La cuvée spéciale ‘Mtonvin’ n°7 est lancée. Disponible jusqu’au 1er juillet, l’offre est double : un fleuron du Médoc, Tour Haut-Caussan, et un Corbières au top, Cascadais, tous deux produits par la famille Courrian, proposés à un prix défiant toute concurrence. Déconfinez-vous !

« En figurant sur l’étiquette, le moulin
est devenu l’emblème de
Tour Haut-Caussan. »

Deux ans après la précédente cuvée spéciale (Marquis de Saint-Estèphe), le moment est arrivé de lancer la 7ème !

Après plusieurs recherches, excursions et dégustations notamment en Languedoc et en bordelais, le choix du groupe de dégustateurs ‘Mtonvin’ s’est arrêté cette année sur le château Tour Haut-Caussan 2016, exemple de la meilleure tradition médocaine, reconnu et apprécié des connaisseurs dans le monde.

Pour la première fois, la cuvée spéciale Mtonvin comprend 2 vins

Le 2ème vous le connaissez, également un 2016, c’est le château Cascadais (dont le 2011 — la cuvée spéciale n°4 — apprécié pour son corps, son fruit et ses arômes légèrement exotiques), produit dans les Corbières par Philippe Courrian, qui avait relevé le vignoble de Tour Haut-Caussan et restauré le moulin à vent, transmis depuis à ses enfants Véronique et Fabien. 

De g à d, Fabien, Philippe et Véronique Courrian

Vous avez la possibilité de choisir un seul vin ou de panacher l’un et l’autre, ils sont tous deux accomplis et prêts à boire sans avoir à patienter.

En la période actuelle de pandémie, très difficile pour les viticulteurs privés à la fois de distribution dans l’Hexagone et d’export à l’international, c’est notre manière de soutenir la famille Courrian, dont les vins remarquables à prix raisonnable correspondent bien à l’esprit ‘Mtonvin’

LA CUVÉE SPÉCIALE ‘MTONVIN’ N°7 

CHÂTEAU TOUR HAUT-CAUSSAN 2016: AOC Médoc. Cépages: 50% cabernet sauvignon; 50% merlot. Âge moyen des vignes: 30 ans. Superficie du vignoble: 17 ha répartis sur Blaignan (sol argilo-calcaire) et Potensac (graves), en Gironde. Production: 95 000 b. 

CHÂTEAU CASCADAIS 2016: AOC Corbières. Cépages: 32% vieux carignan; 32% syrah: 28% grenache noir; 4% mourvèdre; 4% cinsault. Âge moyen des vignes: 50 ans. Superficie: 25 ha à St-Laurent de la Cabrerisse (limon et sable), dans l’Aude. Production: 72 000 b.

RÉSERVATIONS: jusqu’au 1er juillet 2020.

PRIX: les prix consentis s’entendent sine qua non pour l’achat d’un volume cumulé de 10 000 bouteilles (cuvée n°6 précédente: 11 196 b). NOUS CONSULTER: contact@mtonvin.net. Faites connaître l’offre autour de vous pour atteindre le volume requis. 

LIVRAISON: semaine 42 (14, 15 et 16 octobre) aux points suivants : Paris, proche banlieue sud; sud Mayenne; Dax; Orléans; Haute-Savoie; Stuttgart.

CONDITIONNEMENT: en cartons de 6, plus faciles à manipuler et à différencier : Tour Haut-Caussan cartons blancs, Cascadais cartons bruns. Quantités faciles à moduler par multiples de 6. Étiquettes signées Cuvée Spéciale Mtonvin n°7.

