DANIEL J. BERGER

Deuxième lettre écrite en Toscane du 1er au 5 décembre dernier, lors d’un voyage organisé par la FIJEV à l’occasion des prix annuels décernés à une sélection de ses vins par la Région Toscane, qui conduit une vraie politique d’œnotourisme. Les propriétés visitées ont vu un ou plusieurs de leurs vins primés en 2010.

Arrivée à Montepulciano. Remontent d’un coup les souvenirs d’un précédent passage ici lors d’un voyage-dégustation Mmmm… ton vin! en septembre 2005.

C’était un matin, il faisait gris, rien de tel qu’un caffè corretto pour se donner de l’allant, une idée de Joël Damond, ex-résident florentin bien au fait des habitudes de bar locales et qui était du voyage. Depuis la cour de la Cantina del Redi on surplombait à 600 m les vignobles de la contrée du Vino Nobile et on pouvait voir au loin le Val d’Orcia, jusqu’au lac Trasimène (ci-contre)

Nous étions sur le point de participer à un cours magistral de dégustation dans la grande salle d’apparât de la Cantina del Redi, appelée aussi Vecchia Cantina di Montepulciano, du nom de la coopérative installée dans cet ancien palazzo Ricci, où je suis aujourd’hui 2 décembre.

On y arrive par la via provinciale qui grimpe dur jusqu’à la piazza grande vaguement carrée et au sol inégal, bordée sur quatre côtés par le palazzo communale avec sa tour crénelée en marbre à la florentine, la cattedrale Santa Maria avec sa tour bien sûr (photo), le duomo avec sa tour aussi, et le palazzo Tarugi avec… son vieux puits de pierre surmonté par un portique.

Inévitable visite de la cave du palais Ricci aménagée au XIVème, aménagée dans les anciennes grottes et de souterrains sous le Sasso, le rocher sur lequel s’appuie le palais (ci-dessous gauche). Certaines galeries revêtues de briques sont en plein cintre et les voûtes croisées sont soutenues par d’épais piliers de 7 m de haut.

 

À même température toute l’année, y reposent les nombreuses et imposantes barriques de la coopérative. À partir de ces galeries, des boyaux s’enfoncent en rétrécissant dans le tuf sableux. Les lieux sont impressionnants par leur taille, leur volume, leur pénombre. Au cœur de la cave, la grotta dell’antico posso, l’ancien puits autour duquel des bouteilles millésimées sont dispersées en tas triangulaires, selon un ordonnancement mystérieux rappelant sans doute un culte ancien du vin à Monterpulciano.

Dans la même grande salle de réception où avait été dispensé au groupe Mtonvin en 2005 le cours magistral de dégustation, nous sommes maintenant conviés à un déjeuner dégustation par les dirigeants de la viecchia cantina en présence de l’œnologue Ugo Pagliai, directeur technique. La coopérative groupe 300 viticulteurs répartis sur 100 hectares, et produit 6 millions b/an à des prix bien placés, « compressés » précise Marika Rossi, la responsable marketing.

Avec les antipasti, le blanc Riccio 2009, un IGT Toscana à 50% chardonnay et viognier (6,5 €). Sur le veau aux navets et les salades, un rosso 2009, DOC Montepulciano, 90% sgv et 10% canaiolo (7 €); puis un Orbaio 2005, le supertoscan maison, IGT Toscana 1/3 sgv, 1/3 merlot, 1/3 CS (11 €, excellent rapport Q/P). Sur l’assortiment de fromages, le Briareo, un Nobile DOCG Riserva 90% sgv, 10% canaiolo, élégant, avec une bonne finale et une note tannique bien maîtrisée. Avec les desserts, l’inévitable vin doux Vin Santo, un 1995 DOC Montepulciano, aux saveurs de fruits confits, de vieux bois et de miel.

La Cantina del Redi est plus un un point d’entrée incontournable de l’œnotourisme toscan, où l’on est invité à regarder et comprendre la région par le vin qu’elle produit depuis cinq siècles, qu’une référence de qualité, ignorée par les guides italiens comme Gambero Rosso ou Slow Wine. Mais ne boudons surtout pas notre plaisir.

Prochaine lettre : Montalcino