D’après la newsletter de BOOKS, 11 décembre 2017
BOOKS s’intéresse à l’ivresse, le petit (ou gros) bout de la lorgnette d’un n° spécial sur le vin dans la littérature du monde entier, proposé par nous au directeur Olivier Postel-Vinay il y a plusieurs mois : l’ivresse, une manière d’introduction au vin ?
« Aux alentours de 9000 avant J-C, nous avons inventé l’agriculture pour pouvoir nous soûler régulièrement », nous apprend Mark Forsyth dans A Short History of Drunkenness. Cet auteur britannique connu pour ses ouvrages consacrés à l’étymologie, s’intéresse dans son dernier livre à l’histoire de l’ivresse à travers les âges et les civilisations, du Néolithique à la Prohibition.
Selon Forsyth, les Grecs méprisaient les buveurs de bière et préféraient le vin, tandis que les Russes étaient tellement attachés à la vodka, dont la décision du tsar Nicolas II de l’interdire en 1914 précipita la chute. Le cœur de la théorie de Forsyth est que « l’ivresse n’a pas été recherchée par l’humanité seulement pour le plaisir ou l’évasion, mais aussi dans une authentique visée spirituelle », analyse Christopher Hart dans The Sunday Times. À l’image des Égyptiens qui célébraient la déesse de la fertilité, Hathor, lors d’un festival de l’ivresse où la boisson était censée rapprocher les convives de la divinité. D’autres comme le philosophe William James, voyaient dans l’alcool un moyen d’élargir leur conscience mystique. Quant à Benjamin Franklin, aucun doute pour lui, l’existence du vin est « la preuve que Dieu nous aime, et qu’Il aime nous voir heureux ».
A lire aussi dans Books: L’alcool a fait l’Amérique, février 2016.
A Short History of Drunkenness par Mark Forsyth, Viking 2017.