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  • DE LA LONDE-LES-MAURES À BANDOL (5/6)

    par Daniel J. Berger | Mar 28, 2019

    Nous voici arrivés au dernier vignoble de notre voyage-dégustation à Bandol, le Domaine de Terrebrune à Ollioules, créé il y a 55 ans ex nihilo et conduit depuis sans faillir, avec une lucidité et un sens visionnaire exceptionnels.

    Domaine de Terrebrune

    DOMAINE de TERREBRUNE – 15.10.18 15h

    En 1963 Georges Delille sommelier renommé diplômé de l’école hôtelière de Paris, visite la côte provençale et repère une petite bastide perdue au milieu de 7 hectares de vieux oliviers et de vignes abandonnées dont l’unique attrait est son appellation Bandol.

    Il est séduit et l’achète. Car il voit que toutes les composantes d’un grand terroir sont là, un cailloutis de calcaire bleu dans une argile brune qui va donner bientôt son nom au domaine. Cette couche d’argile de 1 à 2 mètres enveloppe directement la roche mère. Et les fissures du calcaire permettent aux racines de la vigne de descendre profondément là où elle va puiser ses éléments nutritifs, tout en régulant son alimentation en eau. Le sommelier décide de créer un vignoble digne de ce nom en transformant les lieux de fond en comble. Il ne va pas se tromper, il sait qu’il pourra produire ici des vins de gastronomie pour les grands (et moins grands) restaurants, des vins aromatiques, généreux, puissants, avec de la minéralité, de la finesse et de la longueur, des beaux vins de garde : à Bandol à cette époque, ce n’est pas encore l’habitude.

    Vont alors se succéder terrassements, restauration des restanques, soin des sols avant plantation des mourvèdre (85%), grenache (30%) et cinsault (15%). En 1975 on creuse la chai en sous-sol pour permettre aux vendanges de se déverser par gravitation sans pompage, et d’y loger progressivement huit cuves de 7 000 litres. Plus de dix ans d’effort vont être nécessaires pour que soit pleinement réalisé le domaine initial de Georges Delille.

    Georges Delille et son fils

    C’est en 1980 que débute la commercialisation des premières bouteilles, année où son fils cadet Reynald (ci-dessus à gauche avec son père Georges) rejoint le domaine après ses études d’œnologie. Il sera suivi quinze ans plus tard par son frère aîné Erick. On emploie les meilleures pratiques — labours à la charrue, piochage et taille à la main, effruitage et ébourgeonnage, traitements respectueux de l’environnement sans produits chimiques, aboutissant en 2008 à la certification AB (Agriculture Biologique) : cela n’a pas été difficile, la discipline du bio était en place depuis le début.

    La superficie du vignoble a été multipliée par quatre, couvrant maintenant 30 ha en AOC Bandol avec un rendement de 35-40 hl/ha (une bouteille par pied de vigne), pour un volume annuel moyen de 120 000 bouteilles. C’est désormais Reynald qui dirige l’exploitation, assisté par l’incontournable œnologue de Bandol, Daniel Abrial, rencontré il y a quelques heures à La Tour du Bon. Au milieu des vignes s’est ouvert un restaurant dont la carte offre des accords mets-vins recherchés. À 90 ans le fondateur continue sa tournée des restaurants clients de Terrebrune qu’il a conquis, il y en a 700 !

    Georges Delille ne s’est pas trompé, ce domaine est aujourd’hui une réussite, celle de toute une vie.

    Ci-dessous le commentaire poétique que l’on peut écouter sur le site www.terrebrune.fr

    Le ciel rythme le travail. Le vigneron défie le temps. Des sillons de labeur se gravent dans le sol. Au gré des rangs de vignes, le vigneron fait ses gammes. Le récital se donnera dans la cave. Une symphonie se joue chaque année. Chef d’orchestre, le vigneron doit conduire à la parfaite harmonie. Son idéal : tendre vers l’absolu plaisir du goût et des saveurs ludiques que peut exalter un vin bien pensé et bien construit. Toute fausse note est fatale et aucune concession n’est possible pour arriver à ses vins. La nature fait le principal, le vigneron fait le reste et s’accorde avec les éléments pour créer une œuvre authentique, dont la noblesse ne peut exister sans le courage et la passion. Le vin s’en nourrit et le vigneron s’en imprègne. Écoute, respect, sincérité le mènent aux confins de son vin. Terrebrune c’est une communion entre un sol, un climat et un cépage, une terre de passion et de patience. Au fil du temps, le vigneron modèle son domaine, au fil des saisons il élabore un millésime, au fil des millésimes il révèle son terroir. Ainsi l’histoire s’écrit, un vin se réalise. Après plus de cinquante ans, le rayonnement de Terrebrune exprime sa vérité, un parfait équilibre d’esprit, de cœur et de corps. (Ci-dessous, le vignoble de Terrebrune devant la mer).

     

    DÉGUSTATION

    les étiquettes du Domaine de Terrebune

    Depuis le millésime 2012 les étiquettes du Domaine de Terrebune mentionnent Terroir du Trias, marnes diversifiées situées sur une rare zone d’affleurement du fond marin remontant à 200 millions d’années. Des sables et des argiles riches en gypse et en sels minéraux s’y sont déposés,confèrant aux vins des trois couleurs des notes minérales inégalables, particularité revendiquée par les Delille comme une caractéristique d’excellence.
    Les bouteilles ci-dessus étaient ouvertes depuis plusieurs jours, sans aucun dommage pour les vins de notre dégustation (même constat qu’à Canadel, voir posts précédents).

    Rosé 2014 AOC Bandol (60% mourvèdre, 10% grenache, 5 % cinsault)
    Ce vin de quatre ans est fruité (agrumes), floral (violette) et minéral (fraîcheur), sans acidité agressive. Il nous réconcilie avec les rosés que nous avons plutôt dédaignés au cours de notre voyage-dégustation, c’est un vrai vin tout simplement. 25 € (prix départ propriété).

