La Révolution fut fertile en couplets à boire. En 1793, les girondins de Lyon se révoltèrent contre les jacobins de Paris. Il s’ensuivit un siège en règle, conclu par une répression féroce. Mais à l’arrivée des troupes de Kellermann, les Lyonnais ne doutaient pas de leur succès et le célébraient par anticipation : « La Ligue noire » en témoigne. Elle a été écrite sur l’air d’une chanson d’Adam Billaut, poète et menuisier neversois du XVIIe siècle.
Aujourd’hui la ligue noire,
Vient se livrer à nos coups
Ami, verse nous à boire
Et la victoire est à nous.
Triples yeux remplis mon verre,
Le vin fait de bons guerriers,
Bacchus, haut dieu tutélaire,
Arrosera nos lauriers.

La tradition qui consiste à tremper ses idées dans la barrique ne s’est pas perdue au XXe siècle. Mais, là encore, ce n’est pas chez les centristes qu’on va la retrouver !

Retour aux blancs d’abord, avec la chanson des Camelots du Roi,

La ligue estudiantine de l’Action française fondée en 1908. Créée à peu près à la même époque, en tout cas avant 1914, cette chanson s’appelle « La France bouge ». Certains de ses couplets tomberaient aujourd’hui sous le coup de la loi Gayssot… Nous ne les citerons donc pas. Le dernier, en revanche, ne choquera que ceux qui, à l’instar de Justinien et d’Adolf Hitler, proscrivent le vin de leur table…
Demain sur nos tombeaux
Les blés seront plus beaux, serrons nos lignes
Nous aurons cet été
Du vin aux vignes, avec la royauté.Concluons avec les rouges. Les communistes, en dignes héritiers des sans-culottes, ne refusaient jamais, autrefois, de déboucher une bouteille ! En voici la preuve. Cette chanson date probablement de la fin des années 1940 ou du début des années 1950. Elle est symptomatique du « culte de la personnalité » que Maurice Thorez (car c’est bien au « fils du peuple » qu’elle est dédiée) avait alors tenté d’instaurer en France, du moins au sein du PCF
Buvons camarades buvons, que l’avenir nous appartienne
C’est à lui que nous le devons, à la tienne ami à la tienne
Buvons camarades buvons à la santé de Maurice
À la santé de la paix au bonheur à la justice
Buvons au peuple français
Buvons, buvons, au bonheur, à la paix.
À la santé de la paix au bonheur à la justice
Buvons au peuple français
Buvons, buvons, au bonheur, à la paix.
Qui serait contre ?MM(ci-dessous, un timbre soviétique à l’effigie de Maurice Thorez en 1965)