DANIEL J. BERGER

QUELS ONT ÉTÉ POUR VOUS LES FAITS, PERSONNALITÉS ET MOMENTS MARQUANTS DE 2008 ?
Voici la mienne :

— UN ATHLÈTE : Dean Tudor
3000 vins dégustés par an au Canada, et pour chacun d’eux un compte rendu, dont certains publiés sur Mtonvin. www.deantudor.com

— UN BLOG : Mmmm… ton vin!
Voir notre sélection dans « Liens ». Et surtout dans l’onglet Wine Blogs Links mis à jour. Saluons au passage celui de Jacques Berthomeau, qui publie un billet tous les matins, parfois deux, à 600 abonnés www.berthomeau.over-blog.com

— UN COUPLE : Mélaric
[6 ha à Puy-Notre-Dame (Saumurois). Style : expression véritable et totale du terroir. En biodynamie depuis le début 2008]
Mélanie Cunin, ingénieur œnologue (Montpellier). Expérience : en France – château Guiraud à Sauternes, Domaine Pierre Gaillard et Clusel-Roch en Côte Rôtie, Château Pradeaux à Bandol, Madeloc à Banyuls; et dans le nouveau monde – Petaluma en Australie, Rustenberg en Afrique du sud.

[Saumur et Saumur Champigny: Tandem rouge et blanc et Billes de roche rouge et blanc]

Aymeric Hillaire, saumurois d’origine. Études d’agronomie et d’œnologie. Fait ses classes au château Mas Neuf sur les galets roulés de la vallée du Rhône méridionale avant de revenir pour la vendange 2005 chez Bernard Baudry à Chinon.
Organisent des animations — balades, repas autour du vin, soirées œnologiques.
www.vins-melaric.com

— UNE FIGURE : Jacques Puisais
pape des œnologues et apôtre du goût, pour son accueil chez lui à Chinon fin novembre, son pot au feu à la ficelle devant l’âtre, et la visite organisée pour notre groupe (24 participants) des domaines Bernard Baudry, Olga Raffault et Gatien Ferrand.
Sans oublier son épouse Suzanne, l’octogénaire la plus SEXY du monde.

— UN FILM : L’Aurore
de F. W. Murnau (1927, muet) pour la séquence du petit cochon saoul semant la pagaille dans un dancing, symbole de l’ivrognerie. Bacchus, quand tu passes par ici, évite-nous d’avoir à lui ressembler !

— LA FOLIE ÉCONOMIQUE : les Financial Wine Ratings
de la Radobank (néerlandaise, signé Cees van Casteren), un rapport qui estime une grande partie de l’industrie vinicole européenne (française, italienne, espagnole) « proche de la faillite » à cause de son sous-investissement, et donc incapable de répondre à l’urgence vitale du développement de la qualité des vins autour de 5 €/b. Le rapport juge par ailleurs « surendettée » la viticulture de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie . Seuls les USA tirent leur bouteille du jeu, en raison de la progression constante de la demande intérieure (voir « Des Américains sans complexes » dans What’s Up?).

— DEUX LIVRES : Choses bues
de Jacques Dupont (Ed. Grasset). Personnel, délicat, expert, sage, le livre du chroniqueur du Point (qui répondra à nos questions sur ce blog de temps à autre) est un livre « tranquille », comme on le dit du vin (non effervescent), sympathique et émouvant, et qu’on garde à portée de main pour le feuilleter souvent, tant il est riche — informatif, simple, drôle.
Le Vin et la musique
de Sylvie Reboul (Ed. Féret). Une grande histoire des relations multiples entre vin et musique — initiation, religion, fête, objet/sujet de poésie — et du rôle du vin dans la vie des musiciens, depuis les Hittites 15 siècles avant JC (« Vin, vin, taruwaliyan, vin ! ») jusqu’aux rappeurs noirs américains (« You can give me ‘dro, but pass the Courvoisier »). Du beau travail.