    Rosé 2017 AOC Bandol
    Même appréciation que pour le précédent, en plus retenu et moins vineux, avec des arômes d’agrumes et d’abricot sec, et de fines saveurs épicées. 17,50 €

    Blanc 2017 AOC Bandol (50% clairette, 20% ugni blanc, 20% bourboulenc, 5% rolle (vermentino), 5% marsanne)
    Couleur jaune or. Nez de fruits, de fleurs avec un peu de sel. Attaque nette et ronde avec une jolie minéralité. 10-15 ans de garde. 19,50 €

    Rouge 2015 AOC Bandol (85% mourvèdre, 10% grenache, 5% cinsault)
    Vin déjà structuré et charpenté mais trop jeune, dont les arômes pas encore assez évolués de fruits noirs, de réglisse et de cacao laissent présager un belle maturité vers 2020.
    L’assemblage à 85% mourvèdre, cépage noble à petits grains d’origine espagnole à peau très dense qui confère aux vins leur structure tannique et leur grand potentiel de garde, est le fruit de la réflexion des Delille père et fils, qui ont jugé que des qualités du terroir du Trias de Terrebrune résultaient des rouges d’une finesse certes inégalée à Bandol, mais qui devaient ne pas brider leur puissance au profit de la légèreté. 28 €

    Rouge 2013 AOC Bandol (idem)
    Les fruits noirs ont évolué, une dynamique d’heureux contrastes est apparue, la forte concentration tannique s’est apaisée, dégagée de la « bestialité » dont parlait Jim Harrison et que mentionnent volontiers certains chroniqueurs américains à la recherche de naturel ou d’organic qu’évoquent en bouche les notes de chair et de cuir, de truffe, d’épices qui résident dans ce vin mâle. 34 €

    Rouge 2008 AOC Bandol (idem)
    Dix ans ! C’est l’âge requis pour accéder à l’équilibre et la finesse, en un mot la noblesse, et nous y sommes : « le nez révèle des notes d’eucalyptus, de cèdre et de cassis. L’attaque souple et la matière très fine témoignent d’un beau travail sur les tannins. Avec ses notes de cerise et de café, ce bandol a un côté dentelle, plus fin que puissant. » (Guide Gault et Millau). 45 €

    Du 2007, que nous n’avons pas dégusté, Michel Bettane disait déjà : … constante réussite des rouges de Terrebrune qui bénéficient d’une viticulture vraiment idéaliste. Les propriétaires conservent et vendent de vieux millésimes dont le somptueux 2007, expression sublime des épices du mourvèdre arrivé à pleine maturité. NC

    Les participants à ce voyage-dégustation de La Londe-les-Maures à Bandol étaient Odette-Marie Bernier et Etienne Julienne, Geneviève Le Caër, Patrica Zolty, Bully et Daniel Berger, Danièle et Jean-Jacques Lobel, Helen et Charlie Mangani,

    À SUIVRE: RE-DÉGUSTATION DES 5 BANDOL ROUGES 2015 VISITÉS

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  • DE LA LONDE-LES-MAURES À BANDOL (4/6)

    par Daniel J. Berger | Mar 26, 2019

    Poursuivant notre quête des rouges de Bandol, nous sommes passés de chez TEMPIER à LA TOUR DE BON au chemin de l’olivette au Brûlat du Castellet et avons escaladé la colline où perche le domaine.

    LA TOUR DU BON – 15.10.18 11h30

    Tour du bon

    Entre La Cadière d’Azur et le Castellet, au Brulat, la Tour du Bon est située au nord-est de l’appellation Bandol. Le domaine est perché à 150 m d’altitude, bien ventilé et offrant un panorama dégagé sur la Sainte-Baume, la Méditerranée et les villages environnants. Le sol est composé de marnes, calcaire et silice qui facilitent le drainage lors des grosses pluies comme celles que nous venons d’essuyer.

    Agnès HenryC’est Agnès Henry, la propriétaire-vigneronne, qui nous reçoit (en photo à droite). Née à Paris, ingénieure agronome, elle ne connaissait pas le vin et rien ne la prédisposait à en faire. En 1989, après un poste dans l’agroalimentaire, sa mère lui offre de reprendre le domaine Tour du Bon acheté en 1968.

    Conquis par la beauté des lieux, ses parents M. et Mme Hoquard avaient en effet acquis le domaine plus comme une maison de vacances que comme un domaine viticole.

    A partir des années 70, ils ont tout de même replanté le domaine pour arriver à un encépagement respectant le décret des vins de Bandol : mourvèdre (45%), grenache (21%), cinsault (12%), carignan (4%) pour les rouges, et clairette (6%), ugni blanc (2%) et rolle (ou vermentino) 1%.

    En 1990, Agnès Henry a 27 ans. Sans expérience, elle engage une jeune viticulteur, Thierry Puzelat, aujourd’hui propriétaire avec son frère du fameux Clos du Tue Bœuf près de Cheverny (41). Il va s’appliquer à « dompter » le mourvèdre, le roi-cépage. Dompter ? Puzelat est capable de déployer des attributs propres au combat tauromachique, qui le fascine — force, puissance, bravoure, patience. Pendant quatre ans l’aficionado s’ancre dans le terroir avec un engagement peu commun. Lui succède Antoine Pouponneau qui, lui, ira exercer ensuite à Saumur Champigny et en Corse. Depuis, Julien Pierre a pris la suite.

    Daniel Abrial

    Le vignoble est certifié bio depuis 2014. Il ne subit donc aucun traitement chimique, seuls le soufre et cuivre (bouillie bordelaise) sont utilisés. Agnès Henry s’entoure des conseils de Daniel Abrial (à droite), l’œnologue omniprésent à Bandol et autour.

    Elle a un grand respect envers les méthodes de travail héritées des ouvriers piémontais, les premiers dit-on, à avoir cultivé la vigne dans le coin.

     

    La production de rosé domine à environ 60%, le rouge représente 35% et le blanc 5%.

