Deux études de marché/tendances sur la place de la France sur le marché mondial viennent de paraître. Les conclusions sont différentes. Une seule chose est sûre : la France n’est plus 1ère. La première étude, publiée par VINEXPO, révèle que la production nationale passe derrière celle de l’Italie, qui devance aussi la consommation dans l’Hexagone. La deuxième, du CREDOC pour Les Vignerons Indépendants, annonce ce passage en 2ème place pour 2015 derrière… l’Espagne. Questions.
PREMIÈRE ÉTUDE : 3 QUESTIONS à ROBERT BEYNAT Directeur Général de Vinexpo, dont la prochaine édition se déroulera à Bordeaux du 21 au 25 juin 2009, ainsi qu’à RAPHAËL BERGER, responsable ajoint au service consommation du Crédoc (centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie).
1. La France n’est plus le 1er producteur, détrôné par l’Italie. Déclin structurel ou mauvaise passe ?
Robert Beynat (Vinexpo) – La France n’est pas loin d’avoir achevé la restructuration de son vignoble. Et dès lors que la consommation se tasse, il n’y a aucune raison de planter de nouvelles vignes.
Raphaël Berger (Crédoc) – En volume, la France est historiquement en repli. Depuis 20-30 ans, la production a chuté sous l’effet de l’évolution des modes de consommation. Chez nous le vin de table, disons le gros rouge, a quasiment disparu. Ce qui a provoqué les arrachages de vignes. L’autre facteur tient à la productivité. Les rendements sont impressionnants, 63 hl/ha en 2006 en France et 67,4 en Italie. Il paraît difficile de produire plus sur des périmètres inchangés. En Espagne, 3ème producteur, la productivité demeure relativement faible, à 41,8 hl/ha, mais la marge de progression est réelle.
2. Faut-il s’alarmer de cette rétrogradation ?
R. Beynat – En valeur, la France reste leader avec un CA de + 6,7 milliards €. Nous avons toujours la plus belle réputation qui soit, qu’il s’agisse de champagnes ou de vins tranquilles.
R. Berger – La question n’est pas tant de vouloir produire plus que mieux. On a la chance en France d’avoir de bons rendements. Misons sur la qualité.
3. La France n’est plus non plus 1er consommateur mondial de vin, devancée depuis 2007 par l’Italie, qui le serait elle-même par les USA en 2012. La tendance peut-elle encore être inversée ?
R. Berger –La baisse de consommation remonte à la fin des années 60, depuis que le vin a cessé d’être une boisson quotidienne, supplanté par l’eau. Plus on est jeune, moins on boit du vin, et la génération montante en boira moins que la précédente, etc. De plus l’époque est aux politiques de santé publique avec un discours moralisateur sur les méfaits de l’alcool. Le vin devient ainsi réservé aux « extras ». On est passé de 103 l/hab (16 ans et +) en 1975 à 55 en 2005. La consommation a été divisée par deux en 30 ans.
R. Beynat –Chez nous la tendance à la baisse persiste alors qu’en Italie elle s’est stabilisée. J’y vois l’effet néfaste des campagnes de stigmatisation, de diabolisation, venant de voix médicales médiatiques et à forte crédibilité, et la peur du gendarme. En Italie, ils sont fiers de leur vin, eux !
D’après l’expansion.com – 14.01.09 – Propos recueillis par Guillaume Evin
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DEUXIÈME ÉTUDE : La France va perdre sa place de 1er producteur mondial de vin d’ici 2015 au profit de l’Espagne, selon une étude du CREDOC pour les Vignerons indépendants parue le 13.01.09, qui explique pourquoi et comment la production française passerait de 52,8 millions hl sur la période 2000-2004, à 43,9 en 2015
Ayant sous les yeux les statistiques de production viticole des 40 dernières années, je vous signale qu’en 1996 et 1998 la production italienne avait déjà dépassé celle de la France. En volume mais pas en valeur, en particulier à l’exportation. L’arrivée de l’Espagne dans le club des grands producteurs est attendue depuis longtemps. Mais vous le savez, la question n’est pas de produire, elle est de vendre la production sur le marché mondial. Sur ce plan, on ne peut se contenter de mesurer le nombre d’hectolitres ! Je reste persuadé que la viticulture française a su réaliser des mutations audacieuses et sera apte à affronter un marché mondial qui va, comme le nôtre, rechercher de plus en plus la qualité.
Commentaires postés sur l’expansion.com
René-Pierre – 14/1/2009
Fut un temps on nous disait qu’un verre de vin ne faisait pas de mal bien au contraire. Mais ce qui fait réellement mal ce sont les pesticides qui sont 4 000 fois plus importants dans le vin que dans l’eau du robinet (mais ça ne dérange personne, ni la santé ni la DASS). Il serait peut- être bon de savoir quel est leur rôle sur les maladies attribuées à l’alcool (cancers : gorge, estomac, foie, pancréas). Aussi, plus que le rendement, la qualité passe aujourd’hui réellement par le vin biologique (en tout cas moins pesticidé qu’actuellement). C’est LA façon de boire moins mais mieux. Sinon il n’y aura point de salut pour les vignerons et viticulteurs. Refus de consommation.
Daniel (74) – 14/1/2009
Nous avons perdu notre position car, dans notre pays, les technocrates cassent tout ce qu’ils touchent. Nous avons le privilège d’avoir des terroirs, nous sommes LE pays producteur de ceps et cépages, nous avons des techniciens avisés mais aussi malheureusement un monopole d’un autre temps pour les AOC et la et les corruptions. Je connais des producteurs américains qui ont reconstruit nos vignobles détruits par les subventions, les pesticides et engrais et qui élèvent de superbes vins de pays. Nous sommes incapable de respecter le fruit et le travail des hommes et, pire, de ne plus considérer l’aliment comme notre premier médicament. Nous avons le culte du médicament poison et pour notre santé et pour notre insécurité sociale. Et s’il nous venait de chasser les technocrates vers des pays où la culture et le respect de l’Être Humain était la prorité ? L’ETAT TUE NOTRE PAYS, ALLONS-NOUS OUVRIR LES YEUX ?
annj. – 14/1/2009
La coupe est pleine! Comment peut-on dénoncer les dites « campagnes de diabolisation » (dernier § de la réponse de M. Beynat) HONTEUX! J’ai habité Bordeaux 15 ans et suis allée tous les 2 ans à Vinexpo, mais vraiment ce Salon Mondial du Vin, carte postale « primeur » de la France à l’étranger mérite beaucoup mieux que ce directeur général sans aucune majuscule bien entendu! La qualité oui, la quantité non. A la nôtre!