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  • RETOUR SUR MUSICA VINI UN MOIS APRÈS

    par Daniel J. Berger | Sep 27, 2021

    La maigreur des réservations, à peine 40 à la mi-août, stoppées net à l’annonce du pass sanitaire, avait inquiété les organisateurs, finalement rassurés par l’affluence de dernière minute : 150 à 160 participants se retrouvaient avec plaisir sur le site du château de Pescheseul à Avoise samedi 28 août dernier, pour le festival Musica Vini 8ème édition.

    Ce festival a pour particularité, rappelons-le, de réunir pour trois concerts-dégustations des vignerons présentant leur vin dont s’inspirent les musiciens pour jouer ou improviser devant un public qui déguste en écoutant. Indépendant de tout producteur ou organisation professionnelle, le festival Musica Vini se donne la possibilité de varier librement sa programmation chaque année.

    Pour sa 8ème édition, le festival Musica Vini conjuguait successivement baroque et entre-deux-mers, musique contemporaine de piano et saumur-champigny, jazz et anjou-villages, pour offrir des correspondances sensorielles dans un environnement seigneurial en bord de Sarthe près de Parcé, au château méconnu de Pescheseul.

    Musica Vini 8ème à Pescheseul: une certaine affluence

    NOBLESSE MÉLODIQUE ET FIÈRES SONORITÉS. C’est l’ensemble baroque ZELENKA qui débutait sur un Château Bellevue 2018 — vin blanc d’entre-deux-mers produit à Sauveterre-de-Guyenne par YVES d’AMÉCOURT, l’unique vigneron au sein de sa très nombreuse famille hôte du festival en son château de PESCHESEUL. Fondé sur l’amitié entre chambristes passionnés par la sonate baroque, l’Ensemble Zelenka recherche la « noblesse mélodique » et des couleurs sonores « fières et fougueuses. »

    Au programme la Sonate en écho d’Antonio Lotti (1667-1740) — deux hautbois éloignés se répondant d’un coin à l’autre de la cour des anciennes écuries. Puis la Sonata da chiesa de Corelli (1653-1713). Et deux sonates en trio jouées en quintette, l’une de Telemann, l’autre de Vivaldi : en musique baroque, la sonate en trio est écrite pour trois instruments mélodiques jouant en canon (hautbois, Cyril Ciabaud et Eric Mège; basson, Anaïs Reyes), accompagnés d’une basse continue (clavecin, Anastasie Jeanne) doublée par la contrebasse (Gerald McFarren). Le concert était conclu par un morceau contemporain, l’émouvante milonga d’Astor Piazzola, Oblivion, qui a achevé de conquérir l’assistance sous le soleil enfin revenu en cette fin d’août.

    L’Ensemble baroque Zelenka

    Pendant qu’ils jouaient, l’entre-deux-mers aux reflets dorés, aux arômes de fleurs blanches, d’orange et de citron, humectait le gosier des spectateurs ravis de ces fiançailles musique/vin qui allaient se prolonger tout l’après-midi. L’animatrice vin MATHILDE FAVRE D’ANNE, sommelière active à Angers comme consultante après la vente de son restaurant gastronomique (et adjointe au maire en charge du rayonnement de la ville), qui animait les échanges entre les musiciens et les vignerons, notait que la « fraîcheur » du Château Bellevue répondait à celle des interprétations de l’Ensemble Zelenka.

    « SOIF DE PIANO« . Pour la première fois cette année, Musica Vini dédiait au piano la majeure partie de son programme, d’où son titre. Vers 16h il commençait à faire soif autour des bâtiments du château quand on avait suivi le guide Yves d’Amécourt (vigneron du Sud-Ouest également historien de son ascendance remontant au XIIème siècle), volontiers disert sur les différentes époques de Pescheseul, château en forme de T bâti, agrandi et modifié de la féodalité à nos jours.

    Un tour assoiffant du château en T

    Alors pour se désaltérer, rien de mieux que l’alerte saumur-champigny du Domaine des Damoiselles de PATRICE RÉTIF, cuvée Grand-Large 2019 — tous ses vins ont un nom de virée en mer, Côte Sauvage, Tri-Maran, Écume, Horizon, etc. —, aux arômes retrouvés de mûre et de violette, qui allait être contrepartie du piano.