    En rouge, la cuvée normale (15 000 b en moyenne, bien plus jarres de terre en 2018) est à 55 % mourvèdre, 30 % grenache et 15 % cinsault. La cuvée Saint-Ferréol emblématique du domaine, est produite à 3000 b à partir des meilleurs mourvèdres du domaine pour 85% et 15% de carignan. L’élevage des Bandol rouges s’effectue 18 mois en foudres. Les blancs et les rosés sont élevés 6 mois en cuve.
    En 2013 une nouvelle cuvée en IGP * Méditerranée a vu le jour, En-Sol, inspirée par la viticultrice italienne Elisabetta Foradori : le mourvèdre (100%) est vinifié dans 8 jarres de terre cuite (à droite) provenant de chez Juan Padilla, l’artisan spécialiste originaire de la Mancha, espagnol comme le mourvèdre.

    La pratique de la vinification en jarres se répand à Bandol, en Provence et ailleurs.

    * Indication Géographique Protégée, dénomination européenne indiquant qu’au moins l’une des étapes — production, transformation ou élaboration — s’est réalisée dans le lieu affiché. C’est une façon de s’affranchir de la règlementation de l’AOP (ou AOC, et DOC en Italie, DO en Espagne), notamment sur l’assemblage, ici mourvèdre à 100% ce qui excède la proportion maximum de ce cépage autorisée pour l’AOC.

     

    DÉGUSTATION

    Rosé 2017 AOC Bandol
    Agnès Henry annonce d’emblée qu’ « il faut savoir ce qu’on veut faire avant de commencer: ceci est un vrai rosé de Bandol (mouvèdre 40%, 30% cinsault et 30% grenache) avec 13° d’alcool. On s’est efforcé de ne pas privilégier la bouche sur le nez ni le contraire. » L’amertume en fin de bouche est assez élégante. On est plus près d’un vin blanc que d’un vin rouge. 17 €

    Rouge 2015 AOC Bandol
    Assemblage tout en finesse de 55% mourvèdre, 30% grenache, 15% cinsault. À re-déguster plus tard. 22 €

    Rouge 2012 AOC Bandol Cuvée Saint-Férréol Vin Rouge 2012 AOC Bandol Cuvée Saint-Férréol

    Provient d’une sélection des meilleurs mourvèdres sur les parcelles argileuses du domaine.

    Il n’a pas été élevé en jarres de terre cuite, qui en 2012 n’équipaient pas encore le cuvier.

    À huit ans d’âge, le vin est prêt à boire « de préférence avec une daube ou un carré d’agneau, il appelle le sang » souligne Agnès Henry. NC

     

    Cuvée En-Sol 2016 IGP MéditerranéeCuvée En-Sol 2016 IGP Méditerranée
    Mourvèdre 100%. Vieilli naturellement en jarres. 14°.
    Même profil de « vin naturel » fort constitué que le Canaterra de Canadel (voir posts précédents).
    Robe foncée. Arômes de fruits noirs et de fleurs. De la fraîcheur. Bouche souple et complexe avec des contrastes assez mystérieux entre puissance et délicatesse, rarement rencontrés lors de ce voyage-dégustation en Provence.

    Pourra être gardé 10 ans au minimum. 42 €

     

    À SUIVRE : DOMAINE DE TERREBRUNE

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  • DE LA LONDE-LES-MAURES À BANDOL (3/6)

    par Daniel J. Berger | Mar 25, 2019

    Poursuivant notre visite d’octobre à Bandol ayant pour but de mieux connaître les rouges de cette partie emblématique de la Provence, nous sommes montés en direction de la colline du Castellet pour aller visiter l’une des références de Bandol, le DOMAINE TEMPIER.

    DOMAINE TEMPIER – LUNDI 15.10.18 10h

    Lulu TempierEn arrivant chez Tempier, où l’horizon est bouché et le temps gris et humide, nous apercevons une silhouette qui se balance vigoureusement sous un portique.
    Ce ne peut pas être un enfant, elle a les cheveux blancs.

    En avançant vers la balançoire, je distingue une petite vieille dame qui en descend pour reprendre sa canne :  » j’ai perdu ma boucle d’oreille droite, vous pourriez m’aider à la chercher ? » Charlie Mangani qui m’accompagne la retrouve sur le sol mouillé, elle le remercie poliment, elle est pressée et doit nous quitter : c’est Lulu (ci-contre).

    Lulu, Lucie Tempier…
    Elle a rencontré Lucien Peyraud à 16 ans sur la plage de Sanary et l’a épousé à 18 ans en 1935. Il a repris le vignoble des beaux-parents Tempier et été l’initiateur de l’AOC Bandol en 1936. Elle a eu sept enfants en dix ans, a visité tous les vignobles de France et du monde avec Lucien, fait de la voile, publié ses recettes de cuisine aux Etats-Unis (voir notes ci-dessous), été membre du club des Dames du vin et de la table, adoré les fêtes, les contrepèteries et Jim Harrison, l’écrivain américain très apprécié en France et thuriféraire des bandols Tempier.

    Lucien et Lulu Tempier

    Ci-dessus, Lucien et Lulu dans les années 60, trinquant dans des verres à dégustation bien en avance sur leur temps.

    Veuve depuis 1982, Lulu a eu 101 ans en décembre dernier. Elle lit Le Canard Enchaîné, rit, fait de la balançoire tous les matins (après son maquillage), marche (avec sa canne), rit, parcourt les bureaux en donnant quelques ordres, rit, reçoit certains clients, boit un verre de son bandol rouge chaque midi et de Champagne le soir, et rit.

