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  • FINE WINES OF NEW YORK STATE

    par Daniel J. Berger | Avr 5, 2009

    By DEAN TUDOR

    The Time and Date: Wednesday, February 18, 2009 2PM to 5 PM
    The Event: Uncork New York : the Fine Wines of New York
    The Venue
    : Chefs’ House, George Brown CAAT, 215 King St. East, TORONTO, 416-415-5000
    215 King St E
    The Target Audience: wine press and wine trade.
    The Availability/Catalogue: at best, scattered. There are some agents (e.g., Hanna for Raphael, Edward’s for Bedell) but Robert Ketchin is your best bet for details on availability. The emphasis, of course, was on expensive wines, over $25 to showcase the productions.
    The Quote/Background: It has been years since the last New York trade show was in town, also at George Brown. Much marketing has been concentrated at the Fall and Spring consumer wine shows, as well as HOSTEX.
    We were delighted that there was a seminar for us to catch up with New York wine development. Robert Ketchin led a PowerPoint presentation and we had notes and a CD of screen captures.
    We tackled the three principal areas: Finger Lakes, Long Island and Hudson River (33 wineries on the Hudson), with many facts and figures and wines to taste. (suite…)

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  • VASTE LIBATION EN TOSCANE (3)

    par Daniel J. Berger | Avr 4, 2009

    DANIEL J. BERGER

    La Toscane viticole se porte bien et veut faire savoir que le Chianti continue de s’améliorer, que les Super Toscans sont devenus un modèle haut de gamme qui s’exporte, copié aux USA, en Australie et ailleurs.
    Elle a organisé du 18 au 21 janvier dernier un libation mahousse pour la presse européenne : plus d’une centaine de vins présentés, dégustés et… bus.
    Suite et fin du reportage.

    MERCREDI 21.01.09

    — BOLGHERI : Grattamacco, collectif de vignerons de l’appellation
    — COLLINE LUCCHESI : Tenuta Valgiano
    — Collectif MONTECARLO

    •   Podere Grattamacco.

    Les bâtiments de Grattamacco, créé de toutes pièces il y a une vingtaine d’années, sont situés sur une colline entre Castagneto Carducci et Bolgheri, et de la salle de dégustation on domine le vignoble qui ondule entre bois et forêts sur 12 ha (photo ci-dessous).

    C’est la propriété de Claudio et Maria Tipa,  frère et sœur qui possèdent également Colle Massari à Cinigiano entre Grossetto et Montalcino, remarqué pour l’audacieux dessin du chai au milieu des vignes, un « monument du vin » confié à l’architecte Edoardo Milesi. Il est 10h15, la dégustation commence :

    — Grattamacco blanc 2006 — vermentino 100%, 6 mois de barrique, 6 en bouteille. Joli nez végétal, fumé, boisé. Janna Rijpma me murmure : « un vin bio pour thalasso qui me rappelle mon passé. »
    — Albarrello 2005 — CS 70%, CF 25%, PV 5% (29 €) : nouveau Bolgheri Sup, à mûrir.
    — Bolgheri 2005
    — CS 50%, SGV 30%, M 20% (14 €) : « Bien que l’appellation Bolgheri DOCG n’existe que depuis 1994, nous savons faire des vins internationaux au « goût italien » typique libéré du « goût français » » explique le maître de chai.
    — Grattamacco rouge 2005 — 65% CS, M 20%, 15% SGV, qualifié « vin de terroir » (45 €).
    Conclusion du maître de chai, Luca Marrone : « nous sommes plus jeunes que bien des Australiens et des Chiliens ! » Veut-il dire que la Toscane a rejoint le Nouveau Monde ?

    toscane_gratamacco

    •    Ristorante da Ugo à Castagneto Carducci : dégustation d’un collectif de viticulteurs de Bolgheri

    Nous sommes réunis ensemble sur une grande table longue pour déguster un présentation collective des appellations Bolgheri et Bolgheri Rosso Superiore, puis déjeuner en compagnie des vignerons. L’endroit est sympa, c’est Pasquino qui cuisine – plats traditionnels bien sûr, pâtés, pasta, gibier. Dans l’autre partie de la salle, trois clients assez jeunes en sont à leur 2ème bouteille, et du Michele Satta I Castagni (70% CS, 20% Sy, 10% T), le plus cher (44 €/b).