NOTRE RÉCIT DES VINS DE PHILIPPE COURRIAN (1)

Mon premier contact avec Tour Haut-Caussan remonte à décembre 1993. Je dînais à La Tupina à Bordeaux avec Alfred Tesseron qui, après vingt ans d’un effort obstiné, avait propulsé son pauillac Pontet-Canet aux tout premiers rangs des grands crus de Bordeaux (et qui finira par obtenir en 2009 la notation suprême de Robert Parker, 100 sur 100). Au moment de choisir le vin, Alfred en commande un dont je n’avais pas compris le nom immédiatement. Nous parlions de choses et d’autres, du passé de New York où nous nous étions connus en 1974, alors qu’il était employé chez l’importateur Shaw-Ross, et que je réalisais pour la télévision française un programme sur la soul music. Il nous invitait mon épouse et moi dans la propriété qu’il avait louée à Long Island et nous buvions du Barton & Guestier dont il promenait des cartons dans le coffre de son Impala décapotable.

Au milieu du dîner Alfred (à gauche) me montre la bouteille, dont l’étiquette avec son moulin à vent est reconnaissable, et me dit d’une mine à la fois consternée et admirative: «  je ne comprends pas comment il y arrive, je ne sais pas ce qu’il fait… »

Venant d’Alfred Tesseron, cela valait réel compliment. 

Je ne m’intéressai pas tout de suite à ce vin de Blaignan, personnification du Médoc, remonté dans les classements des crus bourgeois dans les années 80. J’avais appris depuis que Château Tour Haut-Caussan avait vraiment décollé avec sa récolte 1973 vendue la plus chère du Médoc au négociant Alexis Lichine. J’étais plus concentré sur un autre miraculé, Château Cantemerle, haut-médoc relevé à partir de 1981 par une compagnie d’assurances qui m’avait confié une mission interne de communication. Puis au hasard d’achats dans un entrepôt à la porte d’Aubervilliers (Léonelli ), j’avais découvert le corbières Château Cascadais, sans réaliser qu’il était produit par le même vigneron que Tour Haut-Caussan.

Ces deux délectables crus ont été parmi les premiers à faire partie de nos cuvées spéciales des années 90, dont la diffusion était plus réduite qu’aujourd’hui. Tour Haut-Caussan et Cascadais étaient devenus des copains, nous les rencontrions régulièrement chez l’un ou chez l’autre de nos amis buveurs. Puis était paru Vigneron du Médoc en 1996, témoignage habilement mis en forme par le journaliste Michel Creignou (*), l’un des livres de vin les plus sympathiques, instructif, narratif, intelligent, humain et… nostalgique.

En voici quelques passages, édités pour le blog.

« Tour Haut-Caussan trouve l’origine de son nom dans le moulin qui occupait la sommet de la colline de Caussan. Quand mes parents ont acheté une partie du château Caussan, ils devaient rajouter un nom pour se différencier. Tout naturellement, en regardant les ruines du moulin ils ont ajouté « La Tour » […] Près d’un siècle après, Château Latour, 1er Cru Classé de Pauillac, m’a fait un procès pour m’obliger à enlever l’article (à g. le 1975 avec l’étiquette avant suppression du « LA », à 68 € chez Cdiscount… NdE). C’était un peu fort de café mais que peut faire le pot de terre contre le pot de fer ? […] Ajoutons que dès qu’une propriété se créait en Médoc, le « châtelain » ne pouvait s’empêcher de construire une tour, accolée au château ou au milieu des vignes : il y avait 80 châteaux La Tour « quelque chose » en bordelais.

La tour et le moulin

Ailes du moulin: rouet, bardeaux, alluchons, tout à l’ancienne. Photo Vincent Pousson

« L’année 1981 restera « l’année du moulin ». J’ai embauché un compagnon charpentier, Patrick Eymeric, et pendant un an nous nous sommes lancés dans une restauration vite devenue une formidable aventure. Un tailleur de pierre est venu refaire les marches d’escalier et j’ai acheté un vieux moulin à Queyrac pour en récupérer la meule et le mécanisme. L’architecture, les matériaux, tout a été refait à l’ancienne. La voilure assemble 6 600 bardeaux de châtaignier provenant de chez Richard à Guéret, dernier fabricant à l’ancienne de tuiles de bois, le rouet a pu être fait en ormeau et ses 40 alluchons en cormier. L’épisode du moulin a changé ma façon de le regarder, je me suis senti initié, la vision des Compagnons du tour de France a marqué de manière indélébile mon travail de longues années dans les vignes. »