    C’est donc malheureusement sans elle que nous allons déguster : elle « attend des client américains. »

    D’abord le rosé 2017 (50% mourvèdre, 25% cinsault, 25% grenache) : « pressurage et macération à froid pour extraire des arômes de fruits et obtenir une couleur pâle. Nous faisons très peu de saignée. Vinification classique comme le blanc. 8 mois en cuve béton. » À boire maintenant (21 € départ, transport en sus).
    Puis le blanc 2017 : ugni blanc 60%, clairette, bourboulenc, marsanne (2-3%) pour le reste, 8 mois d’élevage en foudre. Le blanc compte pour un petit 3% de leur production. Minéralité, fraîcheur, arômes d’agrumes et de fleurs blanches. À boire et/ou à garder 6 à 8 ans (26 € départ).
    Ensuite le rouge 2016 (70-75 % mourvèdre, le reste en grenache et cinsault et 2% de vieux carignan). C’est un vin déjà constitué et fruité mais, même s’il a passé 18 mois dans des grands foudres de chêne (2 500 à 8 000 l), on sent qu’on aura plus de plaisir à le boire dans 3-4 ans. Commercialisé depuis mai 2018 il pourra durer 15 ans peut-être le double (27 € départ).

    Domaine Templier Bandol 2015Enfin le rouge 2015. Sur mon carnet j’ai noté « prêt », parce qu’une année de plus que le précédent lui confère déjà saveur et rondeur malgré une attaque tannique un peu difficile. Tout ce qu’on nous a dit ici sur le rouge de Bandol est là en bouche — texture serrée du mourvèdre, mâche aux accents méditerranéens, puissance, ampleur.

    Mais la découverte véritable de ce 2015 se fera deux mois plus tard au moment de Noël, chez les amis Ambon, qui n’étaient pas du voyage. C’est incontestablement un « grand vin rouge de garde français », que nous avons surpris faire la dans des sept voiles, livrant petit à petit ses arômes de fruits mûrs, de gibier, qui lui donnent un côté « bestial », de garrigue et d’herbes aromatiques, avec un horizon de minéralité assez torride. Débouché quatre heures avant, Il s’est épanouit tout au long de cette soirée d’hiver (28 € départ).

    On ne peut s’empêcher de relire les extraits de fiches techniques des parcelles phares du Domaine, elles confinent à la poésie : à la Tourtine en haut du Castellet très ensoleillé et bien venté, il arrive que pendant la période estivale on puisse passer une main ou même un poing dans les anfractuosités des lourdes argiles qui se sont rétractées en séchant : cela indique que la vigne a un enracinement profond. Et à côté de ces argiles, on trouve des horizons (strates) colluvionnaires plus limono-sableux, drainants et peu riches, qui apportent beaucoup de finesse aux vins.
    Ou bien : à la Cabassaou adossée à la colline du Castellet, les vignes greffées sur place il y a quelque 60 ans par Lucien Peyraud et son fils François, sont protégées des effets trop violents du mistral : au plus fort de l’été, elles bénéficient de la remontée de vents thermiques qui les ventilent.
    Ou encore : à la Migoua, sur le massif du Beausset Vieux, la fracture géologique du Val d’Arenc fait affleurer des strates successives du Trias, dans un environnement sauvage alternant garrigue et pinèdes où s’imbriquent les vignes.

    Jim HarrisonLa Migoua ou La Tourtine, on ne nous en fait pas goûter ce matin. Voilà ce qu’en dit Jim Harrison (à gauche), dont la mort en 2016 a bien éprouvé son amie Lulu Peyraud née Tempier. Il lui vouait une dévotion intense : « chère Lulu, j’espère te revoir avant d’exploser en une pluie de poussière angélique et je te serre dans mes bras avec amour. » La mort, Jim Harrison l’avait déjà frôlée à bord d’un petit avion à hélices que son pilote avait engagé dans un violent orage au-dessus du lac Michigan. Il avait « embrassé le cul de la mort » et cru sa dernière heure venue. Rentré chez lui exténué, tremblant, furibond, il était « allé chercher deux bouteilles à la cave, une Migoua et une Tourtine. J’ai bu lentement ces deux superbes vins, en méditant sur le caractère criminel de l’aviation civile et sur le fait que les oiseaux, eux, ont la jugeote de ne pas voler dans la tempête. Au bout d’un moment, le Bandol béni m’a remis l’esprit en place et je me suis dit qu’au fond nous ne sommes que des fleurs dans le vide. » (1)

    Après avoir dépensé les cachets perçus de Hollywood entre 1989 et 1996 pour les adaptations de six de ses romans (2) dans l’achat de grands crus (Romanée Conti, Château Margaux, Petrus, etc., etc.) de la cave d’un riche homme d’affaires, éclusés rapidement et en totalité, il était devenu un « born again » du bandol Tempier. Une douzaine de fois entre 1994 et 2010, il avait fait le voyage jusqu’ici pour venir s’asseoir à la table de Lulu et boire ses vins préférés avec elle : il déclarait en avoir acheté plus de 50 caisses (3). Préférés, selon l’écrivant et journaliste américain Bradbury Kuett, parce que leur tension (tautness) et leurs arômes rustiques le mettaient en harmonie avec un monde à l’état sauvage et que, bus la nuit, ils chassaient les monstres qui hantaient ses rêves.

    En 2016, Tempier a racheté les 20 hectares du domaine de La Laidière (sans doute le meilleur bandol blanc) dont le nom disparaît, ses vignes aussitôt converties à la culture bio maison et désormais vinifiées avec celles du domaine Tempier, devenu une grande exploitation de 60 ha. Sous l’égide de la famille, qui s’est bien agrandie, elle est dirigée par Daniel Ravier, rugbyman, arrivé en 2000 après un passage chez Ott et dix ans au Domaine de Souviou. Il a été convaincu de faire le pas par les deux fils Reynaud et appuyé par Daniel Abrial, l’œnologue incontournable de Bandol — que nous allons retrouver à La Tour du Bon.