    Le parcours en forme d’« errance à la Baudelaire à travers la musique de piano du début du XXème à nos jours » imaginé par le pianiste SAMUEL BORÉ, avait pour but de d’évoquer musicalement différentes situations de griserie ou d’ivresse provoquées par le vin. Il avait Claude Debussy pour point de départ avec une pièce du premier livre des Préludes au titre baudelairien, Les songes et les parfums tournent dans l’air du soir. Et pour étapes, courtes et escarpées, Luciano Berio avec son Wasserklavier (« clavier aqueux », clin d’œil au festival où le vin est seul alter ego de la musique); John Cage et In A Landscape (écrit il y a plus de 70 ans, déjà zen en 1948); György Ligeti (Musica ricercata, 2′); Mauricio Kagel (Rrrrrr, 3′). Ou encore, joués plus rarement, Pensées fugitives sur la basse d’Alberti (1) de Görgy Kurtág (4′), Dream images de George Crumb (4’10), Ein Kinderspiel de Helmut Lachenmann (2’10). Et l’hallucinatoire Les Nombres de Mersenne (2) de Tom Johnson, construit selon une figure mathématique répétée pendant 8′, augmentant puis se réduisant pour revenir au nombre initial (extrait de ses Makrokosmos).

    (1) La basse d’Alberti est l’accompagnement d’une mélodie par un motif répété de la même durée : note basse – note haute – note intermédiaire – note haute, etc. (2) Succession de phrases musicales de la forme 2n–1 correspondant à 1, 3, 7, 15, 31, 63, 127, 255 et 511, puis 255, 127, 63, 31, 15, 7, 3, 1.

    Samuel Boré clôturait son programme varié et réfléchi par la création composée spécialement pour le festival par son ami bordelais FRANÇOIS ROSSÉ, l’un des derniers élèves de Messiaen, Mémoire d’amphore. La pièce, assez décoiffante (3), était introduite par un gong japonais frappé par le compositeur lui-même revêtu d’un kimono, exigeant du pianiste dextérité et talent de comédien, était inspirée elle aussi par Baudelaire — poète capital pour le duo Boré-Rossé, dont on célèbre cette année le 200ème anniversaire de la naissance. Cet opus ambitieux juxtaposant des passages atonaux puissants, un bruitisme de piano préparé, des accords classiques et cérémoniels, se concluait par un bruit de bouchon, d’abrupts hoquets d’ivrogne, de verres trinqués et des coups de gong éparpillés au sein d’accords répétés dans le grave.

    À g. le compositeur François Rossé, à d. le pianiste Samuel Boré

    Le cabernet franc rubis-grenat Grand-Large 2019, souple, friand et facile à boire, considéré par la sommelière Mathilde Favre d’Anne comme « un vin classique en vis-à-vis de la modernité », se révélait un bienveillant compagnon de route, accueillant chaque étape de ce voyage accidenté mené sans faiblir.

    (3) Dernière page de la partition de Mémoire d’amphore

    IVRESSE. C’est le titre du 8ème enregistrement publié (4) du trio JEAN-PHILIPPE VIRET (contrebasse), incluant à sa constitution il y a vingt ans EDOUARD FERLET (piano) et, depuis une douzaine d’années, le batteur FABRICE MOREAU, titre qui était aussi celui de la séquence qu’ils présentaient à Musica Vini.

    L’animateur musique prévu, BENOÎT COMBES, alors co-directeur du conservatoire de Sablé, qui n’avait pu au dernier moment rejoindre le festival, avait qualifié la musique du trio de « voyage intérieur à trois, de résonances en miroir, comme un jeu de questionnements sans réponse d’un registre à l’autre, un vertige ayant pour but d’étourdir. » À cela Jean-Philippe Viret opinait du chef ajoutant que les « beaux mots des autres » sont souvent plus pertinents que ceux dont un artiste peut lui-même qualifier sa musique.

    Il annonçait qu’ils allaient « jouer le jeu au maximum en improvisant vraiment librement » après avoir bu le cabernet-sauvignon d’Anjou Rocca Nigra 2017, proposé par CHRISTOPHE DAVIAU, « en espérant que vous le public percevrez ce que nos papilles ressentent et comment nous allons structurer, comme pour un vin, nos improvisations à l’intérieur des morceaux. »

    De g à d Edouard Ferlet (p), Jean-Philippe Viret (contrebasse), Fabrice Moreau (batterie)

    Qu’est-ce que l’ivresse pour le trio ? Le swing ? La poésie, qu’ils chérissent eux aussi ? Le vin ? « L’ivresse renvoie à la joie, au plaisir de jouer ensemble, à l’exaltation de la création » fondée sur l’interaction permanente et l’improvisation, répond Jean-Philippe Viret verre à la main, tenant à trinquer avec ses acolytes et aussi le vigneron de Brissac, avant de mener une série étourdissante de cinq morceaux qui allait durer plus d’une heure.

