DERNIÈRE MINUTE: CLÔTURE RÉSERVATIONS REPOUSSÉE AU 17.7

Après vous avoir proposé notre récit des vins de la famille Courrian au travers de leur maître d’œuvre principal, Philippe, nous interrogeons aujourd’hui celui qui conduit Tour Haut-Caussan depuis deux décennies, son fils Fabien.

Il observe un redémarrage progressif de l’activité post Covid, notamment la vente aux particuliers qui participe pour 1/3 du C.A de Tour Haut-Caussan. Une bonne répartition des stocks leur permet de mieux s’adapter à la demande. Et aussi à l’export avec les « ventes de précaution avant Brexit » qui marchent bien, « et d’abord en Angleterre. »

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5 QUESTIONS À FABIEN COURRIAN

Fabien Courrian au large du moulin de Tour Haut-Caussan

1. Fabien Courrian, vous avez pris le relais de votre père il y a déjà 20 ans. Vous donne-t-il encore des conseils?

J’étais sur le tracteur à 14 ans ! De même que mon père avait tout appris de mon grand-père, j’ai tout appris de mon père. Qui pense déjà à ceux de ses petits-enfants qui prendront la relève… Lui et moi sommes d’accord sur tout et notre savoir faire se perpétue.

Ce qu’il y a dans une bouteille c’est le résultat de 400 petits travaux en continu et chacun d’eux doit être bien fait, un jour après l’autre tout au long de l’année. Par exemple, nous travaillons les sols à la main, pour obliger les racines à plonger profondément. Aux vendanges, nous trions au bout des vignes, sur les bennes. Et en faisant les choix qu’il faut au bon moment, en regardant et en écoutant la nature, car nous vinifions ce qu’elle nous apporte. C’est l’approche Courrian depuis plus de 60 ans.

Nous ne suivons pas les modes, elles conduisent à des vins qui finissent par se ressembler. Pour nous l’œnologue-conseil c’est d’abord un médecin, qui ne vient consulter que lorsque la vigne est malade.

Mon père a quitté le Médoc pour les Corbières en 1992 tout en continuant à venir ici régulièrement, notamment aux vendanges, car celles de Cascadais précédaient celles de Tour Haut-Caussan. C’est de moins en moins vrai, le bordelais se réchauffe, nous avons pris plus d’un degré en moins de vingt ans.

2. Y a-t-il des solutions pour éviter la suralcoolisation du vin?

Pas beaucoup… Il y a des procédés techniques comme la désalcoolisation, mais ce n’est pas le genre de la maison. Nous flirtons avec les 15°, quelquefois au-dessus. Si on avance la date des vendanges, les vins seront trop verts. Je disais que nous vinifions la nature, et c’est elle qui nous apporte le réchauffement. Il a d’ailleurs certains avantages: à la vigne les cabernets sauvignons étaient lents à mûrir par le passé; aujourd’hui c’est à leur mûrissement excessif qu’il faut porter attention ! Et les petits verdots sont plus beaux. Et aussi à l’exportation : les vins excédant 14,1° ne sont pas soumis à la récente augmentation des droits de douane aux États-Unis.

Chai décoré à Tour Haut-Caussan

3. Cascadais est passé en bio. Tour Haut-Caussan est-il bio sans le dire? Voyez-vous une progression du bio dans votre partie du Médoc?

Nous sommes « presque bio ». En Médoc nous avons affaire à un mildiou qui évolue, bien différent de celui qu’on affrontait il y a vingt ans (qui arrive d’ailleurs aussi en Corbières) et les traitements ne sont pas autorisés pour la conversion bio. Nous devons aussi lutter contre l’oïdium avec le soufre, lui autorisé. Les viticulteurs totalement bio qui ne traitent pas perdent beaucoup de récolte, leurs vignes périclitent, c’est dramatique. Et ceux qui mettent beaucoup d’engrais encouragent le mildiou. Cela dit, depuis mon grand-père nous n’avons jamais mis de désherbant et mon père a été le premier en Médoc à faire des vendanges en vert, entre autres exemples de notre approche qui tente d’innover tout en conjugant avec la nature.

4. Quel a été votre pire millésime? Et votre meilleur?

Je dirais qu’un grand millésime vient sans douleur, presque sans effort, c’est ce qui fait qu’il est grand. 2016 sûrement, et 2015. Bien sûr 2010 et 2009. 2012 aussi, c’est un joli vin. Mais ce sont ceux qui ont été les plus durs à faire dont j’ai le souvenir le plus vif. Tout particulièrement le 2003, mais malgré la canicule la plante a conservé de l’acidité et c’est un vin qui a toujours bien goûté; le moment est venu de le boire sans plus attendre, il commence à baisser.

5. Et le 2016, celui de la 7ème cuvée spéciale ‘Mtonvin‘?

C’est un grand millésime. Le vin est très mûr, avec des fruits noirs, tannique. Il étanche la soif. Les vieilles vignes ont joué pleinement leur rôle. Et puis la nature nous a aidés, il a plu juste quand il fallait. Il a 15-20 ans d’avenir devant lui.

Je trouve le 2016 encore supérieur au 2015 (et vous rassure, il titre 14° et non 15…)