    À SUIVRE… LA TOUR DU BON et TERREBRUNE

    Jim Harrison The Raw and the CookedLivre Lulu's Provençal Table

    (1) D’après une citation dans le Dictionnaire amoureux du vin de Bernard Pivot (Plon 2006) d’un passage d’Aventures d’un gourmand vagabond 10/18 (The Raw and the Cooked, 2001, à gauche).
    (2) Cold Feet / L’amour à petits pas (Robert Dornheim, 1989);
    Revenge / Vengeance (Tony Scott, 1990);
    Legends Of The Fall / Légendes d’automne (Edward Zwick, 1994);
    Wolf (Mike Nichols, 1994);
    Dalva (Ken Cameron, TV, 1996);
    Carried Away (adaptation de Farmer / Nord Michigan, Bruno Barreto, 1996).
    (3) de 12 soit 600 bouteilles, c-à-d une palette.
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  • ‘MTONVIN’ A 20 ANS: LE BEL ÂGE ?

    par Daniel J. Berger | Mar 19, 2019

    Vous avez sous les yeux la nouvelle formule du blog Mmmm… ton vin ! qui a été lancé en 2008, dont le titre est aujourd’hui simplifié en mtonvin.net. En dix ans ce blog a mis en ligne plus de six cents posts. Il va continuer à publier au même rythme des compte-rendus de voyages-dégustations, des actualités sur le vin et la vigne, des billets, réflexions, entretiens et commentaires. Et à servir de lien entre les amateurs participant depuis le début des années 2000 aux voyages-dégustations et à l’achat groupé des ‘cuvées spéciales Mtonvin’. On peut le consulter depuis son smartphone.

    Même vocation, même mission

    Ses bandeaux (ci-dessous) ont évolué mais sa raison d’être n’a pas varié : rendre compte sur le mode magazine de l’actualité du vin sur la planète; des voyages-dégustations que nous organisons; des éditions du festival Musica Vini en liaison avec le site musicavini.fr; monter des dégustations entre nous; et élaborer des cuvées signées mtonvin.net de millésimes marquants au meilleur rapport qualité/prix.

    Un convivium formé il y a plus de dix ans a offert ses contributions respectives en anglais et en français : Michael Johnson alors freelance au International Herald Tribune; Noémie Desavanne, journaliste internationale; Michel Marmin, écrivain et éditeur; Patrick du Génestoux, juriste et agronome, disciple du professeur Huetz de Lemps*; Pierre Chalmin, journaliste et romancier; Suzanne Mustacic, reporter à l’AFP; Ted Lelekas, wine teacher en Grèce; Luis Vicente Elias Pastor, historien espagnol spécialiste du vin; Christian Martel, amateur globe-trotter; Dean Tudor, dégustateur canadien; Rocco Lettieri, chroniqueur italien; Guy Laîné, marin buveur; Robert Tixier-Guichard (†), auteur et journaliste; et Lincoln Siliakus (†), juriste australien devenu wine blogger à Sablet.
    *Alain Huetz de Lemps est géographe, spécialiste du vignoble et du vin espagnols.

    De gauche à droite : Daniel J. Berger, Lincoln Siliakus, Ted Lelekas, Hervé Lebec.
    Ces contributions extérieures ont été complétées par les libres témoignages de Patrick Baudouin, Michel Bettane, Elizabeth Carr, Bernard Collet, Sally Devin, Philippe Desquennes, Frédéric Galtier, Denis Grozdanovitch, Hervé Lebec, Philippe Meyer, Jacky Rigaud.
    Depuis 2015, la plupart des contributions extérieures proviennent de posts circulant librement sur la toile.

    Un passé qui passe bien

    En 2018 le blog a célébré son 10ème anniversaire à plusieurs reprises : en mars, voyage-découverte des crus communaux du Muscadet. En juin, participation au Week-End de l’Union des Grands Crus à Bordeaux, avec visite privée des châteaux Les Carmes Haut-Brion, Lagrange, Léoville-Poyferré, Laroze, Grand Corbin Despagne, Bellevue; visite des nouveaux bâtiments de Millésima en cours d’agrandissement, et de la Cité du vin. En septembre, participation au festival Musica Vini. Et en octobre, nouveau voyage-dégustation, cette fois de La Londe-les-Maures à Bandol, en cours de compte-rendu.

    Pendant ces dix années on été élaborées six cuvées spéciales (étiquettes ci-dessous), totalisant quelque 54 000 bouteilles aux environs de 5 € ttc, livrées à travers le réseau des amateurs qui se sont groupés au fur et à mesure autour du blog (1). Et plus d’une quarantaine de voyages-dégustations ont été organisés (2), dont certains chez nos fidèles parrains et marraines (voir Nos parrains).

    Nos prochains voyages-dégustations

    Nous caressons plusieurs projets au rythme de deux ou trois par an : hors d’Europe pour aller visiter un pays berceau du vin, la Géorgie; l’un des plus beaux vignobles de la planète, l’Afrique du sud; goûter les vins d’Israël sur place; et les Finger Lakes, dans le nord de l’État de New York, pendant les vendanges. Et plus près de nous, le Jura-Arbois, Bugey et la Savoie, la Catalogne, la Corse, la Moselle côtés allemand et français; Bordeaux, un univers à lui seul; et notre destination mère, la Loire.

    L’activité de Mmmm… ton vin! a en réalité vingt ans. Le 10ème anniversaire fêté l’an passé est celui du blog, créé avec le concours des époux Lebec qui l’ont hébergé en « sous-sol » de leur web professionnel jusqu’en 2014. Cette année-là des hackers l’attaquent sans pitié le contraignant à stopper momentanément son activité et à changer d’hébergeur (3).

    Putain, 10 ans ! disait la marionnette de Chirac au Guignols de l’info: eh oui, il y a une décade nous existions depuis une décennie ! La première cuvée spéciale remonte à fin 1998 avec un Haut-Médoc Lestage Simon 1995 repéré par Bernard Collet : c’était une répétition. J’ai retrouvé la première lettre (ci-contre) — on communiquait par fax —, qui proposait un achat groupé de Tour Haut Caussan 1997 en primeur. Parmi les destinataires, Jean d’Ormesson qui n’en a pas acheté, pas plus qu’Ophélie Winter, François Giannesini ou Alain Corneau.

    Nous étions très peu nombreux au démarrage de l’aventure mais après une vingtaine de ces newsletters, la liste des destinataires s’est allongée jusqu’à couvrir entièrement la page de garde : en 2002, il fallait aller de l’avant et nous avons décidé de créer un site web, intitulé Lettre aux amis du monde entier buveurs de bon vin de Bordeaux… et d’ailleurs.

