Nous y avions été faire un tour à Belle-Vue en septembre 2002 (AOC Haut-Médoc à Macau, ex « Cru Bourgeois », voir « Nos Voyages ») et été impressionnés par l’originalité de la conduite de ce domaine qui longe Château Giscours (Margaux 3ème CC) : proportion inhabituelle de Petit Verdot (15 à 20%), macération longue de 6-8 semaines et suivi de maturation par dégustations successives, vieillissement variable de 14 à 20 mois en barriques de chêne hongrois, bouteille redessinée, absence voulue de la mention « Cru Bourgeois » sur l’étiquette.
Nous avons invité le nouveau propriétaire VINCENT MULLIEZ à déguster ses vins avec lui.
C’était le 16 février 2008 chez Danièle et Jean-Jacques Lobel, à Vaucresson.
La qualité monte, le prix baisse : le 2001 en primeurs était à 13 € ttc/b, le 2007 est à 11,75 €. Voir OFFRE PRIMEURS 2007 en fin d’article.
C’est en 1996 que Belle-Vue s’est désannexé de Gironville, ancien domaine de 35 ha de vignes replanté ensuite en pins et sauvé du déclassement il y a 20 ans par les frères Mercier, des pépiniéristes viticoles vendéens associés à l’agronome-œnologue Rémy Fouin, représentant en tonnellerie (Vicard).
En 2003, le domaine (145 000 b/an) a été racheté par Vincent Mulliez, ex-JP Morgan. Il a rejoint la bande de ces nouveaux propriétaires-managers venus exercer autrement leurs talents ici — « Ne pas croire que ce soit plus cool que le business ou la finance ! » fait remarquer V. Mulliez —, et poussent Bordeaux à se réinventer en permanence : « Plus besoin désormais d’être l’un des leurs, on nous laisse exprimer notre passion (traduire: nous nous sentons encouragés, si ce n’est soutenus). Passion oui, et envie de loyauté aussi, même pour une « nanomarque » comme Belle-Vue« .
En plus de l’acquisition du domaine, Vincent Mulliez a investi dans la refonte complète des chais. Et comme son prédécesseur, il a aussi veillé à la tonnellerie : 160 à 170 barriques/an achetées désormais chez 6-8 fournisseurs et non plus un seul. Il explique : » La visite chez un fabricant de tonneaux est passionnante, on les voit chauffer l’intérieur de la barrique en cherchant un équilibre toasté-grillé. C’est à recommander pour l’un de vos voyages.«
Vincent Mulliez produit aussi un Bordeaux supérieur, Château Bolaire, produit sur environ 6 ha de parcelles de palus, avec des vignes de 80 ans vendangées à la main; et son autre Haut-Médoc, le Château de Gironville donc (10,14 ha).
DÉGUSTATION :
Château Bolaire
2006 : tannins déjà présents, belle acidité, frais. Se gardera 10 ans.
2005 (37% Petit Verdot (PV), 40% Merlot (M), 23% Cabernet sauvignon (CS) : « considéré comme l’un des cinq meilleurs Bordeaux Supérieurs » précise fièrement le propriétaire. Des épices, de la réglisse, c’est bon. « J’ai pu racheter 1 ha et je l’ai replanté en PV » nous dit-il, en ajoutant : « Château La Lagune a arraché 20 ha et en a replanté une bonne proportion en PV. C’est un cépage difficile, mais il donne ce cachet épicé bien particulier qui caractérise mes vins. »
Château de Gironville
2006 et 2005 (PV 10%, CS 50%, M 40%) : les deux vins sont bien constitués, les tannins affinés, l’attaque douce et l’équilibre atteint.
Château Belle-Vue
2006 (CS 47%, M 31%, PV 20%, Carmenère 2%) : tannins maîtrisés, le doux est presque soyeux, « il n’est pas encore entré dans son sac de couchage » précise V. Mulliez. C’est le millésime 2006 qui a relancé Belle-Vue, année pourtant très chahutée par la météo, car le résultat est plus qu’honorable, remarqué par Parker, Jancis Robinson, James Suckling (Wine Spectator), la RVF, …
2005 : à millésime de quasi excellence, vin quasi excellent. Vendu 11 € ht, on le trouve à 16 € chez Auchan par ex.
2004 : nombreuses notes gourmandes; va grandir encore 10-12 ans.
2003 : rond et doux, « exotique bien sûr, et pourtant il n’a pas été récolté trop tôt, ni dans la hâte comme pas mal d’autres en cette année stupéfiante de canicule« .
PARTICIPANTS :
Bully et Daniel Berger, Bernard Collet, Claudine Crassard-Petit, Geneviève Le Caër, Danièle et Jean-Jacques Lobel, Marie-Odile et Christian Martel, Bernard Vacher. En présence de Vincent Mulliez.
SPECIFICITES du CHÂTEAU BELLE-VUE. Superficie : 9,73 ha. Type de sols : graves grossières du quaternaire profondes (10 à 12 m). Encépagement, rendement: 50 % CS, environ 35 hl/ha; 27 % M, env. 45 ha/hl; 20 % PV, env. 40 ha/hl; et 3% Carmenère, env. 10 hl/ha. Densité : 6.600 pieds/ha. Âge moyen des vignes : 30 ans (les plus anciennes datent de 1907). Œnologue : Christophe Coupez.
SC DE LA GIRONVILLE – VINCENT MULLIEZ – 69 Route de Louens, 33460 MACAU – Tél: +33 (0)5 5788 1979 – Fax: +33 (0)5 5788 4179 – Courriel: <sc.gironville@wanadoo.fr> – http://www.chateau-belle-vue.com/