    Le trio s’est montré très convaincant, alternant des phases d’expression individuelle — piano prolixe et inattendu, contrebasse tantôt à l’archet tantôt « parlée » et toujours inspirée, batterie aux sonorités échelonnées du grave à l’aigu dans un solo construit comme un récit sur la composition de Jean-Philippe Viret Jour après jour, digne des grands moments des maîtres Max Roach ou Roy Haynes; et des épisodes fusionnels ardents — contournements caressants, labyrinthes à suspense, entrechocs habiles, livrés avec une volonté farouche de swinguer.

    Trio Viret : applaudimètre au top

    (4) Ivresse, enregistré en concert les 22 et 23 février 2019 à Montreuil. CD Mélisse MEL666027

    MUSICA VINI RELANCÉ. Un mois après l’édition du 28 août 2021, qui faisait suite à la pause inquiétante de 2020, les organisateurs du festival reprennent confiance. Et pour cause : la fréquentation inattendue repoussant les doutes d’un été morose. Et la satisfaction manifeste des participants et des intervenants: à l’issue des trois concerts les musiciens ont exprimé leur contentement respectif et se sont déclarés prêts à renouveler l’exercice musique-vin avec autant de conscience que de plaisir; et les vignerons, plutôt circonspects au départ, sont partis rassérénés en raison des échanges avec les musiciens et le public, et des ventes de leur vin aux entractes jugées satisfaisantes.

    Daniel J. Berger (Musica Vini), Yves d’Amécourt (Château Bellevue)
    et la sommelière Mathilde Favre d’Anne : plaisir et satisfaction

    Les organisateurs ont déjà une bonne vision de la 9ème édition qui aura lieu le samedi 10 septembre prochain de nouveau à Pescheseul et dans les mêmes conditions qu’aux éditions précédentes.

    VIVE MUSICA VINI 2022 !

    Photos : Cyrille Le Tourneur d’Ison.

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  • MUSICA VINI 8ème ÉDITION

    par Daniel J. Berger | Août 10, 2021

    La 8ème édition du festival Musica Vini aura lieu le 28 août en bordure de Sarthe au château de Pescheseul à Avoise (72430). Au programme, trois intermèdes musicaux accompagnés de trois vins dégustés par le public pendant les concerts. La manifestation se déroulera en plein air. Pass sanitaire (QR Code) ou test PCR ou antigénique demandé à l’entrée.

    15h-16h30 BAROQUE et ENTRE-DEUX-MERS
    — Quintette ZELENKA et
    — Château BELLEVUE à Sauveterre-en-Guyenne

    16h30-17h30 MUSIQUE CONTEMPORAINE et SAUMUR-CHAMPIGNY
    — Samuel BORÉ, pianiste soliste et
    — Domaine des DAMOISELLES à Souzay-Champigny

    18h-19h JAZZ et ANJOU BRISSAC
    — Trio jazz VIRET-FERLET-MOREAU et
    — Domaine de BABLUT à Brissac

    Présentation de chaque vin par son vigneron.
    Animation par Daniel J. Berger, fondateur du festival, et Mathilde FAVRE D’ANNE, sommelière à Angers.
    Vente des trois vins et de CDs aux entractes.

    Entrée 20 € — Information et billetterie : www.musicavini.fr

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  • PLAN DE MÉTRO DES VINS DE FRANCE

    par Daniel J. Berger | Mar 22, 2021

    Indiqué par Hervé Lebec, ami buveur parisien du blog depuis sa création.

    Source Olivier Varian (voir les nombreux commentaires)

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  • LIGERS: HOMMAGE À JACQUES PUISAIS

    par Daniel J. Berger | Fév 23, 2021

    Le concours des Ligers a rendu hommage à Jacques Puisais, célèbre œnologue et personnalité d’envergure internationale, en bravant la Covid-19 qui l’a emporté (voir + bas).

    Jacques Puisais (†) le 26.10.20 à Chinon – Cyril Chigot / Divergence / Le Monde

    Le concours Ligers des vins de Loire a pu être maintenu à Angers le 30 janvier dernier moyennant une réduction du nombre de jurés pour permettre les distanciations requises.