    Le site initial (bandeau ci-dessous) a pendant cinq ou six ans constitué une première mouture du blog, publiant des articles, compte-rendus, répertoires de vignobles et de châteaux, pratiquement sans illustrations. Ils ont été peu lus à l’époque car sans communication, mais avec déjà la volonté d’expliquer, de partager en suivant la devise de Jay McInerney (de mémoire) : « j’éprouve autant de plaisir à écrire sur le vin qu’à en boire. » Toutes les rubriques ne sont pas obsolètes et certains articles ont gardé de leur actualité comme par exemple celui sur la visite chez Nicolas Joly à La Coulée de Serrant en septembre 2003. Vous pouvez toujours les consulter sur la page Archives.

    Un regard candide sur vingt années d’histoire du vin

    Le blog mtonvin.net ne prétend pas avoir retracé en 600 articles l’histoire du vin dans le monde depuis vingt ans. Il s’est borné à observer, signaler et commenter par touches impressionnistes les tendances manifestes — baisse de la consommation en Europe au profit d’une recherche de qualité; alertes sanitaires des pouvoirs publics français qui assimilent le vin aux alcools forts, tandis que l’Espagne distingue le vin comme produit culturel à part entière; phénomène du vin nature; hausse des prix et des écarts de prix entre par exemple les grands crus de Bordeaux (qui ne s’adressent plus au public français que pour quelques %) et les AOP et/ou IGP; amélioration notable de la qualité dans les régions d’Europe que nous avons visitées (Italie, France, Espagne, Allemagne, Portugal notamment), due à l’accroissement des compétences des vignerons arrivant sur le marché, bien souvent des passionnés; recherche de cépages pouvant s’adapter au réchauffement climatique, qui facilite aussi la viticulture dans les zones septentrionales comme le Royaume-Uni; entre autres sujets.

    Le blog mtonvin.net va s’efforcer de poursuivre sa quête hédoniste sur le chemin des vignes, à la recherche des crus d’aujourd’hui et de demain et la quête de vins inconnus. 

    (1) Médoc 2015 (Coopérative de Gaillan-en-Médoc, 1 800 bouteilles); Haut-Médoc 2009 (Tours de Charmail, 5 200 b); Haut-Médoc 2010 (Côté Pontoise (Cabarrus), 14 000 b); Corbières 2011 (Château Cascadais, 12 000 b); Graves 2015 (Château Trébiac, 10 800 b); Saint-Estèphe 2016 (Marquis de Saint-Estèphe, 10 000 b).
    (2) Alentejo, Alsace, Anjou (Bonnezeaux, Coteaux du Layon et de l’Aubance, Bourgueil, Savennières, Quarts de Chaume), Beaujolais, Bordeaux (Médoc, Haut-Médoc, Entre-Deux-Mers, Fronsac, Graves, Pessac-Léognan, Pomerol, Saint-Émilion, Sauternes), Bourgogne, Chablis, Chine (Hebei, Mongolie intérieure, Ningxia), Chinon, Languedoc, Muscadet, Navarre, Orléanais, Paris (Montmartre), Péloponnèse, Porto, Provence (Côteaux d’Aix, Bandol et La Londe-Les Maures), Rheinessen, Rioja, Roussillon, Saint-Pourçain, Sancerre, Saumur, Slovénie, Suisse, Toscane, Touraine, Trentino, …
    (3) Aujourd’hui OVH. Selon l’agence digitale Exotikarts qui a rénové le blog, il s’agit de hackers d’origine russe venus s’entraîner aux cyber attacks sur notre blog comme terrain de jeu. La gangrène provoquée sur la base de données a causé des dégâts considérables et difficiles à réparer. Le blog a bien failli disparaître, mais l’ensemble des éléments endommagés a pu malgré tout être récupéré et restauré en majeure partie : merci à tous les sauveteurs.
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  • DE LA LONDE-LES-MAURES À BANDOL (2/6)

    par Daniel J. Berger | Déc 17, 2018

    Après une excursion mi-octobre à La Londe-les-Maures pendant deux jours , nous avons poursuivi notre visite sur le territoire de Bandol. Ce voyage-dégustation avait pour but de mieux connaître les rouges et les blancs de cette partie de Provence, dont la production et la réputation se trouvent souvent occultée par celles des rosés devenus carrément envahissants.

    Relisons ce qu’écrivait le journaliste David Cobbold en 2001 : L’âme du vin de Bandol contient toute la force d’un décor magnifique. Grâce aux efforts d’une poignée de vignerons visionnaires, le meilleur de la production s’est concentré sur de grands vins rouges de garde, laissant les rosés aux estivants. Le cépage mourvèdre d’origine espagnole en est la marque, qui opère dans ce climat privilégié une osmose parfaite, arrivant à maturité sans perdre son caractère droit, gage d’une grande capacité de vieillissement : en cela les meilleurs Bandol n’ont rien à envier aux Bordeaux ou Bourgogne (Bandol, collection « Autour du vin », Flammarion).

     

    L’AOC Bandol date de 1941, renforcée par le décret de 1989 instituant le mourvèdre cépage principal à hauteur d’au moins 50% dans les rouges, les autres cépages étant le cinsault et le grenache séparés ou ensemble; et le carignan et la syrah au maximum à 10% chacun ou 15% ensemble.

    Le vignoble comprend 53 domaines et 3 coopératives répartis sur 8 communes* et 1 300 ha. Entre mer et collines rocheuses couvertes de pins et de chênes liège protégeant la vigne des vents froids, sur des sols abrupts et caillouteux de calcaire, étagés au fil du temps en restanques**. Le climat est de type marin avec des brouillards saisonniers et peu de pluie (650 ml/an). Les vignes en coteaux font face à la mer et leur ensoleillement atteint
    3 000 h/an. L’ensemble climatique et topographique a motivé l’expression « Bandol béni des dieux. »

    * Outre Bandol: Sanary-sur-mer, Ste-Anne du Castellet, La Cadière d’Azur, Le Beausset, St-Cyr-sur-mer, Ste-Anne d’Evenos, Ollioules.
    ** ou terrasses, soutenues par des murs en pierres sèches pour limiter l’érosion et le ruissellement des pluies hivernales tout en ménageant l’infiltration de l’eau. Exposés sud, les murs de pierre restituent pendant la nuit la chaleur emmagasinée dans la journée, créant de véritables « micro-climats » sur chaque restanque.

