Suite et fin de notre escapade en Provence d’octobre 2018, voici la relation d’une dégustation le 16 mars dernier de cinq Bandol rouges 2015 rencontrés lors de notre périple, opérée à l’aveugle par dix amis de Mtonvin qui n’étaient pas du voyage.

Domaines en lice, dans l’ordre de la dégustation :

Domaine DUPUY de LÔME – 90% mourvèdre, 10% grenache                                        (17 €)
Domaine de La TOUR du BON – 55% mourvèdre, 30% grenache, 15% cinsault            (22 €)
Domaine TEMPIER – 70-75% mourvèdre, grenache et cinsault, 2% vieux carignan       (28 €)
Château CANADEL – 73% mourvèdre, 20% cinsault, 5% grenache, 2% syrah               (23 €)
Domaine de TERREBRUNE – 85% mourvèdre, 10% grenache, 5% cinsault                   (28 €)

Les bouteilles étaient masquées par des « chaussettes » (ou « cachottiers »). Elles avaient été débouchées 2h30 au préalable. La moitié du contenu a été servie en carafe. Le vin de calage était un Terrebrune rosé 2017
Notation /20 : oeil /3, nez /6, bouche /8, harmonie-équilibre /3.

RÉSULTATS

TERREBRUNE     16,2 / 20

Qualité de l’ensemble, fondu des tannins, intensité,
sans doute encore un peu trop sur l’alcool.

 

CANADEL           15,6 / 20 (trois 18/20)

Intense et capiteux. Belle fusion tannique avec de la douceur. Boisé légèrement présent. Amplitude dans la discrétion.

 

TOUR du BON     14,4 / 20

Intensité, acidité un peu agressive, équilibré.
Encore trop jeune.

 

TEMPIER              14,4 /20

Équilibre, léger boisé, fondu tannique.
Encore jeune.

 

DUPUY de LÔME   13,9 /20

Chaleureux, velours, un peu alcooleux.
Jeune.

 

CONCLUSION : SIDÉRATION ET ENTHOUSIASME

Découvrant le Bandol rouge pour la plupart d’entre eux, raison pour laquelle nous souhaitions leur faire partager après notre périple, les dégustateurs ont été très surpris par la puissance alcoolique des 2015 titrant 14° en moyenne, qualifiés par certains d’ « alcooleux. » Les jugeant pas encore tout à fait prêts (« jeunes »), ils ont en majorité apprécié avec enthousiasme leur corpulence (« capiteux »), leur race, leur intensité et leur équilibre (« fondu »).

Ils ont observé que le classement de la qualité est à peu près parallèle à celui du prix.

Certains auront pu réfléchir a posteriori aux plats sur lesquels les servir — filet de bœuf au mourvèdre et fondue d’échalottes, jarret de veau aux aubergines, ou encore poulet à l’estragon (recommandés par David Cobbold dans son ouvrage Bandol (Flammarion 2001).

On constate que l’aération plusieurs heures en carafe s’impose à ces vins dont la garde est de 15-20 ans.

Ce sont des vins durables dont les prix paraissent assez élevés, mais c’est sans intégrer leur longévité.

TERREBRUNE se classe 1er et c’est mérité.
CANADEL confirme son ascension au sein des meilleurs Bandol, cercle assez fermé qu’il a intégré d’emblée à la première vinification des jeunes propriétaires en 2014.
— TEMPIER bien que re-goûté, n’a pas cette fois rallié tous les suffrages.
— La TOUR du BON se tient avec discrétion dans les tout premiers Bandol.
— DUPUY de LÔME doit sa note (inférieure à son niveau) à une attaque légèrement agressive due à l’oubli du carafage effectué sur les quatre autres servis en suivant. Avec nos excuses envers ce beau vin qui a été après CANADEL l’autre révélation de notre passage à Bandol.

Cette dégustation s’est tenue au Hameau de Bellebranche à Saint-Brice (53290) le samedi 16 mars de 19h à 20h, menée par Géraldine des Horts qui l’accueillait chez elle, en respectant la parité féminin-masculin. Y ont participé Mmes Bully Berger, Florence Dexant-Dreux, Bénédicte Mersch, Anne Postec, et MM. Patricio Cadena Pérez, Benoît Combes, Yves des Horts, Vincent Dreux, Cyrille le Tourneur d’Ison. La grille de notation était inspirée des concours professionnels Ligers (vins de Loire), Bettane+Desseauve (Prix plaisir), Amphore (vins bio) et d’autres. On admettra qu’en comparaison aux dégustations professionnelles, ces vins sont sous-notés d’environ un point.
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