Librairie du Manoir de Pron (Manoir de Pron – 58340 Montigny-sur-Canne – http://www.pron-livres.fr) où des éditions originales et autres curiosités toutes plus salvatrices les unes que les autres vous attendent, notament sa traduction des lettres de Jim Harrison Ramages et plumages.
Voir aussi  le site qui lui est consacré <http://gerardoberle.over-blog.com>

De fait à l’instar d’un animal qui fait notre bonheur, dans l’Oberlé tout est bon !