     

    DIMANCHE 14.10.18 9h30 —
    DOMAINE DUPUY DE LÔME à ÉVENOS

    Brusquement, vous quittez la route traversant le village haut perché d’Évenos pour un raidillon caillouteux, qui grimpe vers un cirque ceint d’une haute falaise des Maures d’un gris vieux, si vieux (à gauche). On se dit qu’en ce lieu sauvage, presque inhospitalier, ne peuvent naître que des vins de caractère. Une allée blanche bordée d’ormes de Russie (à droite) conduit à l’habitation où la directrice de l’exploitation réside à l’année.

    MauresArbres

     

     

     

     

     

     

     

     

    Laurence Mignard (à gauche) est la directrice d’exploitation du domaine, restructuré à partir de 1998 par Benoît Cossé et Geoffroy Pérouse, descendants de l’ingénieur maritime Dupuy de Lôme qui l’avait acquis en 1907 et depuis laissé plus ou moins à l’abandon.

    C’est après des études en sciences humaines qu’elle a finalement choisi l’œnologie, diplômée il y a vingt ans et stagiaire au château Pibarnon (où elle a tout appris) avant d’exercer en vallée du Rhône, puis sur Bandol, à Bunan.

    Le domaine couvre 13 ha dont 11,5 en AOC Bandol sur un terroir de calcaire, silice et grès, exposé plein nord en pente et en restanques.

    Le vignoble « naturel » converti en bio il a cinq ans, n’a connu ni désherbants ni pesticides. Il produit 1/3 de rouge (mourvèdre à 80% le reste cinsault et grenache), du rosé à hauteur de 60% (on est bien à Bandol !), et le reste en blanc (clairette, rolle, ugni blanc) « au goût atypique, minéral et très frais » — dommage il n’en reste plus, les propriétaires devraient produire plus. 15 €/b.

     

    DÉGUSTATION DES ROUGES :

    bouteilles Bandol-2014 :
    90% mourvèdre, 10% grenache. Nez de violette. En bouche, les tannins sont présents mais sans astringence. Du volume. Finale longue. 19 €/b.

    -2015 :
    Amplitude, mourvèdre bien présent. Notes de chocolat. Semble prêt à boire. 17 €/b.

    -2015 Cuvée les Grès.
    Provient d’un terroir entièrement de grès. Minéral et épicé. Complexe. Un peu austère. Plus maigre et plus long que le précédent. Capacité de grande garde. C’est celui-là qui exprime le mieux l’atmosphère si particulière du lieu. 27 €/b.

    Avant de nous séparer, Laurence Mignard confie qu’elle veut «  connaître et maîtriser ce qui rentre en chai, sans aller chercher ce qui n’est pas naturellement dans le vin, comme les tannins des pépins par exemple. » Et qu’elle s’efforce d’allonger les temps de macération et de vinification sans pigeage ou délestage pour atteindre encore plus d’expression et de finesse.

    Notre impression est tout à fait positive : sur un terroir relativement inhabituel pour l’appellation, nous avons là des vins délicats, fins, racés, au niveau des plus grands de l’AOC, à un prix raisonnable pour Bandol.

     

    11h00 — CHÂTEAU CANADEL
    au PLAN DU CASTELLET

    Couple Canadel

    Lorsque Jacques et Caroline de Châteauvieux ont acheté ce domaine de 15 ha il y a 10 ans, il avait tout de la belle endormie comme le rappelle Vianney Benoîst qui avec son épouse Caroline (de Châteauvieux) (à gauche) l’a repris et entièrement rebâti pour produire un premier millésime en 2014. Tout ici est nouveau et neuf, Canadel est en fait un nouveau domaine de Bandol.

    Le vignoble qui compte 98 restanques sur un fort dénivelé de 250 m, est planté à 60% en mourvèdre, 25% en cinsault, 10% en grenache avec un peu de syrah, et 5% en cépages blancs — clairette, ugni blanc et rolle. Avec autant de restanques (ci-dessous) « il faut vraiment chercher la pertinence d’un rang à l’autre » remarque Vianney Benoîst qui nous reçoit un dimanche matin avec beaucoup de courtoisie.

    Le rosé est produit à hauteur de 60%, le blanc et le rouge à 20% chacun. « Pas besoin de faire de pigeages en cuve béton (on y revient), seulement des remontages assez fréquents. » Les vins sont élevés 18 mois en foudre, à l’exception de la cuvée Canatera (vieux pieds de mourvèdre) élevée an jarres.

    DÉGUSTATION

    Rosé 2017 : mourvèdre à 50%, cinsault à 40, grenache à 10 : mais… c’est du vin ! « Se méfier des rosés pâles, quand c’est bon on continue la macération, voyez la palette de couleurs de nos rosés » (photo ci-dessous).
    Rosé 2014 : plus vineux, nez de rose fanée, fenouil.
    Rosé 2015 : la synthèse des deux premiers. « Le rosé prend de l’ampleur après un an de bouteille.« 

    Palette rosés Canadel

    Bandol Rouge 2014. Un peu salé. Du fruit. « Il ira bien avec un brie de Meaux« . 23 €/b
    Bandol Rouge 2015. 73% mourvèdre,  20% cinsault, 5% Grenache, 2% Syrah. Vin solaire, structuré. Des épices, de la chaleur. Sera prêt en 2020. 23 €/b
    Altum 2015 . Vin de hauteur comme son nom l’indique, et aussi de largeur et de profondeur. Les vignes ont 40 ans. Un Super Bandol. 39 €/b
    Canatera 2015. Micro-cuvée expérimentale (550 b), vinifiée et élevée en jarres d’argile de Toscane (photo ci-dessous). Après fermentation un mois, les jarres sont fermées hermétiquement et les peaux restent au contact du vin pendant 5-6 mois. Décuvage au printemps, mise début de l’été, sans filtration ni sulfites.
    Au nez comme en bouche, arômes de griotte, de cacao, réglisse, eucalyptus. Comme une impression de porto un poil chocolaté. La bouteille est ouverte depuis 5 jours : c’est un vin nature ! On ne sait pas s’il a de la garde, mystère. Prix NC.