Médoc et Haut-Médoc

 » Le même nom Médoc s’applique à l’ensemble de la région qui couvre la rive gauche de la Gironde, de Bordeaux au Verdon, et deux AOC, le Haut-Médoc, et le Médoc, qui s’étend au delà de Saint-Estèphe. En fait, le pays fonctionne sur deux échelles, à la vitesse respective de chacune des appellations. Ce ne sont pas simplement des nuances de style mais une cohabitation de deux mondes mitoyens qui vivent à des années-lumière l’un de l’autre.

Dans le sud au delà de Saint-Yzans, à quelques kilomètres de Blaignan où est situé Tour Haut-Caussan, commence un univers qui n’a pas grand chose à voir avec le tradition médocaine : le Haut-Médoc des grands châteaux, des crus classés, des aristocrates du vin, aussi loin que Bruxelles ou Berlin, c’est un autre mode de vie séparé par une frontière.

Longtemps, l’endroit où je vivais s’est appelé Bas-Médoc, le bas pays, loin de la ville et du reste du monde, pour ne pas dire le pays des ploucs. Mentalité, approche, tout est différent, les propriétés du Médoc sont demeurées familiales, nous sommes des paysans. Alors qu’en Haut-Médoc, les châteaux appartiennent souvent à des banques ou des assurances, les domaines changent de main, les ventes sont difficiles à suivre et il est souvent délicat de savoir qui est le propriétaire. Et les vignerons du Médoc ne soupçonnent pas la qualité des vins produits dans le sud au-delà de Saint-Estèphe, incrédules, ils doivent penser qu’il y a un truc et ne sont guère admiratifs. […]

Drôle de pays le Médoc. Sur une centaine de kilomètres, la vigne apparaît comme une culture intensive. Mais ce n’est pas un pays naturel, c’est une œuvre intellectuelle, une nature domptée et façonnée par les hommes, depuis l’assèchement des marais qui le recouvraient au XVIIème. Des travaux gigantesques ont permis la construction de la digue des Hollandais, appelée ainsi en hommage aux ingénieurs qui l’ont construite et qui a mis deux siècles pour arriver jusqu’au Verdon. Au moyen d’écluses se fermant à marée montante et se rouvrant quand la mer descend, elle a protégé les terres d’abord plantées de céréales. Les Médocains ont construit 150 moulins à vent (dont le nôtre et six autres sur Blaignan) et certains ont continué à tourner jusqu’en 1939. Chaque propriété moulait ses grains, vivait en autarcie avec une mentalité insulaire, autour d’une basse-cour et d’une soue à cochons. »

Années 80, décennie prodigieuse

« Les années 80 ont couvert d’or le vignoble girondin. Pourtant cette période faste n’a pas eu le même goût pour toute le monde, l’appellation Médoc a fonctionné à deux vitesses. Si les propriétaires qui mettaient en bouteille ont décollé, ceux qui vendaient encore en vrac sont restés sur le quai. […] Entre 1982, point culminant d’une époque révolue, et 1990, le vignoble médocain a basculé vers la modernité. De nouveaux produits de traitement sont apparus, les œnologues-conseils sont devenus des stars, des choix se sont imposés et plus rien ne pouvait être comme avant. Les vins de Bordeaux ont pris une nouvelle direction, sont devenus luxuriants oubliant leur nature cosmique pour devenir plus industriels. En 1990, les vignerons ont cru qu’il ne serait pas possible de faire mieux qu’eux, que jamais plus Bordeaux ne connaîtrait la crise. Pendant les périodes fastes, comme après la Révolution ou pendant les années 1862-1879, ils ont toujours la même façon de penser, mais l’Histoire leur donne tort : les Bordelais sont les champions du péché d’orgueil. »