    Le Ligers attribue des médailles aux vins de la Loire — de Nantes à Sancerre en passant par l’Anjou, le Val de Loire, la Touraine et Saumur, le Vendômois et l’Orléanais, Pouilly, Quincy, Reuilly — soit 2 500 échantillons.

    Présidé par Jean-François Liégeois, président de l’association des Œnologues Ligériens organisatrice du concours, le jury auquel j’appartenais devait noter à l’aveugle (bouteilles occultées par une « chaussette ») 30 vins de 2020 — 14 crémants de Loire blancs et 16 sauvignons blancs et gris du Val de Loire.

    Rappel: l’AOP Crémant de Loire c’est 150 000 hectolitres (20 millions b/an) produits par 320 producteurs, avec un rendement soutenu de 75-80 hl/ha, sur les appellations Anjou, Saumur (majoritaire) et Touraine. Cépages: chenin, chardonnay, cabernet franc, pineau d’Aunis. Méthode champenoise traditionnelle: après dégorgement, il fermente une seconde fois en bouteilles et se développe sur lattes un an minimum, puis vieillit en cave plusieurs mois.

    Les dosages en « liqueur » (sucre) varient de zéro pour le brut nature — dosage dont la radicalité doit être supportée par un corps et un temps sur lattes suffisants, sinon gare à l’amertume –, à 6-9 grammes pour l’extra brut et le brut, et à 12-18 grammes pour le sec. 

    Rapport Q/P exemplaire du Crémant de Loire

    Depuis plusieurs années on assiste à une recherche de finesse des crémants de Loire grâce à une élaboration accrue des assemblages qui permet de gommer l’effet millésime. L’ensemble des échantillons attestait d’une qualité plus qu’honorable, caractérisée justement par une finesse souvent présente — robe claire, cristalline presque translucide parfois, aux reflets jaunes, des bulles fines et présentes; nez délicat d’agrumes suaves, de fruits blancs, de fleurs parfois; bouche fraîche et tonique, aux saveurs souvent en accord avec celles du nez, de la gourmandise, avec fréquemment une finale longue et élégante.

    Nous avons attribué une médaille d’or au seul brut cabernet franc du lot. Cabernet franc, un cépage rouge ? Mais oui, comme pour le champagne dont les cépages principaux sont rouges (pinot noir, meunier) — sauf les blancs de blancs comme son nom l’indique (pinot blanc, arbane, petit meslier) –, un raisin rouge dont on sépare la peau sans la laisser macérer a une chair blanche. CQFD. C’était le plus opulent, harmonieux et complexe à la fois et sa couleur rosée très pâle ajoutait encore à son charme. Le nom du médaillé: Domaine de Saint-Maur Le Thoureil 49350 Tél: 02 4157 3024 (ci-dessous). Son prix: 7,50 € ttc.

    Le Domaine Saint-Maur en bord de Loire au Thoureil (Gennes-Val de Loire)

    Sur nos médailles d’argent, je ne peux donner plus de détails puisque les jurés ne peuvent connaître le nom des vins qu’ils ont élus et doivent se débrouiller avec le classement final en tentant de les deviner.

    Le volume de production des crémants de Loire augmente, en passe d’atteindre 20 millions de bouteilles/an. Ils sont produits sur 1 200 ha à part égale par les maisons (Gratien & Meyer, Ackerman, Langlois-Château, Veuve Amiot, Bouvet-Ladubay, etc.) et par quelque 300 viticulteurs, connus (Brézé, Chaintres, Soucherie, Varinelles, Richou, etc.) ou le plus souvent à découvrir. Les prix se maintiennent entre 6,50 et 8 € départ. C’est sans aucun doute cet avantageux rapport Q/P qui fait la différence avec les autres effervescents ligériens: selon une étude de la presse vinicole régionale, dans un contexte de confinement très compliqué en 2020 les effervescents d’appellation (par ex. Vouvray, Saumur, Montlouis*) ont tous vu leurs ventes baisser, alors que les crémants, eux, ont réussi à progresser de 1,5 % — soit plus de 56 000 b sur 3,50 millions écoulées au total pendant cette triste année bien maigre. Alors, concluait notre jury, mieux vaut un bon crémant (il y en a de plus en plus) qu’un mauvais champagne (il y en a trop).