    Bon niveau dans l’ensemble, des prix élevés comme celui du Caccia al Piano Levia Gravia 2004 dans lequel les cépages ont bien du mal à se complèter — CS à 70%, M à 25%, Sy à 5% : 32 €; le Castello de Bolgheri 2005 souple au départ et dur en fin, c’est inhabituel: 27 €; et Tenuta Argentiera 2005 (CS+M) propriété des frères Fratini « de Florence » associés à Piero Antinori « il Marchese » : 24 €. On on l’impression de surpayer la marque et l’appellation.

    J’ai apprécié l’originalité du Foglio38 (nommé d’après la référence cadastrale) de Fornacelle, une sélection de CF 100% aux arômes de verger (rhubarbe, artichaut) et de canne à sucre — « pas mûre » ajoute André Magalhes qui doit savoir de quoi il parle (13 €). C’est Silvia Menicagli Billi (photo ci-dessous) qui l’a vinifié, elle a des idées et des envies sans complexes

    Silvia devant notre table. À droite, la bouteille de son original Foglio38

    Silvia produit aussi un Zizzolo Bolgheri rosso DOC (60% M, 40% CS) à 13,5°, un peu discret en millésime 2007 (4,5 €); et un Zizzolo bianco Toscana IGT.

    Les Bolgheri se montrent puissants, entre 13,5° et 14,5°, et parfois somnolents ou gauches. Ils m’ont laissé l’impression à la fois d’adolescence — une majorité de vignobles ont été (re)plantées dans les années 1990 —; et de liberté — on essaie toutes les combinaisons de cépages et de terroirs, parfois laborieusement. Et créer des vins dans une région où n’existait aucune réelle tradition vinicole est certainement enthousiasmant.

    •    Tenuta di Valgiano près de Lucca, en appellation Colline Lucchesi

    À droite ou à gauche ? En passant par la petite route derrière l’église, là-bas ? On voit les lumières de la ville fortifiée de Lucca 250 m plus bas (ancienne république indépendante jusqu’à la conquête par les Français en 1799 dont Napoléon fait une principauté pour sa sœur Élisa — d’où francisation en « Lucques » —, puis duché de Bourbon-Parme en 1815, et rattaché à la Toscane en 1847). Personne ne connaît l‘introuvable maison sur la colline.

    Enfin Laura di Collobiano nous accueille, avec la distance aristocratique d’une brillante risque-tout qui a recréé ce vieux vignoble de 35 ha il y a 10 ans, y pratique la biodynamie depuis 2002 (sur tout le domaine) et la gravitation au chai (ni pompes ni tuyaux), a emprunté à trois banques et s’est entourée d’œnologues-stars — Moreno Petrini, passé par Castello Terricio et Saverio Petrelli. Elle est « un laboratoire passionnant des nouveaux vins toscans», on la considère d’avant-garde, elle sait où elle va et selon Bettane+Desseauve « chaque année ses vins gagnent en élégance de tanins ».

    Dégustation d’échantillons :
    — Palistorti 2008 (ou « poteaux tordus », impossibles à faire tenir droit dans le sous-sol de roches calcaires et de galets) : un blanc en appellation Colline Lucchesi bianco DOC – 1/3 vermentino, 1/3 chardonnay et sauvignon, 1/3 trebbiano : assez austère et sans beaucoup de charme arômatique, trop jeune sans qu’on devine comment il se développera (5,80 €), et
    —Tenuta di Valgiano 2008,
    Colline Lucchesi rosso DOC – 70% SGV, 15% Sy, 15% M : issu de vieilles vignes (1959), deux ans en barrique. Et les jeunes vignes, à 8,50 €/b (par 600 b). Puis d’ambitieux 2007 et 2006, qui se mériteront avec l’âge, où prime la quête d’harmonie entre les cépages – d’ici (SGV), et d’ailleurs (Sy, M) –, leur donnant une hauteur de ton, noble, altière, dont les trésors restent encore cachés (15 000 b/an, 25 €).

    •    Dégustation du collectif Montecarlo

    De retour à Lucca (ci-contre, vue satellite de l’enceinte fortifiée) pour une dernière dégustation collective à La Fattoria Torre :

    — Esse, rosso di Toscana IGT 2004, de Borgo La Torre (20 €), un intrigant Sy 100%, aux arômes de mûre, prune, chocolat, menthe et eucalyptus, médaille d’or au concours des Syrah en 2008 à Ampuis;
    — Cercatoja un rosso IGT 2005 de la Fattoria del Buonamico, 40% SGV-Sy, 60% CS-M.

