DANIEL J. BERGER

Robert Tixier-Guichard vient de nous quitter subitement, suite à un accident cardiaque qui lui a été fatal.
« Bob » était proche du premier cercle de
Mmmm… ton vin! depuis 2005.
Hommage personnel.

De son premier métier de journaliste « localier », Bob_Tixier_GuichardRobert Tixier-Guichard avait gardé un profond sens de l’observation, du détail comme du fond des choses — grand œil, grande oreille.

Son livre Les Dircoms avait jeté un pavé dans la mare des communicants, profession en plein essor au milieu des années 90.
Il l’avait choisie et fondé une agence avec Daniel Chaize. Puis ils l’avaient cédée à un grand groupe et Robert y était entré comme dirigeant. Gros travailleur, il traçait son sillon, dans la discrétion.

Robert était directeur associé de l’agence Alcane, de l’agence Stratis, et enseignait à HEC, à Sciences Po et au CFJ.

Ayant sympathisé au cours d’une des grand-messes annuelles du TopCom à Deauville, l’événement français (parisien) consacrant la communication d’entreprise-soutien de la croissance, qu’on a bien oublié depuis, nous nous étions rapprochés, nous rendant mutuellement des services, je lui avais demandé de rejoindre le groupe initial Mmmm… ton vin!

On aimait sa circonspection lors de nos dégustations, qu’il appréciait en se taisant, autant pour découvrir les vins que pour être ensemble. Il ne prenait la parole qu’à bon escient, sans se l’approprier, avec une finesse d’esprit supérieure.

C’est tardivement qu’il s’est marié avec Marie, sa compagne de toujours, nous demandant à Bully et moi d’être leurs témoins à la mairie du VIème. Il faisait beau sur la place Saint Sulpice ce jour-là. Ils nous ont emmenés chez Lucas Carton. Il avait choisi les vins, soigneusement. Je crois qu’il était heureux.

Robert était un homme d’écrit, il avait une écriture énorme et besoin de beaucoup de papier en prenant des notes. Il lisait sans cesse, des livres de toutes sortes et posés partout, toujours prêt à argumenter sur ceux qu’il aimait, en se gardant du prosélytisme. Chaque matin il dévorait la presse où qu’il soit, entre leur appartement boulevard Raspail et leur maison du Saintongeais — où il voulait nous organiser un voyage-dégustation à Cognac.

Il se méfiait des idées générales ou conventionnelles, conséquence d’une éducation peu classique et d’une enfance sans doute difficile, dont il ne parlait pas. C’est peut-être cela qui l’a amené à s’engager politiquement, du communisme à l’extrême centre. Il a même été candidat dans sa circonscription de Charente Maritime en 2007, sans lendemains, qu’ils chantent (faux) ou non.

Nous aimions ses capacités d’écoute et d’attention, sa mémoire, ses réparties déconnantes et ses fous rires, sa pudeur… Et ses lunettes aux montures de couleur, ses innombrables chemises Lacoste auxquelles il mettait parfois un nœud pap, son duffle coat, ses cigares.

Marie et lui étaient fréquemment de nos voyages-dégustations, dans le bordelais ou les coteaux d’Aix, en Anjou, en Champagne — qu’il avait organisé, en Bourgogne ou à Chinon…

Encore un ami qu’on imaginait en forme à 80 ou 90 ans, un verre à la main contemplant l’infini, et qui nous quitte subitement pour le rejoindre — comme Bruno Revault, comme Marie-Claire Damond… et d’autres encore.

Nous pensons à toi Marie…