    Des VDP aux IGP en Val de Loire

    L’appellation « Vins de Pays du Val de Loire » (VDP) a été remplacée en 2009 par « Val de Loire Indication Géographique Protégée » (IGP). Elle recouvre 4 200 ha sur 14 départements arrosés par la Loire et ses affluents, avec une production moyenne annuelle de 250 000 hl à 58% blanc, 21% rosé et 21% rouge. Cépages blancs: chenin, à la base de la grande diversité des vins de Loire; sauvignon blanc et gris, connu par le Sancerre et le Pouilly fumé; chardonnay qui rivalise avec le sauvignon; et groleau, pinot gris, folle blanche (gros plant), melon (muscadet).

    Sauvignon : la tendance d’aujourd’hui est de le préférer bien minéral, anguleux, odeur affirmée de buis et de pipi de chat, qui griffe le nez et vrille le palais, un sorte de vin punk. La recherche de doux, de fruité (agrumes, groseille à maquereau), d’asperge et de fenouil, on n’en est plus là : même les graves de Bordeaux les plus pétrolés sont hors du coup pour cause de compromission avec la suavité crémeuse du sémillon auquel il est assemblé. Alors du grand remplacement on en a eu, ça a embarqué ! Je me demandais si ce qui pouvait jusque là apparaître comme défaut, notamment l’identité variétale revendiquée, ne s’était pas inversé pour devenir gage de qualité — comme c’est le cas de certains vins nature où ce qui ne valait que d’être craché ou vidé à l’évier apparaît désormais comme signe d’authenticité du terroir et affirmation existentielle du vigneron.

    Sur les 16 échantillons 2020 de sauvignon 100% blanc et gris que notre jury devait noter, je suis à nouveau incapable de savoir quels vins nous avons médaillés en argent et en bronze (nous n’avons pas attribué de médaille d’or). On ne pourra donc pas soupçonner le très sérieux comité d’organisation d’une quelconque collusion entre vignerons et jurés ! Message aux organisateurs: une fois accompli notre travail de notation et la remise de nos fiches signées, on pourrait tout de même nous laisser retirer les « chaussettes » pour découvrir les bouteilles médaillées ou non, quitte à nous engager à ne pas divulguer nos résultats avant publication, d’ailleurs extrêmement rapide, le soir même. À bon entendeur…

    Le jury du président J. F. Liégeois (masqué à droite) avec Mathilde Favre d’Anne (masquée à gauche), sommelière du ‘loft culinaire’ du même nom à Angers (1* Michelin) et votre serviteur.

    Rencontré à la sortie, le tonique Fabrice Benesteau qui au côté de son épouse Clarisse, conduit avec beaucoup d’énergie et de succès le Domaine de la Tuffière à Lué-en-Baugeois. Il avait réussi non sans mal à convaincre son jury d’attribuer une médaille d’or au bonnezeaux 2018 Les Petits Quarts (Jean-Pascal Godineau), peut-être le meilleur grand liquoreux de Loire actuellement à côté des fameux quarts de Chaume: il n’y a pas qu’à Sauternes ou en Alsace que les liquoreux peinent à être reconnus ou tout simplement bus : où allons-nous ? L’or (des raisins mûrs) ne serait plus l’étalon ?

    ÉMOUVANT HOMMAGE DU CONCOURS LIGERS À JACQUES PUISAIS

    Minute de silence à la mémoire de Jacques Puisais au concours des LIGERS — La séance des dégustations avait commencé dans le recueillement lorsque le président Jean-François Liégeois a demandé aux 200 dégustateurs d’observer debout une minute de silence en hommage au maître Jacques Puisais, décédé de la Covid-19 le 6 décembre 2020 à 93 ans.

    Œnologue spécialisé en chimie et écrivain, Jacques Puisais était un visionnaire combattant pour l’apprentissage du goût en particulier celui du vin — qui doit selon lui avoir la « gueule de l’endroit où il est né, et les tripes de celui qu’il l’a fait, » son fameux leitmotiv prémonitoire, inspirateur de la viticulture bio et naturelle.

    Je l’avais rencontré en 2006 à Saumur à l’issue de la présentation du premier vin indien du producteur de ce pays, United Breweries — qui venait de racheter la maison Bouvet-Ladubay (reprise en 2015 par la famille propriétaire Monmousseau.) Jacques Puisais était assis seul au milieu de la scène et le dégustait, placide, en monologant avec son verre. Pour lui un vin était un personnage qui doit raconter une histoire. Puis il parlait de son cher compagnon le chenin « qu’il faut boire dans un verre à pied, à tenir par la jambe, pour l’élégance. » Je trouvais l’homme épatant, simple, pince-sans-rire, convaincant et si humain.