Le bonheur des vendanges

 » La vendange c’est le grand moment de l’année, où le vigneron attend la récompense de son travail. L’anxiété monte insensiblement. […] À chaque fois je fais le même rêve, manquer de place dans mon chai pour rentrer tous les raisins. Je retrouve le nœud à l’estomac que j’avais en franchissant la porte de la pension de mon enfance. Et avec l’âge, la tension a tendance à monter, plus je mets la barre haut, plus l’anxiété gonfle. […] Chaque matin en me réveillant je mets le nez à la fenêtre pour me rendre comment marche le ciel. Les vendanges je finirai bien par les faire, techniquement tout est au point, je ne manquerai pas de vendangeurs, le cuvier est prêt, les pompes ont été vérifiées, mais j’ai l’angoisse de cette pluie qui peut mettre tout par terre. Et aussi de ne pas réussir le vin que je souhaite. Cette anxiété commence début septembre et ne s’arrête que lorsque le vin est logé dans les barriques.

Vendanges devant le moulin de Tour Haut-Caussan

Le premier jour des vendanges est toujours une libération. Alors tout se passe dans une ambiance exceptionnelle, les doigts collent, la chaleur est là, ça sent bon dans le chai… Chaque vendange a son parfum. En 1982 par exemple, quand le raisin a commencé à fermenter, on se regardait sans comprendre, les chais dégageaient des arômes de fruits rouges et noirs que personne n’avait jamais sentis.

[…] Les soirs de vendanges à Tour Haut-Caussan, c’est toujours la fête, les vendangeurs dansent dans la salle à manger. Et la soupe doit être bonne pour maintenir le moral de la troupe ! Car le travail est dur, surtout quand il pleut, les vendangeurs donnent beaucoup, et le chef de bande ou plutôt l’entraîneur que je suis leur donne aussi, je leur trace un cadre, je crée une ambiance.

Dans le temps, quand les raisins étaient rentrés, les propriétaires remerciaient femmes et hommes qui avaient durement travaillé. Dans le nord Médoc la fête s’appelait l' »aoucat », l’oie grasse cuite en daube accompagnée de haricots.; ailleurs c’était la « gerbaude. » La cuisinière recevait un bouquet de fleurs des champs qui était placé au-dessus de la porte du cuvier jusqu’à Noël en forme de promesse, celle du vin nouveau. Le dernier jour des vendanges c’est la fin d’un cycle, un mélange de joie et de tristesse, certains vendangeurs repartent en pleurant. »

La vigne, reflet de notre civilisation

Tour Haut-Caussan, sémaphore du Médoc.

 » Il est faux de dire que la vigne doit souffrir, elle doit concentrer. Les grappes, ses petits, doivent avoir été conçues dans le bonheur. Après le 15 juillet commence la période éducative qui va se poursuivre jusqu’au vieillissement. Sous l’action de la chaleur, l’eau des raisins sera éliminée au fur et à mesure de l’été. Les bons millésimes sont ceux où la vigne a su concentrer les raisins au maximum, mais en même temps, si elle a souffert de manque d’eau elle ne donne jamais un grand vin.

La vigne m’apparaît comme le reflet de notre civilisation. L’intuition demeure la meilleure des conseillères et personne ne détient les clefs de la réussite. Je regarde ma vigne plus comme un philosophe que comme un paysan, c’est ma façon d’avancer, je réfléchis plus que je ne cultive. La vigne est devenue un mécanisme de pensée, une espèce de religion mais… je ne dirai jamais que ce que je fais est mieux. »

(*) Vigneron du Médoc

Philippe Courrian, Michel Creignou, Éditions Payot, 1996, encore disponible neuf ou d’occasion sur les sites spécialisés — Rakuten, AbeBooks, Momox, Amazon, etc.

________________________________________________________________

CASCADAIS À SUIVRE