     

    NB. « Cercatoja » veut dire « raccourci », mais en fait de raccourci, les nouveaux propriétaires de cette exploitation de 30 ha produisant 300 000 b/an, sont en plein « yop la boum » (8) : ils élargissent leur gamme de blancs, ont pris un nouvel œnologue, Alberto Antonini, refondent les chais, créent de nouvelles étiquettes, la tabula rasa quoi.

    Et lors du dîner :
    — les blancs La Ferruka, 100% chardonnay; Altair, bianco di Toscana IGT 2007, viognier et vermentino 50-50 de Borgo La Torre (4 500 b/an); et Vasario 2004, pinot blanc et sauvignon de Buoamico frais et fruité;
    — les rouges Stringaio 2005, rosso di Toscana IGT de Borgo La Torre, 70% Syrah, 30% CS; Il Fortino 2005, Toscana IGT de Buoamico, 100% Sy; et pour finir, encore Esse, rosso di Toscana IGT 2004, de Borgo La Torre (mon préféré de la journée).

    (8) Expression qui plaît tant à Daniel Percheron, « Léon » pour les intimes, cf. son Bruits de langue (10/18, 2009). Lire aussi ses Notes de bar (Le Passage, 2008), malicieuses restitutions d’ambiances où ne manque que la mention du contenu des verres lampés au zinc des (nombreux) établissements visités.

    Mes conclusions de cet aperçu très partiel de la Toscane viticole :

    — Une réelle diversité des expressions de terroirs et des combinaisons de cépages ou avec ou sans sangiovese, cépage local traditionnel, manquant souvent de la souplesse du merlot et de la race du cabernet sauvignon, mais qui s’allie naturellement avec la cuisine toscane.
    Les uns, qui font du vin librement dans des zones où n’existait aucune tradition vinicole, attribuent au sangiovese un rôle d’arbitre face à ces « cépages internationaux » qui l’accompagnent ou le supplantent.
    Les autres qui lui confèrent un caractère identitaire, ne tolèrent de cépages extérieurs qu’en renfort, pour atténuer la sécheresse tannique du SGV et en allonger la fin de bouche.

    Ces oppositions de vues et de projets, qui peuvent néanmoins s’abouter par les extrêmes (parle-t-on d’une proportion de SGV dans le mélange de cépages internationaux majoritaires, ou d’une porportion de cépages internationaux dans le SGV cépage dominant ?) est cause du foisonnement des initiatives individuelles et d’une recherche de qualité commune et partagée de qualité, quelles que soient les irréductibles différences de millésimes — 2001 et 2004 dominants on l’a bien vu, et 2003 et 2005 moins réussis et vendus moins chers.

    On perçoit une situation « fluide », sans jeu de mots, car les valeurs ne semblent pas pleinement affirmées ni les règles définitivement fixées : la modification de la carte des appellations et la diversification des typicités sont toujours en quête de consensus.

    — L’œnotourisme se généralise : les exploitations souvent nichées dans des paysages séduisants ont en majorité une bonne capacité d’accueil comme à Borgo La Torre, Bulichella (hôtels), à Podere Terreno, Gualdo del Re (gîtes). La prestance de ces demeures en briques ou en pierres charpentées, avec vue sur les vignobles, les collines et les bois, a beaucoup de charme au cœur de cette région où il faut savoir marcher, écouter les oiseaux et les chasseurs, et sentir les odeurs de l’argile après la pluie, des oliveraies et des sous-bois.

    toscane_mosaique

    — Des prix élevés à l’avantage de crus aussi bien ou mieux constitués que les Médoc ou les Graves, qui peuvent se montrer en revanche plus conventionnels et manquer de la fougue et de la fantaisie toscanes.

    — Les vignerons font preuve de solidarité dans les initiatives de promotion, aidées précisons-le par l’administration — déduction fiscale (de 30% aux conzorzi et 50% au négoce) qui doit être réutilisée en promotion à l’export; campagnes publicitaires importantes (budget annuel d’environ 1,7 M€ en 2008 pour le chianti classico par exemple), soigneusement adaptées à chaque pays d’exportation.

    — La pratique répétée de la dégustation doit augmenter notre faculté de fascination et de captation au point que nous l’exprimons par la « prise » de vues répétée. Regardons-nous : des pictophages !