    Canadel 2014Canadel AltumCanateradégustation vin

     

    groupe mtonvin

    Tout semble réussir à Canadel — d’excellentes notations des ténors de la presse professionnelle française et internationale *, une installation ultra fonctionnelle dans un environnement de rêve, une jolie demeure, une famille sympathique et accueillante, un vignoble en pleine forme qui passe en bio, un site web du tonnerre (la danse au balai des fillettes dans le chai !), des commandes qui suivent et surtout, surtout, de la qualité autant en rosé (eh oui, comme aux Bormettes, c’est du vin) qu’en rouge — parmi les meilleurs dégustés jusqu’ici.
    Notre petit groupe Mtonvin (ci-dessus) vous dit : continuez!

    * Canadel fait son entrée dans le TOP 100 producteurs du Guide Bettane+ Desseauve 2019, et la cuvée Altum 2015 obtient 17,5/20, la meilleure note des Bandol et des rouges de Provence en général.

    Vignes-Canadel

    13h30 — RESTAURANT LE REGAIN
    à LA CADIÈRE D’AZUR

    Une fois n’est pas coutume, parlons d’un déjeuner, celui au restaurant Le Regain (à gauche, l’entrée) dont le nom évoque l’un des plus purs Giono, dans le petit village fortifié de La Cadière d’Azur juché en face du Castellet, sur une colline d’où on peut apercevoir la Sainte-Baume.

    Restaurant RegainCadière d'AzurLe Regain

    Nous sommes arrivés avec 45′ minutes de retard (il fallait grimper jusqu’au village), pas un mot déplacé, avons demandé à nous installer sur la petite terrasse ensoleillée (à droite) de l’autre côté de la ruelle centrale (milieu), aucun problème on vous arrange ça tout de suite, et pour le menu ? On vous conseille la poitrine de porc de 36h, c’est notre spécialité. D’accord, avec un Blanc-Grégoire rouge 2017 (de la commune).

    Menu RegainNous sommes servis dans les dix minutes, cette poitrine de porc (3ème ligne) nous fond dans la bouche, c’est une tuerie.

    Nous passons un simple moment de gastronomie (c’en est), de tout le séjour sans doute le meilleur.

    Le Blanc-Grégoire s’est vite ouvert (9 € à la propriété).

    Le bonheur d’être ici maintenant se lit sur nos visages.

    Les déserteurs auraient du être là avec nous.

     

    15h30 — DOMAINE DES TROIS FILLES

    à LA CADIÈRE D’AZUR

    Sur les encouragements d’un article du n° 127 du bimestriel Le Rouge et le Blanc dédié à Bandol, nous sommes passés au Domaine des Trois Filles. Ce sont les trois filles Arlon dont la plus jeune est encore en BTS de viticulture (ci-dessous à droite), la mère, Ghislaine, chauffant sa place en attendant. Elles vont partager la tâche de développer ce domaine de 9 ha dont 5,5 en Bandol, en visant les 12 ou 15 à terme.

    Car les trois familles prévoient d’en vivre, y compris les parents qui ont fait les investissements dans le chai et les installations. Le père qui avait hérité du vignoble travaillait aux chantiers navals de La Ciotat et taillait juste le vigne avec sa fille aînée Audrey (au centre), celle qui a pris la direction des opérations après avoir travaillé dans le bordelais et au Chili.

    La famille s’entend bien et les trois filles ont du courage et des idées. Elles vont passer en bio et veulent elles aussi, augmenter la part des rouges pour l’instant de 30% (rosé à 70%). Nous avons discuté avec la cadette, Léonie (à gauche et ci-dessous à droite), qui a rejoint le trio récemment et nous a fait déguster quelques-uns des vins de leur domaine.

    On retiendra le 2014 en rouge qui a de la matière et du fruit noir (myrtille), mais peut-être comme le remarque le journaliste du R&B, « manque encore de maturité, sans doute un peu amer en finale. »

    ¡ Suerte chicas !

    3-Filles-SchtroumpfLeonie

    17h — CHÂTEAU DE PIBARNON
    à LA CADIÈRE D’AZUR

    C’est dimanche, le château est fermé et en montant le chemin escarpé et sinueux de la croix des signaux, Etienne et moi savons que nous trouverons porte close, mais nous y allons quand même rien que pour la vue

    Chateau-Pibarnon

    Pibarnon est situé à 300 m d’altitude devant un amphithéâtre naturel descendant sur la mer, c’est l’un des plus beaux paysages viticoles au monde :

    Amphi-Pibarnon

    Le domaine d’une soixantaine d’hectares s’étend sur un très beau terroir de calcaire issu du Trias mélangé à des marnes bleues exceptionnelles. Il est conduit par Eric de Saint-Victor qui l’a hérité de ses parents, qui eux-mêmes l’avaient acquis il y a 30 ans fascinés par le lieu. La conversion bio est en cours.

    Suivez la superbe visite proposée par le château.

    Les vins de Pibarnon, que nous n’avons donc pas goûtés, classés parmi les meilleurs de Bandol, sont réputés pour leur finesse et leur précision, et aussi pour leur capacité de garde tout en étant buvables jeunes et évoluant bien sur la durée, l’idéal. De 21 à 25 €/b.

    PROCHAINE ÉTAPE À BANDOL : 
    TOUR DE BON, TERREBRUNE et… TEMPIER

     

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