— UNE MARQUE : Paul Jaboulet Aîné
pour ses Hermitage (voir « Un soir un Tain », rubrique dégustations-tastings)

— LE PÉLOPONNÈSE : « Nouvelle frontière »,
visité deux fois, en mars (voir article) et en juin (reportage à venir)

— UN QUALIFICATIF : moustillant
utilisé par Jacques Puisais à propos d’un Touraine rosé « mousseux et pétillant » du domaine du Hay à Azay-le-Rideau (Gallais père et fils). En apéritif, manger des radis et un peu de beurre entre deux gorgées.

— RABELAIS : Le Tiers Livre.
Extrait du Prologue : « Attendez un peu que je hume quelque traict de ceste bouteille : c’est mon vray et seul Helicon, c’est ma fontaine caballine, c’est mon unicque enthusiasme. Icy beuvant je delibere, je discours, je resoulz et concluds. Après l’epilogue je riz, j’escripz, je compose, je boy. Ennius beuvant escrivoit, escrivant beuvoit. AEschylus (si à Plutarque foy avez in Symposiacis) beuvoit composant, beuvant composoit. Homere jamais n’escrivit à jeun. Caton jamais n’escrivit que après boyre […] Si de mesmes vous autres beuvez un grand ou deux petitz coups en robbe, je n’y trouve inconvenient aulcun, pourveu que du tout louez Dieu un tantinet. » (NB. « en robbe » : à la dérobée)

— UN REPORTAGE sur Véronique Drouhin (ci-contre) dans Zone interdite (M6-Mélanie Theuriau) diffusé fin août. On a pu suivre notre belle marraine (voir § in Angels ‘Gardiens’) au sein de sa famille, parents, frères, enfants — Laurène, Louise et Arthur, auxquels elle enseigne la dégustation à la maison — depuis les vignobles Joseph Drouhin et ses établissements au coeur de Beaune (la seule de la famille à avoir reconnu à l’aveugle un Pommard 1949 de leur réserve) jusque dans l’Oregon, où elle a démarré il y a 20 ans un vignoble qu’elle exploite elle-même, recevant en compagnie de ses frères, amis, voisins et clients. Merci pour le spectacle Véronique !
NB. L’œnologue de la famille (Dijon 1985, seule femme de sa promotion), vient d’être nommée « nez » de l’ensemble des gammes J. Drouin (85 vins). www.domainedrouhin.com

— UN RESTAURANT : Le Tastemonde
8, rue de Surène, près de la Madeleine. La plus belle carte de vins étrangers à Paris, un accueil très sympathique et une cuisine innovante — à chaque vin son plat et inversement. Le patron, Sylvain Albert, est un grand wine globe trotter qui raconte ses tribulations sur www.letastemonde.com (rubrique « Carnets de route »).

— TROIS VINS ROUGES :
Poggio San Polo 2000 — Brunello di Montalcino,
sur une escalope de veau poëlée, juste après du poisson cru aux herbes. Sans doute l’un des plus beaux Brunello avec le souvenir de notre visite lumineuse de la propriété, au centre d’un vallonnement à perte de vue, lors de notre voyage-dégustation en Toscane en septembre 2005.
Château de Ligré 1959 — Chinon,
dont Jacques Puisais disait : « écoutez-le, il se met à ronronner dans le verre ! » sur du cuissot de sanglier cuit à la broche par Gatien Ferrand et arrosé de lard liquide bouillant, Un résumé emblématique de tous les chinons que j’ai pu connaître depuis ce millésime.
Branaire Ducru
2001 — Saint-Julien,
sur un gigot de biche aux châtaignes, au déjeuner de Noël chez mon frère. Le Branaire est un 4ème CC, tantôt sérieux, comme celui-ci, tantôt riant comme les 1979, 82 ou 96 ouvert récemment, c’est son apanage, et son charme.