    F I N

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  • VASTE LIBATION EN TOSCANE (2)

    par Daniel J. Berger | Avr 4, 2009

    DANIEL J. BERGER

    La Toscane viticole se porte bien — le Chianti continue de s’améliorer, les Super Toscans sont devenus un modèle haut de gamme qui s’exporte, copié aux USA, en Australie et ailleurs.
    Pour le faire savoir, elle a organisé du 18 au 21 janvier dernier un libation mahousse pour la presse européenne : plus d’une centaine de vins présentés, dégustés et… bus.
    Suite du post précédent.

    MARDI 20.01.09

    — SAN GIMIGNANO : Casale–Falchini; Consorzio San Gimignano Vernaccia
    — CASTELLINA MARITIMA :  Castello del Terricio

    •    San Gimignano

    En tournant autour et dans quelque axe qu’on le regarde, le village de San Gimignano qui nous surplombe intrigue par la hauteur de ses tours (photo ci-dessous).

    Depuis quel siècle la tour est-elle signe de puissance et de domination, d’exigence existentielle, de durée et de foi humaine, autant que la cathédrale ? Et jusqu’à quelle époque ? Au 11 septembre 2001 ? Après cette date, la tour peut-elle encore être le signe de tout cela à la fois ? Aux XII et XIIIèmes siècles, San Gimignano en comptait 70, carrées, rivalisant de hauteur, dont aujourd’hui 13 restent encore debout orgueilleusement. Est-il compréhensible qu’à la grande époque toscane on ait bâti en hauteur plutôt que d’étendre la cité ? Énigme.

    (suite…)

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  • VASTE LIBATION EN TOSCANE (1)

    par Daniel J. Berger | Avr 2, 2009

    DANIEL J. BERGER

    La Toscane viticole va bien, elle le fait savoir, le Chianti continue de s’améliorer, les Super Toscans sont devenus un modèle haut de gamme qui s’exporte, copié aux USA, en Australie et ailleurs.

    La Région Toscane et la FIJEV coopèrent pour promouvoir les vins primés fin 2008 lors de son concours annuel (85 lauréats sur 1 200 candidats) en invitant la presse internationale à venir les déguster sur place, en rencontrant les vignerons toscans.

    La première opération 2009 a réuni 17 journalistes européens, dont j’étais.

    Libation mahousse : plus d’une centaine de vins présentés, dégustés et… bus.

     

    Du 18 au 22.01.09, la visite nous a fait découvrir :
    — une grande diversité d’expression des terroirs et de combinaisons de cépages, avec ou sans le sangiovese.
    — Des prix assez élevés si on les compare aux crus français du Médoc ou des Graves.
    — Un esprit coopératif entre vignerons, alliés pour promouvoir leur production.
    — Des attitudes et comportements favorisant l’œnotourisme et des équipements adaptés.

    LUNDI 19.01.09

    — CHIANTI CLASSICO : Castellare; Podere Terreno; Fèlsina
    — SIENNE : Enoteca Italiana

    •    Florence — 9 heures. Brume. L’Arno coule mollement, vert algue. Depuis la via Mazzetta on devine le ponte vecchio en grisé, juste avant que le car ne s’engage derrière les Offices.

    Hier soir sous la pluie, en longeant les façades de Santa Maria del Fiore depuis l’abside jusqu’au baptistère San Giovanni, j’avais l’impression d’être devant un immense damier de dominos byzantins : dans le soir humide, le contraste noir-blanc des marqueteries de marbre aux motifs compliqués était obsédant. C’était avant le dîner à l’hôtel Bernini, avec les quatre premiers vins de la vaste libation (1).

    (1) – Un Rufina Nipozzano Riserva 2005 de Frescobaldi sur des bruscette (foies de volailles et bruschetta); un Montepulciano Cerro 2005 sur un ragoût de lièvre et tagliatelle; un Brunello La Poderina 2003 sur une tranche de bœuf grillé, pommes de terres sautées et salade; et un vin santo Il Tracio 2001 sur un gâteau de fromage à la sauce de framboises chaude.
    Rappel : le vin santo est un blanc (doré) de raisins passerillés de trebbiano et malvasia, semi-doux, alcoolisé (16-17°), vieilli de 3 à 6 ans en petites barriques (caratelli).