    Longtemps président de l’Union des Œnologues de France et membre de l’INAO (Institut National de l’Origine), c’est lui qui a créé à Tours l’Institut du Goût avec Patrick Mac Leod (alors directeur du Laboratoire de neurobiologie sensorielle de l’École Pratique des Hautes Études), présidé depuis 2018 par Natacha Polony. Cette journaliste s’est passionnée pour les « classes du goût », projet pédagogique fondé par Puisais dès 1974 pour apprendre aux enfants à goûter  leur nourriture en la nommant, à exprimer leurs sensations et s’émanciper des goûts factices et préfabriqués.

    En 2008 nous avons monté ensemble un voyage-dégustation ‘Mtonvin’ à Chinon. Puisais avait reçu chez lui une vingtaine d’entre nous au lieu dit l’Olive qui est aussi un Clos (Couly-Dutheil) où nous avons passé deux jours merveilleux, profitant de son savoir — il nous avait fait une « dictée sensorielle », sorte de master class sur la connaissance du goût. De son savoir-vivre — visite de domaines de Chinon et de La Devinière, la maison de Rabelais. De son savoir-faire — en tablier de cuisinier il avait rôti à la broche une gigue de chevreuil dans l’âtre d’un ami viticulteur, qui pour l’occasion avait remonté un chinon 1959 de sa cave troglodyte. Et de son savoir-être — Jacques venait de ré-épouser son amour de jeunesse dont il s’était séparé 60 ans auparavant, une femme resplendissante dans la septantaine qui nous accueillait avec grâce, buste superbe, silhouette de liane et langue bien pendue. Heureux homme, heureux couple.

    En 2013 Jacques Puisais avait été convié à la 1ère édition de festival Musica Vini qui invite des musiciens à jouer après dégustation de vins présentés par leur vigneron et que le public déguste pendant les concerts. Premier arrivé dans la grange, complet bleu pétrole, il était intervenu avec humour en présentant un coteaux du Layon Chaume 1er cru du Domaine Gaudard (Pierre Aguilas) avec le duo baroque Arnaud de Pasquale (clavecin) Jérôme van Waerbeke (violon) ; le Saumur du Clos Cristal (Eric Dubois à l’époque) avec le guitariste équatorien Patricio Cadena Pérez ; et le chinon du Domaine de Noiré (Max Manceau) avec le trio du peintre et batteur Daniel Humair, dont le jazz libre lui rappelait celui, fondateur, de la Nouvelle-Orléans.

    Daniel Humair (gauche) et Jacques Puisais au festival Musica Vini, au Hameau de Bellebranche à St-Brice (Mayenne) le 25.08.13 – Paul Cerni (†)

    Nous garderons en tête ses formules « je goûte, donc je suis », « avaler sans goûter n’est que ruine du palais » ou encore « tu es ce que tu manges. » Comme le mentionnait Laure Gasparotto (Le Monde 11.12.20), Jacques Puisais pose cette question** dans le dernier post de son blog Le goût juste : « “que sommes-nous venus faire sur cette Terre”? La réponse me paraît facile : apprendre, apprendre pour aller vers la connaissance d’un mystère et non pas seulement se contenter de savoir, ni de se servir avant de servir. »

    Témoignage de Jackie Rigaux (publié sur le blog Les 5 du vin).

    * Montlouis pétillant : qu’est-ce que le dégorgement sauvage ?

    ** qui pourrait être aussi celle d’un Bruno Latour — cf. ses livres Où suis-je ? et Où atterrir ?

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  • VIN ROUGE BARRIÈRE ?

    par Daniel J. Berger | Jan 7, 2021

    Le vin rouge serait « boisson barrière » anti Covid.

    Selon une récente étude de chercheurs américains de Caroline du Nord les flavonols et proanthocyanidines contenus dans le vin rouge auraient un certain effet sur la contamination du virus de la Covid19 en l’empêchant de se fixer sur nos cellules, des composés polyphénoliques que l’on trouve naturellement dans les tannins des vins rouges.

    Message annexe : les vins rouges du Roussillon, bien macérés et issus de cépages tanniques comme le carignan, la syrah ou le grenache muris sous le climat méditerranéen, sont particulièrement bien pourvus en composants polyphénoliques.

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