    Nous sommes en route pour le Chianti Classico en sortant de Florence par les quartiers anciens. Sur la Via Senese, vieille porte cloutée qui doit bien avoir 6 à 700 ans. Dans une lumière ouatée au loin, les premières collines toscane. Le haut de chacune d’elle est coiffé d’une demeure au toit plat, d’un castello ou d’un donjon crénelé en vigie depuis des siècles, ou simplement d’ifs isolés ou d’un cortège de cyprès en ligne. Sur le sol affleure par endroits des reflets beiges de craie.

    On est frappé par le caractère civilisé du paysage, un paesaggio costruito par l’histoire. Les Toscans dessinent depuis longtemps le grand livre de la nature, en y appliquant leur sceau créatif — géométrie des oliveraies, des jardins et des vignes vallonnées, certaines aménagées en terrasses ceintes de murets; tracé graphique des chemins; bosquets parsemés, dans toute une gamme de verts; petits oratoires flanqués à flanc de colline, modestes églises ocres, harmonieuses maisons de maîtres comme de fermiers… — alliant avec goût l’expression de l’intimité des lieux domestiques et celle du monumental florentin ou siennois.

    (Ci-dessous à gauche le Buon Governo du peintre Ambroglio Lorenzetti, en 1338; et à droite, la Madonna dell’Umilitá de Giovanni di Paolo, milieu du XIVème, évoquant le paysage toscan déjà « costruito » à la Renaissance.)

    fresques1

    Et la pratique toscane d’apostille environnementale se poursuit, rien n’est figé, la construction du paysage se poursuit : les Marchesi Antinori ont demandé au bureau d’architectes Archea Associata de dessiner un nouveau chai, presque entièrement enterré sur une pente douce de leur vignoble de Bargino à San Casciano (ci-dessous : seules seront visibles les ondulations de la partie émergée, d’où l’on découvrira à perte de vue les vignes de Val di Pesa. Les Toscans continuent donc de dessiner leur environnement avec ce même goût qui l’a « humanisé » et préservé depuis des siècles.

    •    Castellare di Castellina — Né en 1969 du remembrement de cinq exploitations, Castellare s’étend sur sur 33 ha plantés en amphithéâtre à 350-400 m, exposés sud est sur un sol schisteux-argileux friable — le galestro — dans un environnement de bois et forêts sur la commune vallonnée de Castellina in Chianti. Le domaine produit environ 200 000 b/an, soit 55 000 de Classico et de Classico Riserva (Il Poggiale), 50 000 de Governo, un rouge fruité et frais; 35 000 d’I Sodi di San Niccolò que nous allons déguster; et entre 4 et 5 000 de Coniale, un cabernet sauvigon (CS) élevé en barriques, et de Poggio ai Merli, 100% merlot (M). En blanc, 15 à 20 000 de Le Ginestre (chardonnay et sauvignon), de Canonico (chardonnay 100% fermenté en barriques bouchées à la cire), et de Lo Spartito (sauvignon élevé en barriques lui aussi). Et quelques milliers de vin santo.Rendements inférieurs aux moyennes du Chianti Classico Pas d’assemblage CS/Sangiovese (SGV) (2).

    (2) Sangiovese (SGV) — ou « sang de Jupiter » — typique de la Toscane, appellé brunello à Montalcino, ou prugnolo gentile à Montepulciano. Outre la distinction entre le picolo sangiovese, ou sangiovetto (à petits grains), et le grosso (gros grains), il existe une soixantaine de variétés et clônes torgiano d’Ombrie, morellino de Scansano en Maremme, SGV de Romagne, etc.

    C’est donc un cépage très varié, qui dispense une bonne acidité et pas mal de tanins, mais dont la couleur est fragile. S’accommodant des variations de climat et de terroir, il donne des vins bien différents, tantôt légers, tantôt amples, tantôt complexes. Il s’assemble bien, notamment avec le CS, la syrah (Sy) ou le canaiolo nero. Le SGV est planté en Californie, au Chili, en Australie mais n’y donne pas de grands vins comme en Toscane.

    NB – Le scandale du Brunello en 2008 vient du fait qu’il est censé être produit en SGV à 100%, mais il est souvent « soutenu » par des vins du sud — pratique interdite mais souvent utilisée, secret de polichinelle — censés arrondir la sécheresse tannique et allonger la finale. Et… les grandes maisons se sont fait prendre la main dans le tonneau. Ce scandale clarifiera peut-être le statut du SGV — de mauvaise réputation dans les années 1970-80 et devenu respectable — qui, si cultivé dans les meilleures conditions climatiques de chaleur, d’ensoleillement et de terroir, ne devrait plus avoir besoin de « vin médecin ».

     

    Au cours de ce voyage, on ne pourra malheureusement pas obtenir de précisions sur les suites de l’affaire de fraude qui a fait trembler le mundillo toscan, ni de déclaration de principe… « Y en a pas » nous dit Filippo, les producteurs de Brunello se sont engagés à « respecter les règles » vis-à-vis du marché. En novembre 2008, ils ont déclaré à la quasi unanimité (96%), Antinori et Banfi en tête, s’engager à ne rien modifier : 100% de SGV dans le Brunello di Montalcino, ma… avec une tolérance d’autres cépages, 2 ou 3% pas plus, promis ! Une chose et son contraire, paradoxe rital.

    À propos du Poggiale, le Riserva qu’il a créé ici en 1993 (7 000 b/an, et seulement les bonnes années), Alessandro Cellai affirme : « en plus des sangioveto (75%), canaiolo (10%), colorino (5%) et malvasia nera (5%), j’ajoute 5% de ciliego, un cépage ancien (ciliega = cerise) qu’on a isolé dans les vieilles vignes, et qui développe des arômes assez sanguins. Vous savez, on peut rivaliser avec les Super Toscans (3) en gardant nos cépages autochtones, sans ces cabernets ou merlots qui ont pollué la culture vinicole toscane authentique. »

    Originaire de Sienne, la quarantaine bedonnante, Alessandro Cellai a hérité du petit domaine viticole de son oncle, « un prêtre qui se faisait 2 000 b /an de classico pour la famille et les amis et… les autres prêtres.  C’est lui qui m’a donné la passion. » (cité par Jacques Dupont, Le Point 02.09.04)

    (3) Le terme Super Toscan (ST) a été lancé par la presse anglo-américaine pour qualifier les vins du littoral et de l’intérieur issus de cépages « internationaux »  — CS, syrah, merlot (M) — non autorisés dans la région. Les ST ont donc été classés en simples « vins de table » puis, en 1992, en IGT (Indicazione Geografica Tipica, équivalent de « vin de pays »), mais pas en DOC(G) (équivalent AOC) comme les autres vins de Toscane — chianti, chianti classico, Montalcino, Montepulciano, etc. —, issus obligatoirement du cépage SGV tout ou partie (75% minimum avant 1992, puis 80%, tendant vers 100% depuis). Seul ou assemblé au SGV, le CS développe des arômes de cerise et de cassis apportant de la sucrosité au vin, qui atteint 14°+ tout en conservant une bonne acidité. On a parlé de « Bordeaux toscan ».

    C’est en 1968 que l’Azienda Agricola San Felice produit un 1er ST, le Vigorello, suivi dans les années 70 du Tignanello de Piero Antinori (85% SGV, 10% CS, 5% Cabernet Franc) — la famille Antinori qui fait du vin depuis six siècles, a pris exemple sur un petit cru totalement inconnu à l’époque, le Sassicaia, produit près du littoral autour de Bolgheri par un cousin (le marquis Incisa de la Rochetta), devenu emblème du ST.

    Avec un esprit de challenge conquérant et décomplexé assez inhabituel dans l’Europe viticole, les producteurs ST remportent des prix devant les Chianti les plus réputés. Les ST renommés sont ceux de Piero Antinori et de son frère Lodovico (Ornellaia), d’Angelo Gaja, des marquis de Frescobaldi, de Rossi di Medelena (Terricio), de Banfi, en général de grandes familles et/ou des entreprises avec des moyens. Et comme un ST se vend mieux et plus cher qu’un bon classico, après les traditionnels Fèlsina, Isole e Olena, Monte Vertine, Fontodi ou San Giusto a Rentennano qui ont emboîté le pas, bien d’autres vignerons du Chianti s’y sont mis à leur tour.

    Le phénomène ST dure, le marché lui sourit, notamment aux USA — on en produit en Californie, aux Seghesio Vineyards à Healdsburg par exemple — où les prix de détail démarrent entre 40 et 60 € et montent jusqu’à 150 €+.

    La règlementation italienne évoluant en permanence, certains ST pourraient être classés DOC(G). Mais les producteurs hésitent : leur réputation est déjà faite et le classement servirait moins aux vins ST qu’à l’appellation elle-même.

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